PédagoTIC

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

L'équilibre entre formation et expérience...

Ytsejamer: À propos de la non pertinence de la théorie

François Deslauriers: Forum: La gestion de classe comme élément essentiel pour être un bon enseignant

Difficile pour un professeur de résister à ce sujet. J'espère aussi que mes étudiants profiteront de la tribune pour communiquer leurs opinions, ce qu'ils font rarement. C'est dommage, car dans nos discussions de "couloirs", ils prouvent souvent qu'ils ont des opinions et des idées... Confronter ces idées à celles des autres est certainement une façon très efficace d'apprendre et d'aider les autres à apprendre (de faire bouger les choses!)! Passons...

Dans son billet, François Deslauriers propose qu'il y a trop de "flafla" théorique dans la formation universitaire. Je ne crois pas qu'il dénigre l'importance de la théorie mais il explique que certaines connaissances et compétences s'acquierent mieux "sur le tas". Son billet parle surtout de gestion de classe. Je suis d'accord avec son propos... Mais pas tout à fait! Stéphane parle quant à lui du besoin de considérer

l'expérientiel comme ancrage à la formation.



Effectivement, je suis d'accord qu'il faut opérationnaliser certaines connaissances, les mettre en pratique, pour vraiment les acquérir. En effet, les expériences (bonnes et mauvaises) d'un enseignant sont autant de bases avec lesquelles il peut comparer les situations dans lesquelles il se retrouve pour déterminer quoi faire ou comment réagir. D'ailleurs, certains programmes universitaires reconnaissent ce besoin et intègrent plus de stages et engagent des "enseignants" comme professeurs invités ou superviseurs de stage... Ce n'est pas parfait, mais j'ai pu constater que plusieurs de mes collègues ont le souci de maximiser les occasions pour les futurs enseignants de vivre des expériences pratiques... J'ai confiance que la situation s'améliore tranquillement jusqu'à trouver l'équilibre.

Car il y a un équilibre à trouver!

En fait, les bons enseignants sont comme des joueurs d'échec professionnels, ils reconnaissent des patterns et réagissent plus rapidement. Ils ont développé leur propre paire de lunettes (théorie) pour interpréter et juger de la réalité et des réactions à avoir. Certains sont meilleurs car ils ont développés des paires de lunettes plus justes ou plus précises. Ils ont été plus efficace à observer et analyser leurs expériences et ont former des théories personnelles plus justes... Ils ont aussi peut-être vécu plus d'expériences. De là, les théories ont certainement beaucoup d'importance. J'ai peu d'expérience comme chercheur et professeur. Pour le volet recherche de ma tâche, je dépends beaucoup des gens qui m'entourent qui ont des connaissances et des expériences que je ne possède pas. L'expérience... Pour l'enseignement, j'utilise cependant ma courte expérience (en gymnase et en salle de classe) et la théorie sur le design pédagogique pour informer et améliorer mes pratiques. D'être conscient et de connaître cette théorie me permet de gagner du temps, je crois que ça me permet d'éviter certaines erreurs. Évidemment, comme mes pairs et tous les enseignants débutants, j'ai fait des erreurs coûteuses en terme de temps et d'atteinte de mes objectifs. J'utilise cependant la théorie pour réfléchir et j'arrive à interpréter ce qui s'est passé... J'utilise donc la théorie et mon expérience pour tenter d'améliorer, d'adapter et de mieux réagir. C'est le rôle de la théorie, informer et encadrer MA réflexion. Ainsi, je crois que la théorie a une place importante dans la formation des futurs enseignants. Sans remplacer complètement l'expérience, la théorie est susceptible de représenter une base avec laquelle comparer nos expériences et par laquelle guider nos actions. De plus, ces théories s'appuient souvent sur des observations plus ou moins scientifiques de la réalité. Elles constituent donc un résumé de plusieurs "expériences". (De l'expérience en bouteille?)

Revenons à l'équilibre... Je reproche parfois à mes étudiants d'être des "étudiants professionnels" plutôt que des "futurs enseignants professionnels". Ce n'est pas la totalité des étudiants... Peut-être pas même la majorité... Ces étudiants apprennent par coeur sans se demander à quoi ça peut servir. Ils pensent à la note! Ou peut-être n'arrive-t-il pas à faire des liens par manque d'expérience? (S'agirait-il d'un cercle vicieux?) J'ai en effet remarqué que les enseignants qui pratiquent déjà et qui suivent mon cours ont parfois plus de facilité à apprécier l'importance de la théorie. De même, des étudiants un peu plus âgés ou qui ont beaucoup de vécus avec les jeunes ou d'expériences d'enseignement et d'encadrement semblent souvent plus réceptifs. Ils semblent plus en mesure d'apprécier et de faire des liens entre la théorie et la vie réelle d'un enseignant. Peut-être est-ce là une preuve de l'importance de l'expérience et du manque d'équilibre entre théorie et expérience dans la formation des enseignants. J'ai volontairement passé sous silence que mon cours explique peut-être que certains étudiants ont de la difficultés à faire des liens avec la pratique... Je le sais, j'y travaille! Ça n'empêche pas que les enseignants qui pratiquent déjà et que certains étudiants semblent avoir plus de faciliter à faire des liens entre la théorie et la pratique alors que d'autres étudiants n'y arrivent pas.

Je crois qu'il s'agit d'une question d'équilibre...

Devrait-on étaler la formation sur une plus longue période et faire de nos étudiants des "internes" dans les écoles? Raccourcir la formation initiale mais obliger les enseignants à faire des retours réguliers à l'école pour réfléchir à leurs pratiques? Je crois qu'il y a un certain équilibre à trouver...

pgiroux

Auteur: pgiroux

Restez au courant de l'actualité et abonnez-vous au Flux RSS de cette catégorie

Commentaires (8)

L@dy_Wolf L@dy_Wolf ·  01 décembre 2005, 9:30:01 PM

Je ne sais pas si je vais aller dans le sens de ton billet, mais je tiens à exprimer ce sur quoi ce texte m’a fait réagir. Tout d’abord je dois préciser que je suis en formation professionnelle et que je n’enseigne pas encore à temps plein. Je fais seulement quelques remplacements de temps à autre. Alors voici ce que je pense :

Il est vrai qu’il y a un équilibre à faire entre la théorie et l’expérience et que les étudiants qui enseignent déjà ont beaucoup plus de facilité à faire des liens dans le concret. À mon avis c’est tout à fait normal puisqu’ils ont les deux côtés de la médaille. Mais pour un étudiant qui n’a jamais enseigner, ni fait de stage ou encore qui ne s’est jamais retrouvé devant un groupe pour enseigner une matière, c’est assez difficile de bien saisir tous les aspects de l’enseignement qu’ils soient théoriques ou pratiques.
On s’inscrit à l’Université dans le but d’obtenir un Bacc ou un certificat en enseignement et on espère bien réussir pour être en mesure d’accéder à notre objectif : devenir enseignant. On nous remplie le cerveau de tout plein de théorie et de mise en situation, qui dans la majorité des cas sont très pertinentes, mais qui reste un peu irréel pour nous. On peut imaginer certaines situations, par contre on ne peut pas vraiment savoir comment nous dans le concret on y fera face. On nous demande d’apprendre de belles grandes théories pédagogiques, sans jamais vraiment les mettrent en pratique et par la suite on nous reproche de ne pas être capable de faire des liens ! C’est un peu fort.
En ce qui me concerne, j’ai fais mes stages d’enseignement soit 6 semaines dans une école de formation professionnelle et j’en garde beaucoup de déception. J’avais, en théorie, quelqu’un (un enseignant de l’école) qui devait me prendre en charge pour mon stage et me guider dans mon apprentissage pour que je puisse enfin ajouter un peu de pratique à ma formation. Mais, il s’est avéré que ce «superviseur» n’avait pas le temps de s’occuper de moi et même que pendant 2 semaines il est partie en vacances. Quand à mon superviseur au niveau de l’université, il est venu me rencontrer seulement une fois et il s’est basé sur seulement une période de 30 minutes pour m’évaluer. Alors est-ce que c’est comme ça que cela devrait se passer ? Je ne crois pas.
Donc, je crois que dans un certain sens il serait bien que les futurs enseignants aient la chance de pouvoir mettre plus en pratique les théories reçues, peut-être pas en faire des internes, mais un peu plus d’intégration en milieu scolaire serait à mon avis bienvenu pour plusieurs d’entre nous. Obliger les enseignants à faire un retour régulier à l’école serait bien aussi, car certain en aurait un sérieux besoin !
Pour terminer, je crois fortement en l’enseignement et le fait de pouvoir transmettre mes expériences et mes connaissances avec d’autres personnes me rend vraiment heureuse. Quand je suis devant un groupe je me transforme littéralement et je donne mon maximum. C’est dans ces moments là que je peux vraiment faire des liens entre les théories reçues et la pratique. Il y a rien de mieux que de se retrouver devant une classe pour voir si on est un bon enseignant et si on peut appliquer les bonnes méthodes au bon moment. Je pourrai peut-être parler d’équilibre lorsque j’aurai un peu plus d’année d’expérience à mon actif …

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  02 décembre 2005, 8:50:20 AM

T'as une suggestion à nous proposer? Un étudiant m'a parlé de l'alternance étude-travail... Ça semble intéressant. Je vais lui demandé de venir écrire quelques lignes à ce sujet... Question de nous fournir de l'information...

Clôd Clôd ·  05 décembre 2005, 11:16:23 AM

J'ai lu vos commentaires et je les trouve très intéressants. Chaque personne est différente, c'est pas trop évident de s'ajuster avec le système. Moi, j'ai ma propre expérience de vie. Je rêvais, étant plus jeune, d'être professeure, mais j'ai fait un autre choix à l'époque. Dernièrement, je suis revenue aux études, mais je voudrais avoir du concret tout de suite et transmettre mes savoirs et mes acquis par mes expériences de vie. J'aimerais être devant une classe maintenant, pour pouvoir être dans le vif du sujet et surtout être certaine que je suis à la bonne place ou si je dois poursuivre mon autre carrière. Je suis d'accord, quand vous dites qu'il y a beaucoup de théorie et qu'il y a beaucoup de " bourrage de crâne". La matière est parfois lourde et on se demande si elle nous servira un jour, lorque nous serons devant un groupe x. Je pense sincèrement que l'alternance travail-étude est une bonne idée, les enseignants doivent toujours se renouvellés et les étudiants eux doivent être mieux préparés.
Il y a une chose qu'il ne faut surtout pas oubliée, la plupart des étudiants peuvent manquer de temps pour étudier, se former ou se préparer. La volonté est aussi très importante. Vous êtes-vous déjà demandé si vos étudiants étaient là pour les bonnes raisons? Je crois que plusieurs sont là par obligation. Il faut faire des choix et les bons... Qui sont les juges?
Ha! Il y a une autre chose, je trouve qu'il manque de conseillers pédagogiques, des phares qui pourraient guider ces jeunes qui se sentent parfois perdus dans cette mer théorique, que faut-il retenir, qu'est-ce qui est le plus important?
Questions qui demeurent parfois sans réponses, elles sont peut-être trop vagues...

Merci! Bonne fin de trimestre!

Jacques F. Jacques F. ·  07 décembre 2005, 2:40:14 AM

J'aimerais m'excuser auprès de Patrick d'avoir tant tardé à répondre sur les principes de l'alternance travail-études.

L'ATE se définie avant tout comme étant une stratégie éducative qui se caractérise par le recours à deux lieux de formation, deux lieux d'apprentissage, soit l'école et l'entreprise.
Un peu de plomberie.

Il doit y avoir élaboration d'un plan de formation afin d'assurer un arrimage efficace entre les deux lieux et les deux missions: scolaire d'une part et productive d'autre part puisque l'élève devra oeuvrer au sein de l'entreprise. Le point de départ de toute la démarche est l'analyse de situation de travail (précisons que cette analyse constitue la pierre angulaire des programmes de formation professionnelle car elle met en évidence les gestes posés, les tâches effectuées par les travailleurs ainsi que les conditions réelles d'exercice du métier). On établit ensuite une correspondance avec le programme d'études.
Cela nous permet de développer des stages plus près de la réalité du marché du travail puisque ceux-ci ne reposent pas sur les énoncés de compétences, mais plutôt sur les actes concrets et précis que l'élève devra faire ou apprendre en entreprise.
Et les stages ?
Il m'apparaît ici tout à fait à indiqué de reproduire un extrait d'un document distribué lors d'ateliers de perfectionnement sur l'élaboration des plans de formation en espérant étoffer quelque peu mon propos...
"Le contenu du plan de formation est déterminé:

- par l'établissement d'enseignement en relation avec l'entreprise si la finalité du projet d'alternance est l'acquisition de compétences;

L'entreprise participe à son élaboration en tenant compte des objectifs de formation, des besoins et des contraintes du milieu du travail.

- par l'entreprise en relation avec l'établissement si la finalité du projet d'alternance est le tranfert et l'intégration.

L'établissement d'enseignement doit s'assurer que le contenu est lié au programme d'études et en collération avec l'étape d'apprentissage de l'élève."

Donc deux types de stages, deux finalités. Ajoutons que le découpage du contenu des modules ainsi que la séquence de diffusion devront aussi être adaptés en conséquence . En ce sens, dans les programmes en ATE un module d'acquisition de notions (en classe) précède toujours un module d'application (en entreprise).

Est-ce clair? En voulant trop racourcir....

En fait il est question ici de savoir si le modèle est applicable ailleurs qu'en FP. Peut-on transposer une stratégie éducative développée pour la formation d'ouvriers à des universitaires. Prenons l'exemple de la compétence en gestion de classe du futur enseignant. Les notions sont acquises en classe, les "techniques d'application" le seront en situation réelle d'exercice et l'évaluation se fera sur les deux plans.
Je suis persuadé de la transférabilité, en gestion de classe ...et ailleurs.






Patrick Giroux Patrick Giroux ·  07 décembre 2005, 8:39:04 AM

Merci d'avoir répondu à mon courriel Jacques. Ce n'était pas obligatoire, mais ton point de vue et les informations fournies sont intéressantes.

Je ne crois malheureusement pas que l'on puisse aussi facilement découper la tâche d'un enseignant en gestes "physiques". En bon professionnel, une grosse portion du travail de l'enseignant est cognitive, contextuelle et complexe (composée de nombreux éléments en interaction). Comment diviser la gestion de classe de la planification (design pédagogique?). Peut-on envisager former totalement un étudiant en enseignement dans un domaine particulier et le placer dans une situation de stage où il aura à appliquer et pratiquer seulement (ou presque) cet aspect de sa compétence?

Mais est-ce bien comme ça que fonctionne l'ATE? Lorsqu'en milieu de travail, les étudiants ce concentrent-il spécifiquement sur des tâches qu'il a apprises et pratiquées en classe?

Je ne crois pas qu'une telle division soit possible dans le cadre de la formation à l'enseignement. Cela va contre la nature même des situations d'enseignement/apprentissage. Le travail et la responsabilité de l'enseignant m'apparaissent être de prendre en compte la complexité. (J'envisage toujours les situations d'enseignement/apprentissage comme des systèmes au sein desquels des dizaines de facteurs sont en interactions. Dans ce système, l'enseignant doit contrôler et organiser les interactions pour maximiser l'apprentissage.)

Je me demande néanmoins si mes collègues n'ont pas voulu faire un peu comme l'ATE en décrivant des stages dans le cadre desquels les étudiants doivent prendre de plus en plus de responsabilités? Plutôt que de jouer avec les tâches de l'étudiant, on a joué avec son niveau de responsabilité... L'idée est peut-être de donner plus de responsabilités aux étudiants au fur et à mesure que le niveau de connaissance et de compétence des apprenants augmente. C'est vraiment un aspect des programmes de formation à l'enseignement que je ne maîtrise pas...

Qu'en pensez-vous?

Jacques F Jacques F ·  07 décembre 2005, 6:49:02 PM

La façon dont tu abordes l'alternance n'est pas tout à fait correct. Cette approche n'est pas de type scanner où tout y est découpé en tranche. Il importe de s'arrêter un moment sur la tâche elle-même. J'y songe et te répondrai plus tard si je ne veux pas arriver en retard à ton cours.

Dominique Bégin Dominique Bégin ·  17 février 2006, 4:16:35 PM

À mon avis, la formation des maîtres devrait avoir plus de concrèt. Je pense aussi que c'est pas toujours évident pour nous de faire des liens. Les enseignants de notre bacc nous disent toujours que c'est important de motiver les élèves, de leur donner de l'intérêt à apprendre et surtout de leur donner un objectif d'apprentissage. Parfois, ce n'est pas toujours facile même pour nous, futur enseignant. Dans votre cours par exemple, comme vous faites si bien le lien dans vos commentaires. Je me suis demandé "pourquoi faire ça?" "qu'est-ce que ceci va me permettre de faire lors de mon enseignement?" , je crois sincèrement qu'entre savoir parcoeur le fonctionnement d'un ordinateur et l'utilité de certain programme, j'aimerais mieux le second. Puisque je fais un meilleur lien avec le réel.

L'important dans tout ça, c'est que nous faissions une réflexion sur chaque enseignement ou apprentissage réalisé.

Pour ma part, je sais très bien que je suis à mon point de départ..

Croyez-vous pas...

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  18 février 2006, 9:25:40 AM

Bonjour Dominique! Je constate que tu as trouvé ce billet publié il y a plusieurs mois et que tu as profité de la tribune offerte pour pauser quelques questions... Voici donc mes réponses, plus ou moins dans l'ordre. En ce qui a trait à la place de la théorie dans l'enseignement universitaire...
J'ai expliqué plus haut que l'équilibre est difficile à trouver. Par exemple, dans le programme au sein duquel tu étudies, vous allez en stage quatre fois. Plusieurs professeurs sont aussi des enseignants qui ont été invités comme professeurs pour une courte durée (maximum de trois ans). Ils sont là spécifiquement pour leur expérience. Mais d'autres professeurs sont là pour vous donner des connaissances plus théoriques. Chaque théorie est une paire de lunettes différente qui permet de comprendre et d'interpréter certaines situations. Elles s'ajoutent à vos théories personnelles que vous avez développées à force d'expérience. Les théories que vos professeurs vous enseignent ont cependant fait l'objet d'études. Elles ont été confrontées au réel, à l'environnement et elles s'avèrent justes, dans un contexte défini et précis. Acquérir ces connaissances est le premier pas. Vous devez ensuite apprendre à discriminer entre les moments ou il convient de les appliquer ou non. Plus tard vous devrez être capable d'analyser la théorie, de la juger... L'ensemble de votre formation doit vous permettre de faire tout ça. D'un coté vous avez l'occasion de faire des stages et, de l'autre, on vous enseigne des théories ou des connaissances spécifiques à une situation. Entre les deux, des enseignants expérimentés interviennent dans votre formation pour tenter de faire des liens. Si vous avez des suggestions spécifiques et constructives, je vous aiderai à vous faire entendre auprès de mes collègues... Maintenant, il convient aussi pour vous de réfléchir au statut de la profession enseignante. Technicien ou professionnel? Pour moi, la différence entre les deux est justement cette capacité à faire des liens, à réfléchir et à innover. Ne cherchez pas des recettes à appliquer... En enseignement, c'est impossible! Il n'y a pas deux classes semblables. Tous les apprenants sont différents. Chaque situation d'apprentissage est différente de celles du jour d'avant ou de l'année précédente. N'est-il donc pas souhaitable que vous appreniez à réfléchir, à porter des jugements, à faire des liens? Est-il possible d'apprendre cela sans jamais être confronté à ce type de situation?
Quant à mon cours...
Je crois fermement qu'un professionnel est capable de "réfléchir", d'expliquer ces actes, de les situer par rapport à ses intentions. Je pourrais effectivement donner un cours axé sur des logiciels et des outils, qui viserait le développement de connaissances spécifiques à certains outils ou logiciels. Mon expérience me laisse cependant croire que ce n'est pas utile à long terme. Les meilleurs enseignants que j'ai rencontrés avaient tous une caractéristique commune, ils n'appliquaient pas de recettes prescrites par d'autres... Ils pensaient par eux-mêmes et concevaient leurs propres matériels qu'ils adaptaient sans cesse aux nouveaux contextes. Je tente donc régulièrement de placer mes étudiants dans des situations où ils ont à réfléchir et à se creuser la tête. J'ai aussi constaté que tous les "power user", les utilisateurs de l'ordinateur qui sont capables de se débrouiller et d'innover, ont aussi une caractéristique commune... Ils ont un niveau de compréhension et de connaissance supérieur à la moyenne des utilisateurs. Ils sont ainsi capables de créer de nouvelles ressources, d'ajuster des ressources existantes ou de très rapidement apprendre à utiliser de nouveaux outils en misant sur ces compétences. Les nouveautés ne leur font pas peur. Conséquemment, j'ai décidé d'utiliser mon cours pour aider les futurs enseignants à acquérir des connaissances de base sur l'ordinateur, le fonctionnement d'Internet, les nouveaux médias, les caractéristiques des médias et le mode de sélection de médias en contexte pédagogique. Souvenez-vous que je n'ai qu'un cours pour vous apprendre à utiliser l'ordinateur et les médias contemporains et surtout à les intégrer en contexte pédagogique. Je dois aussi vous parler de design pédagogique et de différents modèles que vous pouvez ensuite appliquer. C'est beaucoup pour un cours... J'intègre tout de même l'ordinateur le plus souvent possible. Je vous incite aussi à utiliser WebCT et ses outils (forum, dépôt de documents, etc.). Nous faisons régulièrement des recherches sur Internet et j'ai tenté de vous présenter des stratégies à ce sujet. Je vous ai présenté Inspiration. Je mets à votre disposition un blog que vous pouvez utiliser. Je vous force à utiliser un wiki. (Pour la majorité de vos collègues, c'est un défi important!) Bref, je fais des efforts pour balancer les aspects théoriques et pratique tout en vous forçant à réfléchir, critiquer, décider... Le cours n'est pas parfait, j'en conviens. J'y travaille d'ailleurs constamment. Si vous avez des suggestions spécifiques, je suis ouvert à la discussion. Ici ou en face à face. Dès maintenant ou après le cours, lorsque votre évaluation sera finalisée. C'est à votre choix!

no attachment



À voir également

Bonnes pratiques pour réussir l'intégration des TIC

Il y a quelques jours, mon collègue Stéphane Allaire a publié sur Facebook un document fort intéressant à propos du sujet en titre. Il y présentait, en une page, ce qu'il identifie comme des préconditions et des caractéristiques d'une bonne pratique d'intégration des TIC. Ça m'a amené à reconsidérer les cinq grands principes pour réussir l'intégration des TIC que j'ai présenté en classe récemment.

Lire la suite

Placer l'apprenant au centre des préoccupations en contexte de vidéocommunication

Aujourd'hui, je présentais dans le cadre du colloque du CIRTA. Ma présentation avait pour objectif de faire quelques recommandations afin que la vidéocommunication soit utilisée adéquatement selon le point de vue des apprenants...

Lire la suite