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De la censure à l'école... Enseignants, réveillez-vous!

De la censure à l'école - Guitef

François Guité écrit ce matin un petit billet à propos de la censure à l'école. Ce billet m'a rappelé que j'avais quelque chose d'important à écrire! Un billet "coup de gueule"...

Il semble commun dans ma blogosphère de penser que le rôle de l'école est d'éduquer les enfants et que de censurer ne les aidera en rien à apprendre à exercer leur sens critique.

Je suis tout à fait d'accord.

J'en ai d'ailleurs déjà parlé au moins une fois. Pour moi, c'est de jouer à l'autruche et de refuser d'assumer son rôle d'éducateur que de censurer Internet. Il n'y a pas de censure à l'extérieur des murs de l'école de toute manière! S'ils n'apprennent pas à exercer leur sens critique à l'école, où alors?

Je me suis senti particulièrement touché par ce problème cette semaine après qu'un étudiant m'apprenne qu'une commission scolaire de ma région qui accueille nos stagiaires (stagiaires que je tente fréquemment de corrompre en les initiant aux technologies et en les invitant à toujours avoir avec eux leurs portables et autres outils technologiques!) procède (ou procèdera, il n'y a pas de date sur le mémo dont j'ai reçu une copie!) au blocage de certains formats de fichiers provenant du Web pour des raisons techniques et d'éthique... Il ne sera plus possible de télécharger des fichiers musicaux, des films ou des exécutables dans cette commission scolaire! Dans cette même commission scolaire, il est de plus interdit d'amener nos ordinateurs portables et de les connecter au réseau. Il est aussi impossible pour un simple enseignant ou un stagiaire d'installer un logiciel qu'il juge pertinent et utile sans l'approbation des services informatiques. Les explications fournies font état du danger d'infection par des virus et des coûts d'entretiens du réseau. Je note finalement que ce mémo est signé par un responsable de l'informatique.

Et ça se passe dans ma cour, dans ma région...

Mais qu'attendent les enseignants pour se réveiller?

Que les services informatiques le veulent ou non, nous vivons en 2009, les TIC sont au programme de formation, tout comme l'éthique et les droits d'auteurs. Il y a sur le web plein de ressources gratuites ou utilisables en contextes pédagogiques qui se présentent sous la forme de fichiers musicaux, de films ou d'exécutables et la majorité ne comporte aucun risque (pas de virus, espiogiciel ou autres). De plus, ces outils intéressent les jeunes. Les enfants doivent aussi être confrontés à des problèmes touchant ces domaines généraux de formation (médias) et ces compétences transversales (TIC) afin de développer leurs habiletés et compétences. Idéalement, ils doivent l'être à l'école, sous la supervision d'une personne capable de les guider adéquatement. Pour que cela soit possible, les réseaux informatiques doivent être ouverts et accessibles. Il faut aussi permettre plus de flexibilité aux enseignants en ce qui a trait aux ordinateurs et aux choix des logiciels qu'ils utilisent dans leurs classes et dans les laboratoires. Si le réseau est si bien entretenu, la menace réelle que représentent les virus, espiogiciel et autres outils malveillants n'est pas si importante et ne contrebalance pas le poids de tous les bénéfices que l'on peut tirer des TIC en contexte pédagogique. Dans une commission scolaire, les enseignants sont les professionnels de l'enseignement et de l'apprentissage, pas les informaticiens! Qu'attendent-ils pour imposer leurs besoins? L'intégration des TIC est, de toutes manières, prescrit par le programme et il revient aux services informatiques de s'assurer que les outils requis par les professionnels de l'enseignement et de l'apprentissage (les enseignants!) soient disponibles. En tant que parent, c'est du moins ce que j'attends des services informatiques et des enseignants de la commission scolaire de mes filles! Les critères dirigeant les choix relatifs aux réseaux et aux ordinateurs dans les classes devraient prioritairement être ceux issus du monde éducatif, énoncés en fonction de la mission de l'école, des besoins des apprenants et des enseignants et des processus d'enseignement et d'apprentissage. L'accès et la flexibilité sont deux conditions importantes de l'intégration réussie des TIC à l'école! La censure et l'imposition de restrictions ne sont pas des choix valables vis-à-vis des jeunes et de la société si l'on considère la responsabilité de l'école et l'importance que les TIC jouent aujourd'hui et joueront demain.

Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi les enseignants sont-ils aussi muets face à la censure? Refusez-vous votre rôle?

pgiroux

Auteur: pgiroux

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Commentaires (7)

Sylvain Sylvain ·  29 janvier 2009, 10:53:58 AM

Dans mon cas, je ne suis pas demeuré muet lors de la tetative de ma CS de ralentir YouTube au point de le rendre à peu près inutilisable.

Depuis, on démontre un peu d'ouverture, même si les sé(r)vices informatiques sont souvent obsédés par une sécurité qu'ils n'arrivent même pas à mettre en place tellement ils ciblent les mauvaises choses !

Alors tant que j'aurai accès aux ressources dont j'ai besoin, je ne me plaindrai pas, mais si une nouvelle barrure arrive, je vais regimber c'est sûr, même si parfois, comme tu dis, j'ai tellement l'impression d'être un des rares à oser ouvrir la bouche !!!

Ouvrons la bouche, enseignants. Allons faire reculer les frontières de l'ignorance des patrons de l'informatique qui ne comprennent rien à rien trop souvent :-(

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  29 janvier 2009, 11:06:25 AM

Peut-être les enseignants manquent-ils les compétences nécessaires à l'intégration des TIC? Ça expliquerait leur mutisme...

Patrick Patrick ·  29 janvier 2009, 1:41:08 PM

Le manque d'expérience est un enjeu majeur. Les YouTube, FaceBook et cie. ont été censuré, mais il y a de plus grandes priorités:

- avoir des ordinateurs performants que ceux qui supportent Windows 98;
- avoir les programmes nécessaires pour fonctionner;
- formation des enseignants néophytes.

Comme vous pouvez le constater, la censure fait partie du problème, mais est loin d'être une priorité. Obtenir du matériel informatique est LA priorité.

Je trouve ça dommage que les TIC roulent en TGV alors que les écoles sont encore en scooter.

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  29 janvier 2009, 2:38:15 PM

Bonjour Patrick. Ton propos me sert bien, je crois.

On dit parfois, en parlant du corps humain, que le besoin créé ou modèle l'organe.

Et bien je crois que la même chose est vraie en éducation.

Si les enseignants ne se lèvent pas et ne disent pas clairement qu'ils ont absolument besoin de plus pour bien faire leur travail (pas vouloir plus, avoir besoin de plus pour travailler!), ils ne l'auront jamais et ce sera de leur faute! Il faut dire qu'on a besoin de Youtube, de blogues, de wikis, d'ordinateurs plus performants (même si c'est de moins en moins vrai avec le Web 2.0) et de logiciels particuliers pour les obtenir. Les enseignants sont les professionnels de l'enseignement et de l'apprentissage et ils sont les seuls à pouvoir déterminer ce dont ils ont besoin. Il ne faut pas attendre des gens en informatique qu'ils devinent. Ils peuvent nous guider, nous assister, mais à la fin ça doit être une décision pédagogique et ça, c'est du ressort des enseignants.

Levez-vous et criez! Sinon vous ne serez jamais entendu et l'école perdra en crédibilité aux yeux de chaque nouvelle cohorte d'apprenants qui arrivera avec toujours plus d'attentes et de compétences en regard des TIC...

Stéphane Stéphane ·  29 janvier 2009, 10:42:18 PM

"Peut-être les enseignants manquent-ils les compétences nécessaires à l'intégration des TIC? Ça expliquerait leur mutisme..."

Je crois en cette piste d'explication. Dans notre école, nous sommes qu'une très petite poignée d'enseignants qui utilisons les tic en classe. Le besoin n'étant pas là, personne ne crie à l'injustice pédagoTic!

Par contre, je sens que les choses pourraient changer. Nous avons eu une belle ouverture: cette année, dans notre C.S., ils ont investit dans la mise en place d'accompagnateurs tic dans chaque école. Étant l'un d'eux, j'essaie, dans un premier temps, de susciter, chez mes collègues, l'intérêt autour de la veille pédagogique et technologique qu'il est possible de faire grâce au tic. Podcast, itouch, flux RSS, blogues (surtout ceux éducationnels comme le tiens, celui de M. Asselin, F. Guité, G. Jobin, P. Lachance, etc), tweeter, netvibe, la vitrine technologique, web 2.0 sont des concepts que j'aborde pour allumer des feux! Par la suite, afin de convaincre et de créer le besoin des tic chez les autres enseignants, je leur propose des outils simples et accessibles (vive le web 2.0!) qui leur permettront, entre autre, d'évaluer les compétences chez leurs élèves. Par exemple, plusieurs enseignants d'anglais ont vu le potentiel pédagogique derrière www.xtranormal.com

Enfin, je ne pense pas que l'on doive nécessairement crier pour se faire entendre de nos C.S. Surtout lorsque l'on est seul dans son école à vouloir que ça bouge. Tout comme toi, je pense qu'il faut être plus nombreux à montrer (démontrer?!?) notre besoin des tic. C'est un peu pour cette raison que j'investis de mon temps auprès des autres enseignants pour leur expliquer et, surtout, leur faire découvrir les avantages des tic.

Face aux administrateurs, ce qu'il faut démontrer, c'est comment les tic aident à mieux faire réussir les élèves. Si on investit x$ dans les tic, est-ce que cela fera en sorte qu'ils vont persévérer et mieux réussir? Il faut que les enseignants montent des projets solides et qu'ils soient capable de démontrer l'utilité de tous ces merveilleux outils (YouTube, twitter, etc) dans l'apprentissage des élèves. Ainsi, l'idée fera son chemin. Oui, je sais: le chemin peut parfois sembler long et interminable... Que souffle le vent d'Apprendre 2.0!

Loupno Loupno ·  30 janvier 2009, 10:42:52 AM

Ton propos est tellement juste, mais le système difficile à faire bouger. Je reviens de ma rencontre pour faire un stage dans un centre de FP et il n'est pas possible pour les enseignants d'apporter leur portable et se connecter au réseau. S'ils ne font pas confiance dans leurs enseignants on est encore loin d'accorder plus de liberté en regard de l'accessiblité des apprenants. Oui, il faut que les choses changent par la base mais aussi par le haut. Il faut, c'est mon avis, sensibiliser les hautes instances que les compétences qu'ils exigent pour leurs enseignants sont inutiles si impossible à mettre en place.... De plus, tu indiques l'importance d'exercer le sens critique face au Web et à la lumière du vidéo présenté à Vlog, ce n'est pas à la maison que cela se fait. (Je prèche par le non-exemple). Une immigrante convertie.

David M. David M. ·  30 janvier 2009, 4:36:15 PM

Étant stagiaire, je garde certaines réserves quant à mon opinion pour éviter d'éventuels problèmes... ou ralentissements dans mes requêtes technologiques. Non, je devrais plutôt dire sur-ralentissement. Je peux cependant avouer qu'intégrer les TIC n'est pas facile!

Aujourd'hui, ma classe était très techno (sarcasme)... j'avais 4 ordinateurs avec des caractéristiques tout à fait différentes:

1) Dans ma classe en permanence: ordinateur de bureau connecté à Internet qui nécessite 8 minutes pour le démarrage, 2 minutes pour Internet Explorer et 1 minute supplémentaire par page ouverte. Note: 2/10

2) Dans ma classe en permanence: ordinateur de bureau sur un charriot muni d'un projecteur. Il est plus rapide que le #1, mais ne peut pas être connecté à Internet. Pourquoi?... J'attends une réponse ou une solution depuis 20 jours. Note: 6/10

3) Emprunté à la bibliothèque: ordinateur relativement performant sur un meuble tellement haut qu'il cache les élèves. Note: 9/10

4) Le Xo!!!!!! Note: 10/10

Comme c'était vendredi PM et qu'en 4 jours, j'ai vu les élèves 6 fois, nous avons décidé de prendre le cours «relax». Je leur ai présenté le fameux Xo: l'idée derrière le projet, le coût de la machine, les bénéfices que ceux l'utilisent peuvent en tirer, etc.

Si vous voulez avoir le regard attentif de 26 élèves impressionnés, vous devez apporter un Xo dans la classe! Le portable s'est promené durant toute la période. Certains ont pris des photos, d'autres ont ouvert Sim City, d'autres ont fait une chanson avec des cris de chats et de chiens...

J'ai eu la preuve que les technologies peuvent intéresser les élèves lorsque nous avons les moyens technologiques pour le faire, mais nous ne les avons pas. En plus, les minces moyens que nous avons ne sont pas bien entretenus. Par exemple, le projecteur et l'ordi que j'ai empruntés à la biblio étaient couverts de poussière de craie. C'est merveilleux quand on pense que tous ces appareils nécessitent une bonne aération et sont munis de plusieurs ventilateurs.

Il y a un problème et il ne semble pas avoir de solution à l'horizon.

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