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Le web 2.0 à la rescousse des enseignants et des élèves

Je dois me prononcer sur les contributions potentielles du web 2.0 dans l'enseignement et l'apprentissage. Ce qui est entendu comme le web 2.0 dans ce billet se rapporte à la définition de Wikipedia soit : « Web 2.0 est un terme souvent utilisé pour désigner ce qui est perçu comme une transition importante du World Wide Web, passant d'une collection de sites web à une plateforme informatique à part entière, fournissant des applications web aux utilisateurs. Les défenseurs de ce point de vue soutiennent que les services du Web 2.0 remplaceront progressivement les applications de bureau traditionnelles. »



La vision de l'informaticien

Dans les cinq premières années du millénaire, j'ai travaillé au développement de logiciels pour des entreprises de Montréal. Le « boom » de l’informatique battait son plein avec l’arrivée de la Cité du multimédia dans les vieux quartiers de la ville. Mon employeur avait obtenu un contrat pour rendre accessible toute la cartographie des municipalités du Québec sur l'Internet pour le bénéfice de l'état. Où qu'ils soient, des fonctionnaires devaient pouvoir accéder et rendre publiques des informations vectorielles et matricielles, les modifier, les annoter, etc. D'autres utilisateurs pouvaient utiliser les mêmes données avec différents droits (visualiser, modifier). Tous pouvaient communiquer entre eux en messagerie synchrone ou asynchrone. Notre système était basé sur une architecture client-serveur web avec des serveurs de données (data warehousing). Nous étions vraiment au cœur du boom. Au même, Tim O’Reilly affirmait à la Conférence des Utilisateurs MySQL de 2005 : « The future of Web 2.0 belongs to Data 2.0». Nous étions en plein dedans! Tout ça pour dire que le ce que l'on accueille comme étant la version 2.0 du web est un éventail de technologies, comme celle que j’ai conçue, rassemblées en une vision orientée vers l’utilisateur du web. À l’époque, le développeur que j’étais imaginait que le monde de l’Internet allait basculer en un rien de temps. Tant de nouvelles possibilités ne pouvaient que provoquer une révolution dans tous les domaines qui utilisaient l’informatique. Depuis, on en parle encore mais pas avec tant d’ardeur. Certaines technologies comme les réseaux sociaux ont connu un succès populaire immense. D’autres comme les flux RSS sont encore très peu répandues, du moins au sein de la communauté enseignante et étudiante qui m’entoure. Je pense que la vraie valeur du « coffre d'outil portatif » qu’offre le web 2.0 ne peut être mesurée à sa juste valeur actuellement. Dans quelques années, nous pourrons plus objectivement le faire selon l'utilisation qu'en feront la majorité des gens à ce moment. Dans le cas qui nous intéresse, il faut se demander si le web 2.0 peut contribuer à l'enseignement et à l'apprentissage. Et bien, il va de soi que la possibilité (pour l’enseignant et l’élève) de communiquer, collaborer et créer facilement ne peut nuire à la cause. On ne peut prêcher contre la vertu. Par contre, il faut voir le web 2.0 tel qu’il a été pensé c'est-à-dire comme un moyen pour tous d’utiliser ses applications partout en mode interactif. Est-ce que c’est utile pour l’enseignant? Ça peut fort probablement l’être dans la préparation des cours. Est-ce que c’est utile pour l’élève? Ça peut fort probablement l’être dans la réalisation de ses travaux d’équipe. Pour le reste, je m’interroge.

La vision de l'enseignant

J'enseigne depuis cinq ans dans une école secondaire. Depuis mon embauche, je me questionne sur l'utilisation que je peux faire des TIC. Mon expérience de travail précédente m'encourage à utiliser les technologies de l’information parce qu’elles m’ont personnellement été utiles pendant des années et qu'elles me servent encore régulièrement. J'ai expérimenté des ateliers de géométrie dynamique pour le compte d'une maison d'édition, j'ai suivi des sessions de formation sur l'utilisation des TIC et je les ai enseignées. Je me suis souvent demandé à quel point ces technologies pouvaient réellement m'aider dans la mesure où j’étais contraint par le temps d'apprentissage (le mien et celui de mes élèves) et l'accessibilité (en classe vs. en laboratoire vs. à la maison). La vérité est qu'aussi mordu que je sois d'informatique, je n’avais jamais trouvé naturelle ni réellement efficace l’utilisation des TIC. J’entrevoyais avec un peu de pessimisme le cours 3TLE108. Aujourd'hui je vois de nouveaux outils qu'il m’est possible d'utiliser pour enseigner ou pour préparer des situations d'apprentissage. Je perçois bien l’apport du web 2.0 dans la préparation de l’enseignement, dans la veille pédagogique, technologique ou autre et dans le support des activités des élèves en dehors de la classe traditionnelle. J’entrevois des utilités indéniables à la mise en commun d’information sur un serveur de données comme Google Docs pour mes élèves ainsi que pour moi. Je compte bien faire découvrir à mes élèves quelques unes des applications qui nous ont été présentées. En revanche, je ne me commencerai pas à bloguer avec mes élèves, pas plus qu’à utiliser moyens de communication qu’ils affectionnent comme les réseaux sociaux ou les téléphones cellulaires. Je crois qu’il revient à chacun de faire des choix selon ses intérêts et ce dans quoi il se sent à l’aise. Nous avons tous la possibilité de faire découvrir ces choses à nos élèves. Pour ce faire, nous devons être bien informés et je crois que cela seul justifie l’existence de ce cours.

La réalité

Les écoles d’aujourd’hui sont rarement aptes à supporter une utilisation efficace des technologies du web 2.0. D’une part, l’immaturité des produits et services offerts fait que leur utilisation n’est pas toujours facile pour un enseignant (nous avons expérimenté quelques déboires en classe pour arriver à créer un quiz et le rendre public. En classe, un enseignant ne veut pas vivre ce genre de situation trop souvent. Si c’est le cas, il se désintéresse et n’y revient pas). D’autre part, les écoles d’aujourd’hui ressemblent encore à celles d’il y a 20 ans en termes d’infrastructure et de mode de fonctionnement des cours. On retrouve certes un projecteur et une toile dans quelques locaux de classe, un TBI par-ci et un prof dada par-là, mais je ne crois pas que nos classes reflètent l’utilisation du web 2.0 à son plein potentiel. C’est encore le traitement de texte, les présentations et les tableurs qui sont le plus souvent enseignés dans les cours de TIC au primaire et au secondaire.

L'utopie

Dans un monde idéal 2.0, la salle de cours telle qu’on la connaît disparaîtrait. Elle n’aurait pas de raisons d’exister parce que les élèves et les profs seraient connectés. Armés d’un ordinateur portable avec un accès à Internet ou même d’un simple téléphone cellulaire, les élèves pourraient rester chez eux, visionner des podcasts autant de fois qu’ils le voudraient, jouer à des jeux éducatifs en ligne et être évalués en temps réel. Ne me demandez pas comment les parents gèreraient ça, c’est une autre paire de manches. Mais dans le fond c’est vrai, quelle utilité y aurait-il à se présenter en classe tous les jours pour aller s’abreuver de savoir et étaler le tout aux examens alors que tout pourrait se faire sans déplacements? Finies les pertes de temps à attendre pour des explications, des rétroactions, des corrections, etc. Le web 2.0 à la rescousse des enseignants et des élèves règlerait tous ces problèmes. Dans ce monde idéal, il va de soi que les enseignants seraient tous férus d’informatique et les élèves seraient évidemment tous engagés à fond dans leur démarche d’apprentissage. Pas besoin de les pousser à apprendre, le simple attrait du web 2.0 suffirait à leur insuffler le goût d’apprendre. Euh… non, ça ne colle pas. Et bien voilà le réel enjeu de l’avenir du web 2.0 dans l’enseignement et l’apprentissage: est-ce que nous sommes prêts? Surtout : Est-ce que nos élèves sont prêts? Je ne crois pas. Ont-ils réellement le goût d’utiliser le web pour communiquer ? Ça oui, leur utilisation des réseaux sociaux et des téléphones cellulaires le prouve. Ont-ils réellement le goût d’utiliser le web pour collaborer? Pas tant que ça, les outils du web 1.0 sont à leur disposition pour échanger des idées et des documents et ils ne le font pratiquement jamais même s’ils connaissent leur existence et leur utilité depuis longtemps. Ont-ils réellement le goût d’utiliser le web pour créer? Dans une faible proportion seulement. Dans le fond, je crois que la plus grande contribution du web 2.0 dans l’enseignement et l’apprentissage est de fournir des moyens de faciliter les échanges entre tous les intervenants de l’éducation. C’est déjà beaucoup à mon avis.

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Auteur: etu16

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