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Tout ce que vous devez savoir sur le BYOD

Bien connu internationalement, le phénomène BYOD (Bring Your Own Device), ou en français AVAN (Apportez Votre Appareil Numérique), donne une toute nouvelle dynamique de travail dans les entreprises situées ici et là. Cette innovation technologique commence désormais à entrer dans les salles de classe du secondaire. Utilisée depuis quelques années par de nombreuses institutions américaines, la démarche et les procédures découlant du BYOD se perfectionnent. Le Québec tente aujourd’hui d’imiter son voisin en offrant par exemple des tablettes électroniques aux élèves concernés. Si le projet semble intéressant à prime abord, il importe de se pencher sur ses avantages et ses inconvénients avant de l’adopter à l’échelle provinciale.

La rédactrice en chef d'''Infobourg.com'', Audrey Miller, compte plusieurs flèches à son arc. En plus du web magasine, elle s'occupe de l'organisme l'École branchée, elle est bénévole pour l'AQUOPS (L’Association québécoise des utilisateurs de l’ordinateur au primaire et au secondaire) ainsi que pour l'organisation d'EdCamp Québec et elle est consultante en communication et formatrice en technologie éducative. Lorsqu’il est question de BYOD à l’école secondaire, Mme Miller croit que « cela permet de réduire les coûts des projets pédagogiques qui en nécessitent l’utilisation » et que « comme l’élève est déjà familier avec son appareil, la courbe d’apprentissage technologique est ainsi réduite. »

À ces bons arguments, certains peuvent rétorquer que ce ne sont pas tous les élèves qui possèdent un appareil numérique pouvant être utilisé en classe. De fait, une école est composée d’élèves issus de familles ayant chacune une réalité socio-économique distincte. Un apprenant étant dans l’impossibilité de participer au BYOD en raison d’un manque de ressources financières sera-t-il discriminé dans son cheminement académique ? Sera-t-il victime d’intimidation de la part de ses collègues ? L’école peut-elle débourser de l’argent ou élaborer un mode de paiement sur le long terme afin d’aider les familles à payer la note ? Peut-elle se permettre de fournir gratuitement un appareil à tous ses élèves ?

Ces questionnements d’ordre monétaire surgissent rapidement quand vient le temps d’aborder le BYOD. La solution proposée par Richard Ayotte du Service local du RÉCIT à la Commission Scolaire des Samares est envisageable : « faire coexister le modèle actuel (c.-à-d. de fournir des appareils à ceux et celles qui n’en ont pas) et le concept du AVAN. » Pour ce qui est des « guerres de marques », la grande rivalité Apple, Androïde, Mac et PC, elle est presque inévitable. Le rôle de l’enseignant est donc d’éduquer les apprenants. Ce n’est pas la compagnie de l’appareil qui fait de l’utilisateur quelqu’un de bien. Les capacités et l’identité de l’élève ne se limitent pas à la provenance de son matériel.

D’un autre côté, la rédactrice en chef de ''eSchool News'', Laura Devaney, rapporte dans un de ses articles que les supporters du BYOD remarquent une hausse de l’attention et de l’intérêt que les élèves portent à la matière grâce au support technologique parce que celui-ci leur permet une plus grande collaboration. En travaillant en classe avec leur appareil, les élèves peuvent collaborer de manière instantanée. Ils partagent leurs données, ils se viennent en aide mutuellement. Parmi les supporters du BYOD, la journaliste a interviewé Jill Hobson, la directrice de la technologie instructive pour le Forsyth County Schools en Géorgie . Cette dernière a accepté de partager quelques-uns de ces conseils afin que l’implantation du programme soit une réussite sur tous les plans. D’abord, il est crucial d’établir des règles de fonctionnement bien claires. Les élèves doivent savoir ce qu’il est permis et ce qui est interdit avec l’utilisation de leur propre appareil en classe. L’école doit donc mettre en place un réseau parallèle pour gérer les appareils personnels. Ainsi, la direction peut bannir l’accès à divers sites jugés inadéquats pour la réalisation d’activités pédagogiques. De plus, le fait d’avoir deux réseaux Internet réduit le risque qu’un réseau soit surchargé et au ralenti. Des niveaux de sécurité différents pour chaque réseau est à prévoir puisqu’un des deux a une plus grande quantité d’appareils à assurer.

Afin de gérer la quantité d’appareils, les écoles peuvent décider de limiter les apprenants à trois. Stéphane Lavoie du Service régional du RÉCIT à la FGA, région de la Montérégie, souligne même que certaines écoles montérégiennes se sont dotées de trois réseaux ayant chacun des permissions précises. Une fois encore, il faut penser aux frais encourus. L’école doit puiser dans son budget pour créer un nouveau réseau Wi-Fi gratuit propre aux utilisateurs d’appareils personnels. Il faut aussi penser à la recharge des appareils. Les salles de classe sont-elles dotées de plusieurs prises de courant? Un lieu spécifique est-il destiné à la recharge électrique du matériel apporté par les élèves?

Comme mentionné dans l’introduction de ce billet, le BYOD est présent partout dans le monde. Kristine Sevik, conseillère en chef au centre norvégien pour l'intégration des TIC dans l'éducation , soulève quant à elle une utilité du programme relative au travail scolaire à la maison. De fait, la conseillère juge pratique que les élèves travaillent à partir de leur propre appareil, car ils n’ont plus de transfert de données à effectuer entre leur appareil et celui de l’école. Les devoirs peuvent ainsi être remis plus aisément et les enseignants n’ont plus à entendre les justifications des apprenants concernant une tâche inachevée du genre «J’ai oublié ma clé USB! Je n’ai pas eu le temps de faire imprimer mon travail! Internet ne fonctionnait pas à la maison! Mon chien a mangé mon devoir! »

Plus près de nous, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, bien que les Ipad commencent à faire partie du paysage scolaire, les dirigeants des écoles et des commissions scolaires semblent encore récalcitrants au projet AVAN. Leurs propos recueillis dans ''La Pige '' traduisent la peur qu’une bonne part de la population a face au projet, soit la pertinence de l’utilisation des appareils personnels en salle de classe et l’assurance que les élèves s’en serviront uniquement à des fins pédagogiques. Néanmoins, la région laisse la porte ouverte au BYOD. Suffit que ce dernier fasse ses preuves ailleurs au Québec. Qui sait, les écoles saguenéennes et jeannoises s’inspireront peut-être de ''L’Externat Sacré-Coeur '' qui, en novembre dernier, a lancé le projet AVAN en permettant à ses élèves d’apporter leurs propres appareils à l’école à l’exception de leur téléphone intelligent.

Pour ma part, j’ai une opinion quelque peu mitigée par rapport au BYOD. Je ne l’ai jamais expérimenté en tant qu’enseignante, alors je n’ose point émettre de jugement. Cependant, à première vue, le BYOD c’est comme le communisme: sur papier, c’est une excellente idée, mais quand on l’applique dans la réalité, c’est une catastrophe. La perspective que tous mes élèves apportent leur appareil personnel me fait également peur puisque je devrai leur fournir un support technique quel que soit leur plateforme. Sachant que je jure plus qu’Elvis Gratton lorsqu’un produit d’Apple se retrouve entre mes mains, ce n’est pas un super bon plan de me laisser intervenir auprès d’un élève utilisant un Ipad… De plus, l’idée de me retrouver face à trente écrans numériques me déplaît au plus haut point. Quand j’enseigne, j’aime voir les yeux de mes apprenants. Dans leur regard, je peux déceler bien des choses! Précision/ajout: Je n'ai pas envie d'enseigner à des écrans, je n'ai pas envie de venir en aide à tout un chacun peu importe la nature de son appareil numérique et je n'ai pas envie que mes élèves me contredisent parce qu'ils ont trouvé de la fausse information sur des sites comme Wikipédia. Je compare le BYOD au communisme, car, à première vue, ce système semble trop beau pour fonctionner comme prévu. Lors de ma recherche, j'ai trouvé de nombreux inconvénients à l'implantation du BYOD. Plusieurs solutions venaient toutefois contrer ces inconvénients. Permettre aux élèves d'apporter leur propre appareil numérique en classe demande tant de planification qu'il me paraît impossible que toutes les composantes du BYOD s'enchaînent harmonieusement afin que les apprenants puissent en retirer un apprentissage bonifier.

Je ne suis pas naïve; je suis consciente que la démarche AVAN gagne de plus en plus en popularité. Quand elle sera appliquée dans tout le système scolaire québécois, que ses directives seront connues de tous et simples à mettre en oeuvre et quand j’aurai reçu une formation afin de pallier aux nouvelles tâches de mon rôle d’enseignante-technicienne en informatique, je participerai dans la joie et l’allégresse au mouvement.

En terminant, il est bon de se rappeler que, comme pour tous les outils technologiques, le BYOD comporte des avantages et des inconvénients. Il n’est pas bon, comme il n’est pas mauvais en soi. Il suffit de l’examiner afin de savoir s’il serait approprié pour notre situation. Les enseignants, la direction, les élèves et les parents ont le devoir de bien s’informer sur le sujet avant d’émettre leur opinion et de prendre position. La clé du succès d’un tel programme réside également dans l’établissement de règles bien définies pour que les utilisateurs du système en profite au maximum.

  • Comme j’étais seule dans mon équipe (sic), je n’ai pas pu utiliser les outils d’écriture collaborative. J’ai tout de même eu du plaisir à écrire sur mon vieux traitement de texte habituel (Words). J’ai utilisé Internet pour faire ma recherche. J’ai ciblé surtout des sites me permettant de consulter des articles de périodiques ou étant eux-mêmes des magazines en ligne.

Ce texte a été écrit dans le respect du Code d'éthique du blogueur et en suivant la procédure de rédaction pour les articles et les commentaires.

Étu 76

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Auteur: etu76

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Commentaires (2)

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  18 mars 2014, 12:10:43 PM

Bonjour,

Bravo pour ton billet. J'aime bien le style adopté. Ça convient bien pour un blogue. J'ai apprécié que tu cites des auteurs (en les présentant, ça facilite le jugement par rapport à la qualité de tes sources!) et les exploitent immédiatement. Dans l'ensemble, c'est rapide et efficace, tout en étant relativement précis. Parfois, c'est peut-être même un peu trop rapide. Je veux dire par là que toutes les transitions ou tous les passages d'une idée à l'autre ne sont pas « heureux ». Au milieu du cinquième paragraphe, par exemple, quand tu passes des avantages à comment réussir, la phrase débutant par « Parmi eux » m'a sorti du texte... Je me suis demande « Parmi qui? ». Le sens me semble incertain...

Lorsque tu donnes ton opinion à la fin, tu parles du communisme, mais tu n'as pas bien expliqué en quoi ce n'est pas bien dans la réalité. À l'oral, en classe, tu as été bien plus précise. J'espérais que tu allais être aussi précise à l'écrit pour que je puisse te répondre. Je crois que tu as manqué une occasion d'ouvrir une porte pour d'éventuelles discussions/réflexions... Ce serait peut-être bien, dans l'optique que ton texte risque d'être relu dans le futur par d'autres que moi, que tu expliques mieux pourquoi tu n'es pas très ouverte au BYOD pour le moment.

Pat :-)

Etu 76 Etu 76 ·  18 mars 2014, 6:13:38 PM

Vous avez tout à fait raison sur ces points! J'y apporte les corrections à l'instant parce que, en tant qu'enseignante, mon but premier est de bien me faire comprendre. De plus, si je retombe par hasard sur ce billet dans une dizaine d'années, je pourrai constater si ma position a changé ou si elle est demeurée la même par rapport au BYOD.

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