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Des situations d'apprentissage en ligne... et pour tout le monde!

Le partage de découvertes est essentiel au développement professionnel des enseignants. Ils se parlent de leur expérience, se proposent des activités qu'ils ont montées et se demandent conseil. Cet échange de connaissances est naturel. Ils discutent entre eux dans la salle du personnel, ils assistent à des conférences ou à des formations et ils s'observent en train de travailler. Ils s'excitent après qu'une activité d'apprentissage de leur création ait bien fonctionné et s'empressent de la raconter à leurs collègues. Toutes ces façons traditionnelles d'échanger sur leur expérience satisfont bon nombre d'enseignants, mais d'autres possibilités s'offrent à eux. Tous ces enseignants pourraient contribuer au développement professionnel collectif de façon tellement efficace, avec une avancée technologique telles que le Web 2.0! Cette nouvelle façon de se servir d'Internet grouille de ressources pour la communauté enseignante. Ses membres peuvent communiquer, réfléchir, critiquer, partager... bref, ils peuvent s'aider à avancer plus vite et avec moins d'efforts! Encore faudrait-il que cette communauté professionnelle sache que le Web offre de tels moyens...

Une variété de ressources et d'outils

Certains sites Web favorisent le développement professionnel des enseignants en les mettant en contact. Par exemple, la section du site Internet des services publics de la Communauté française de Belgique consacrée aux enseignants est divisée par matière et par secteur (maternel, primaire et secondaire) . Le répertoire propose toute une variété d'actions aux usagers (des propositions de projets et de concours, des ressources et des moyens d'échange via la Toile, entre autres choses). À titre d'exemple, voici les propositions faites aux enseignants de Français du secteur primaire.

D'autres programmes permettent spécialement la publication et la consultation de situations d'apprentissage et d'évaluation (S.A.É.) directement via Internet, en public ou en privé. Certains proposent même des marches à suivre permettant de construire des situations d'apprentissage à même le site Web et de les partager immédiatement. J'ai testé deux de ces programmes en ligne : Outil.planif et Cyberfolio.

Ces deux outils ont des points en commun. Premièrement, il est impossible d'y déposer des documents produits ailleurs, comme des créations faites à l'aide d'un logiciel de traitement de texte. Toutes les situations d'apprentissage doivent être créées en ligne, à même le logiciel. Le principal avantage est qu'il est plus facile de répertorier les situations d'apprentissage dans la bibliothèque du site et, par le fait même, de les retrouver. Le désavantage, en revanche, est que le partage de situations d'apprentissage demande un certain investissement de temps, car il faut les inscrire une à une dans le canevas.

Le deuxième point commun entre Outil.planif et Cyberfolio, est le fait que ces deux site Internet n'ont pas été mis à jour récemment selon le Programme de formation de l'école québécoise (P.F.E.Q.) En effet, on n'y retrouve pas la matière Éthique et culture religieuse. On y retrouve encore l'enseignement moral et religieux catholique et protestant et l'enseignement moral.

Outil.planif ( Learn Québec)

Le logiciel Outil.planif a été mis en ligne par une personne ressource du Réseau pour le développement des compétences par l'intégration des technologies (R.É.C.I.T.) d'une commission scolaire anglophone, à Laval. Il est donc construit en anglais, bien qu'il soit possible de le traduire, en un simple clic. Par contre, certains éléments de la page demeuraient en anglais, lors de mon expérimentation.

La bibliothèque publique

Comme la majorité de ses utilisateurs sont anglophones, les activités disponibles dans la bibliothèque publique sont en anglais ou destinées au cours de français langue seconde. D'ailleurs les activités disponibles sont peu nombreuses ; il y avait environ cinq, au moment d'écrire ces lignes. Soit le logiciel n'est pas populaire, soit ses usagers ne partagent pas leurs créations avec le public. L'intérêt de cet outil apparaît donc si une communauté d'enseignants déjà en contact s'y inscrit, tous en même temps. Ils peuvent alors partager leurs documents et les commenter. Par exemple, le logiciel serait très pratique pour un groupe d'étudiants ou d'enseignants qui se fréquentent.

Ce logiciel a une grande qualité. Il donne un très bon coup d'œil des situations d'apprentissages produites. La page ainsi créée est attrayante et bien organisée, au niveau visuel. Les icônes sont évocateurs et des pictogrammes symbolisent chacune des compétences. Grâce à ses pictogrammes, on peut rapidement trouver une situation d'apprentissage pour une compétence précise en un simple coup d'œil.

La rédaction

Il est relativement simple de produire une situation d'apprentissage à l'aide d'Outil.planif, à quelques détails près.

En premier lieu, il n'y a qu'à suivre la marche à suivre. Elle guide pas à pas de façon pratique et efficace. Elle peut sembler contraignante, mais il est possible en tout temps de passer à une autre étape et de retourner en arrière pour modifier. On peut aussi fermer sa session et poursuivre le travail un autre jour. Ce qui m'a particulièrement plu est la possibilité d'avoir un aperçu de ce qui est déjà fait entre chaque étape. On peut aussi connaître l'essentiel de la situation sans la visionner complètement à l'aide de l'icône I .

En deuxième lieu, si on veut modifier une activité déjà faite, il est possible de la dupliquer, pour conserver une copie de l'originale.

En troisième lieu, j'ai rencontré quelques problèmes, en utilisant ce logiciel. D'abord lorsqu'on choisit les éléments du P.F.E.Q., il est très pratique de pouvoir cocher des éléments disciplinaires. Cependant, je n'ai pas réussi à les dé-sélectionner. Ce serait pourtant bien pratique dans les cas où on veut modifier une situation d'apprentissage, ou lorsqu'on s'est simplement trompé.

La publication

L'outil permet d'abord de créer des situations d'apprentissage pour soi, que l'on peut enregistrer dans sa banque personnelle. Il est possible ensuite de partager une copie avec quelqu'un, ce qui équivaut à la lui donner. Il est à noter que les documents créés sont modifiables en tout temps. Celui à qui l'on envoie une copie peut donc la modifier à volonté. Je n'ai d'ailleurs pas trouvé de spécifications sur les droits d'auteur, sur le site.

L'outil Collaborer, quant à lui, ne sépare pas les deux copies. C'est-à-dire que, si la personne qui reçoit une copie de la situation d'origine la modifie, l'utilisateur qui a créé cette situation verra sa propre copie modifiée aussi. C'est là que le réel travail d'équipe se produit.

Finalement, il est possible de rendre une situation de sa création publique. Elle se retrouvera donc accessible à tous, dans la bibliothèque publique. D'ailleurs, les administrateurs du site contrôlent ce qui est publié. L'option de partager ses créations seulement avec ses amis, ou ses contacts, est aussi disponible.

Cyberfolio

Le Cyberfolio que j'ai testé n'est pas encore disponible à la communauté, car il n'est pas terminé. Néanmoins, il en existe d'autres qui le sont déjà, comme celui-ci. Celui que j'ai mis à l'essai est élaboré par des chercheurs de l'UQAC.

Ses créateurs se donnent pour but de produire un outil de création de situations d'apprentissage en ligne, en même temps qu'un puissant moteur de recherche de genre d'activité. Grâce à ce logiciel, on pourra trouver des situations d'apprentissage de qualité, car chacune de celles qui y sont déposées devront être approuvées par un conseiller pédagogique qui pourrait les commenter, au besoin. Finalement, le logiciel sera adapté, non-seulement aux enseignants praticiens, mais aussi à la communauté universitaire, c'est-à-dire les étudiants, les enseignants et les chercheurs.

Voici en gros les critiques que je porte à ce logiciel. Elles sont moins élaborées que pour Outil.planif, car Cyberfolio n'est pas encore prêt.

D'abord, ce logiciel est visuellement moins attrayant qu'Outil.planif. Ceci est probablement dû au fait que Cyberfolio n'est pas terminé.

La rédaction

Grâce à Cyberfolio, comme pour Outil.planif, l'utilisateur est guidé dans le processus de construction d'une situation d'apprentissage. Le problème, dans ce procédurier, est qu'il est impossible de passer des étapes. Il faut suivre l'ordre prévu, à l'exception de quelques unes, comme le réinvestissement. Après chaque étape, on voit un aperçu du document final, en bas de page. J'ai beaucoup apprécié cette caractéristique du logiciel, comme pour le logiciel précédent.

Au moment de choisir les éléments du P.F.E.Q., on n'a qu'à cocher dans une liste. Ce qui est intéressant, c'est que chaque élément de la liste comporte un hyperlien vers la partie associée du P.F.E.Q. C'est très pratique, car on n'a pas besoin d'aller vérifier dans le programme en entier.

Plus tard, il faut élaborer la chronologie de l'activité. Cette étape est moins contraignante que les autres au niveau de sa création. On peut commencer par les dernières étapes et revenir aux premières, plus tard. On peut même insérer une étape entre deux précédentes ou en permuter deux.

À la fin, il faut bien sûr déterminer des moyens d'évaluation parmi ceux proposés par une liste à cocher. Le logiciel démontre sa versatilité par la possibilité d'ajouter des moyens d'évaluation qui demeureront pour les situations suivantes. Par exemple, on peut ajouter entrevue, puisqu'elle ne figure pas sur la liste.

La publication

Premièrement, ce qui est publié dans la bibliothèque publique est copyleft par défaut.

Comme pour l'outil précédent, les situations créées vont dans la bibliothèque personnelle et peuvent être déposées dans la bibliothèque de partage, à laquelle ont accès un groupe de membres du choix du créateur. D'ailleurs, la page répertoriant toutes les situation est allégée par l'utilisation de pictogrammes, qui sont définis sous l'onglet légende, mais ce mot est tellement écrit petit qu'il est difficile de le lire. Les situations peuvent aussi être publiées dans le répertoire public, si un administrateur approuve. Il est de toute évidence possible de modifier toutes les situations d'apprentissage contenues sur le site, n'importe quand.

Pourquoi utiliser les logiciels de partage en ligne ?

Si les enseignants se forment et se développent continuellement, c'est qu'ils n'arrêtent jamais vraiment d'être, comme le sont leurs élèves, des apprenants. Or, cet apprentissage continuel pourrait être de beaucoup facilité par le recours à une nouvelle théorie de l'apprentissage, le Connectivisme (Siemens 2005, selon WIkipedia). François Guité, professeur d’anglais dans un Programme d’éducation internationale à Québec qui s'intéresse à la pédagogie et aux technologies de l'information et de la communication, l'explique ainsi :

« Essentiellement, le connectivisme constitue un modèle d’apprentissage qui reconnaît les bouleversements sociaux occasionnés par les nouvelles technologies, lesquels font en sorte que l’apprentissage n’est plus seulement une activité individualiste et interne, mais est aussi fonction de l’entourage et des outils de communication dont on dispose. »

Dans un même ordre d'idées, si les enseignants ne partagent pas leurs idées et leur expérience sur le Web, c'est parfois par modestie. Ils peuvent se dire que la situation d'apprentissage qu'ils ont créée n'est pas si bonne que ça. Pourtant, en la mettant en ligne, ils risquent fort que quelqu'un se l'approprient et la bonifie! Ils pourraient alors bénéficier des suggestions des autres et perfectionner leur situation d'apprentissage! Ce travail d'équipe est un des avantages du partage entre enseignants. En réponse à cela, voici ce que Mario Asselin, associé chez Opossum, apprentissage et technologies, a écrit dans son texte ''L'apprenant, comme participant à la construction de contenu'' (1er texte de 5):

«On verra que les effets de réseaux peuvent encourager l’apprenant dans sa quête du savoir, surtout lorsqu’on évite de lui faire croire qu’il doit attendre une certaine maîtrise de ce qu’il croit savoir avant de le partager.»

En effet, le partage de documents imparfait est d'une excellente aide à l'apprentissage socio-constructiviste! L'auteur de contenu bénéficie alors de l'aide des autres, par leurs commentaires et leur expérience. Ce travail d'équipe est appelé à faire partie du rôle des enseignants, si on considère que leur développement professionnel fait partie de leurs responsabilités. C'est en tout cas ce qu'affirme Denys Lamontagne , fondateur de ''Thot '', un organisme qui promeut la formation à distance francophone et l'utilisation des outils numériques pour l'éducation et la formation, dans ''La diffusion et la réutilisation des contenus numériques'' (1er texte de 4)

« La question principale en jeu est celle de l’intégration et de la participation des professeurs. Au niveau pédagogique, il s’agit de passer du rôle d’artisan à celui de membre d’une équipe aux rôles variés et en concurrence ou collaboration avec les autres institutions. »

Conclusion

Finalement, les logiciels Cyberfolio et Outil.planif, grâce à leurs forces et malgré leurs faiblesses, sont de bons outils pour tout enseignant qui a à cœur son développement professionnel. Je ne prétends pas que l'expérimentation et la critique que j'ai faite de ces outils est exhaustive. Cet essai fait simplement part de ce qui m'a semblé important.

Ces deux logiciels seront sans doute bonifiés et de nouveaux verront assurément le jour dans un avenir rapproché. Ils sont en voie de devenir des répertoires de situations d'apprentissage, s'ils deviennent plus populaires. En attendant, ce sont des logiciels en ligne, des outils d'élaboration. Il en va de la bonne volonté des enseignants pour qu'un tel partage se fasse via le Web. Tant de temps et d'efforts pourraient être épargnés dans un métier ou l'essoufflement professionnel est chose courante. Je ne sous-estime pas la grande imagination des enseignants et la force de leur esprit créateur, mais tous ne réinventent pas la roue, chaque jour, dans chaque activité qu'ils proposent en classe. L'énergie du milieu enseignant pourrait être mise ailleurs que dans la conception de S.A.É. qui ont souvent déjà été élaborées et expérimentées ailleurs sans qu'on ne le sache.

Il est difficile de changer ses habitudes. De plus, apprendre à utiliser les nouvelles technologies demande une certaine quantité d'efforts. Peut-être sera-t-il courant pour la prochaine génération d'enseignants de produire des S.A.É. sur la toile et de systématiquement les partager? Qui sait ce que feront de leur temps ceux qui se serviront des ressources du Web au lieu de concevoir de nouvelles situations à chaque fois? J'espère que ce temps sera investi dans les élèves, en tout cas...

J'affirme avoir tout fait ce que je pouvais pour respecter l'orthographe, dans ce texte.

etu8

Auteur: etu8

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Commentaires (1)

Catherine Bouchard Catherine Bouchard ·  31 janvier 2011, 10:07:18 AM

Bonjour,

Votre billet est très intéressant et je vais tester cet outil, que je ne connaissais pas, pour le présenter à mes collègues. Dans nos cours, la mise en commun d'informations est souvent déficitaire. Par exemple, lorsque l'on se promet de partager nos saé, les gens oublient et l'info se perd... J'ai bien hâte de voir la suite!

Catherine Bouchard

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