PédagoTIC

Stéphane Allaire (Ytsejamer) ·  26 juillet 2005, 10:22:37 AM

Les technologies sont un bel exemple de la tension qui existe entre le besoin sans cesse croissant qu'ont les gens de s'adapter aux nouveaux outils qui les entourent et la façon dont ces outils peuvent servir leur activité.

Je parle de tension car, dans un sens, certaines technologies disposent d'un potentiel d'innovation intéressant mais, en faisant porter le fardeau du changement aux gens, cela ne risque-t-il pas dans un autre sens de nous conduire un peu à coté de la mission de ces dites technologies, c'est-à-dire des outils et des moyens qui sont à notre disposition pour nous aider?

Il me semble y avoir un enjeu important entre la reproduction des pratiques actuelles et leur évolution. J'y pense ici particulièrement dans une optique où la résistance est généralement forte face au changement. Ainsi, en plus d'aborder la problématique sous l'angle de l'adaptation de l'école, je crois qu'on a tout intéret à voir de quelle façon les outils eux-memes peuvent soutenir ce processus bien délicat. Qu'en pensez-vous?

Au plaisir de te rencontrer bientot futur collègue...

Patrick ·  26 juillet 2005, 11:16:33 AM

Je prendrai un chemin différent, mais je crois que nous sommes d'accord...
Peut-on vraiment parler de tension quand une proportion importante des utilisateurs potentiels n'est même pas au courant de l'existence de ces technologies? Je me demande en effet combien de personnes de mon entourage passeraient un test du genre "Connaissez-vous ces expressions?" ou "Parlez-vous techno?" qui leur demanderait d'identifier les mots qu'ils connaissent, de les définir et d'en expliquer le fonctionnement ou d'en décrire les caractéristiques...
De plus, je ne suis pas certain que le verbe "adapté " convient, car il sous-entend un ajustement. Il laisse entendre qu'il y a déjà un bout de chemin de fait. Les nouveaux outils me semblent permettre un tout nouveau type d'interactions. La différence m'apparaît comme particulièrement importante pour ces utilisateurs qui, d'un point de vue pédagogique ne peuvent associer d'autres méthodes que l'enseignement magistral à l'expression "apprendre" ou, d'un point de vue techno, qui n'ont jamais clavardé régulièrement, utilisé quotidiennement un forum de discussion ou appartenu à une communauté en ligne. Pour ces gens, les nouveaux outils m'apparaissent plutôt être de nouveaux environnements hébergeant un type d’interactions encore inconnues. Les règles, le mode de fonctionnent, les objectifs poursuivis et les caractéristiques de ces environnements doivent être appris... Ces outils sont la conséquence de changements importants amorcés il y a plusieurs années, changements qui n'ont pas encore atteint toute la population.
Les gens ne sont pas en mesure, selon moi, de porter seuls le fardeau du changement et les technologies en elles-mêmes ne peuvent pas vraiment le faire n'étant pas capables de réflexion et de décision... L'École a un statut particulier qui lui permet de toucher les jeunes et les moins jeunes. L'École doit donc favoriser/faciliter ce changement, cet apprentissage. Elle n'a donc pas vraiment le choix. Quant au comment, et bien il va falloir les utiliser, les présenter, les démocratiser, les adapter,... Tu as donc probablement raison, la vraie question c'est de déterminer comment ces outils peuvent être utilisé à l'école, comment peuvent-ils soutenir le délicat processus d'apprentissage qui permettra à la population d’en tirer profit?

Éric Noël ·  26 juillet 2005, 10:38:17 PM

Je ne suis pas vraiment d'accord. Ce n'est pas parce que l'outil est fort intéressant qu'il s'implantera de lui-même. Oui il est vrai que l'école a ce statut particulier. Mais faut-il encore en faire un bon usage. L'utilisation de Tic, afin d'obtenir un bon rayonnement, nécessite un support, tant pour l'élève que l'enseignant. Dans certaines écoles, on a installé des ordinateurs un peu partout sans donner aucun support. Ensuite on s'étonne de la sous-utilisation de ceux-ci.

Par exemple, à combien de reprises voyons-nous des élèves effectuer des recherches sur internet sans aucun outil leur permettant de valider ces informations? L'implémentation d'un blogue par exemple doit nécessairement être accompagnée, ne serait-ce que pour prendre connaissance des règles d'éthiques et de liberté d'expression entre autres. , dans le cas de mauvaises expériences vécues par manque de préparation, cela risquerait de fermer pour de bon la porte de certaines institutions à ce genre d'applications novatrice.

Je crois qu'il y a vraiment un gros travail de "débroussaillage" à faire. Les administrations sont-elles prêtes? Somme-nous prêt?

Mario Asselin ·  26 juillet 2005, 11:51:59 PM

"L'École a un statut particulier qui lui permet de toucher les jeunes et les moins jeunes. "

Et aussi, elle possède ce même statut qui lui permet de "brûler" de bonnes idées parce que mal amenées ou encore pire, employées pour des fins plus que discutables...

Les enjeux (il me semble) ne sont pas vraiment technologiques mais pédagogiques... Dans le billet de Wil, ce passage m'a particulièrement touché :«I know I'm starting to sound like a broken record here, but half the problem is that kids are making the rules up as they go along.» Les profs... nous sommes tellement centré sur le contrôle ! Commencer à lâcher prise, tolérer de ne pas être (toujours pour commencer) le centre de l'attention de la classe, comprendre que nous n'avons plus le monopole des connaissances et admettre que chacun n'apprendra pas les mêmes choses en même temps me semble des étapes à franchir "en amont" !

On a du chemin à faire "les boys"... et on compte un peu sur vous, les formateurs de formateurs !

Stéphane Allaire (Ytsejamer) ·  27 juillet 2005, 8:07:13 AM

L'outil ne s'implantera certes pas seul (c'est d'ailleurs pourquoi je spécifiais qu'on avait intéret à jouer sur plusieurs facettes simultanément, avoir une approche plus globale) mais il peut néanmoins avoir une influence sur le comportement et les réactions des gens.

Parmi les raisons qui font que les gens sont rébarbatifs face à l'utilisation des TIC, figure l'insuffisance de ces outils ou leur mésadaptation à combler un besoin pour eux.

Dans deux semaines, je vais à Toronto. J'adore le vélo mais j'irai là-bas en voiture car je trouve que la bicyclette est mésadaptée dans ce cas. Ce n'est quand meme pas moi qui vais m'adapter au changement que me propose cet outil dans ce cas!

Le changement pédagogique et son soutien sont importants dans une école et je suis évidemment en accord pour dire que l'école a besoin de laisser son controle un peu de cote. Mais il y a aussi toute la gestion du changement à prendre en considération et, ce que je voulais dire, c'est que ce dossier ratisse large, très large (hein Mario?), et qu'un des multiples éléments à prendre en considération, selon moi, est ce que proposent les outils eux-memes et la façon dont ils le proposent. Pourquoi accepterais-je de changer si ce qu'on me propose ne répond pas à un besoin pour moi? L'enjeu que j'essayais de soulever, c'est: comment faire pour que les gens y trouvent leur compte mais qu'ils en arrivent graduellement à aller au-delà de ce qu'ils font déjà sans ces outils.

L'enjeu n'est ni pédagogique, ni technologique; il est pédagogique ET technologique... et se situe probablement à bien d'autres niveaux aussi.

Si l'on réfléchissait un peu plus au design des outils qu'on met en place, on pourrait leur donner une flexibilité pour qu'ils accompagnent (sans pour autant contraindre) les élèves dans leurs recherches Internet et bien d'autres démarches. Je ne crois pas que les TIC peuvent remplacer un enseignant mais elles disposent néanmoins d'un potentiel qui permettrait de libérer l'enseignant un peu pour qu'il puisse se consacrer à des aspects plus complexes. Présentement, si je m'appuie sur le commentaire de M. Noel, on a une belle intention pédagogique mais l'outil peut faire trop peu de choses pour la soutenir. Il ne faut pas se surprendre que des gens abdiquent dans ce cas.

Par ailleurs, Opossum a passé ses derniers mois à réfléchir à une nouvelle mouture de son portfolio. Il me semble que ces personnes n'auraient pas investi tant de ressources à ce niveau si les outils ne faisaient pas partie de l'enjeu.

Stéphane Allaire (Ytsejamer) ·  27 juillet 2005, 8:12:30 AM

Petite précision à propos de mon dernier paragraphe à propos de Opossum. Je n'ai pas encore exploré cette nouvelle version du portfolio à fond mais je me réjouis que des personnes aient porté (enfin!) un regard plus éducatif sur le design des blogues.

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