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Le bloggeur invertébré, billet #3

Le Web et l’enseignement.

Lorsque je parcours les billets de mes confrères, je constate quelque peu de naïveté car, je ne crois pas que le Web2.0 soit une aussi bonne chose qu’on le pense pour nos apprenants actuels. Certes, le Web2.0 est une nette amélioration du Web original car, il permet l’inter connectivité entre les usagers et les fournisseurs, certes, il permet de ne pas avoir à installer toute une panoplie de logiciels sur nos ordinateurs, certes, il est d’usage facile, certes, il offre une fenêtre toute grande ouverte sur le monde, certes, il est un incomparable outil d’informations et de connaissances sur une multitude de sujets, mais… Oui, mais.

Nos apprenants sont-ils prêts à se servir du Web avec intelligence et contrôle?

Ce que mon expérience d’enseignant connait du Web, c’est ledit mais. Ledit mais ce sont des apprenants incapables de se contrôler devant un poste informatique ouvert sur le monde et sur autres choses… Mes confrères enseignants et moi, du secteur arpentage et topographie, n’en pouvions plus de ramener nos apprenants à l’ordre de sorte que nous avons demandé à notre département informatique de ne plus autoriser les postes informatiques de nos apprenants à se brancher sur le monde. Voilà : terminé Facebook, Twitter et autres.

Nos apprenants utilisaient des onglets dont un spécialement pour l’enseignant. Lorsque l’enseignant se pointait, vite l’onglet du logiciel en usage pour le cours. Certes, nous avions un logiciel de surveillance mais, très rapidement, les apprenants ont trouvé la parade pour l’annihiler.

Placer un apprenant devant un poste informatique branché sur le monde est l’équivalent de l’expérience d’un psychiatre américain, dont malheureusement je ne me souviens plus du nom, appelé le test des 2 bonbons. Il disait à des enfants que s’ils ne mangeaient pas un seul de ces bonbons, ils en auraient beaucoup d’autres plus tard. Il constatait qu’en moyenne le tiers des enfants réussissaient à se contrôler et à ne pas toucher aux 2 bonbons. Je n’ai pas fait le test avec le Web mais, probablement que le résultat serait le même.

Mon expérience avec le Web au centre de formation professionnelle m’a montré que nos apprenants sont incapables de se servir du Web avec intelligence et contrôle. Je n’oublie pas, également, que la génération C est celle des enfants rois, celle qui n’est pas habituée à se faire dire non, donc cela risque d’être encore pire.

J’essaie bien de trouver quelque chose à faire à partir du Web parmi mes modules mais, je ne trouve rien. Peut-être, direz-vous, que je ne cherche pas assez fort. Je crois plutôt, qu’il est préférable que la découverte de ce qui pourrait être fait avec le Web viendra avec l’usage. Peut-être faudra-t-il 2 ou 3 cohortes pour y arriver mais, pour l’heure, je n’ai rien en vue.

Vous me voyez désolé d’être le rabat-joie mais, c’est la réalité que je vis.

Loin de moi l’idée de dénigrer le Web. Au contraire, c’est un outil extraordinaire! Je ne saurais plus m’en passer. Voici 2 anecdotes vécues qui montrent un inconvénient et un avantage du Web.

Un inconvénient.

Ma blonde suit un cours à l’UQAC dont le sujet est notre planète. La télévision, média qui contrairement au Web ne permet guère l’interaction et devant laquelle nous risquons l’abrutissement, présentait un reportage dont le sujet était un bébé mammouth trouvé, congelé, en Sibérie (excellent endroit pour être congelé d’ailleurs). La télévision a raconté ce que nous considérions comme SA vérité. En effet, nous avions des doutes quant à ses prétentions.

Nous décidons dans un premier temps de consulter un superbe livre que nous avons dans notre bibliothèque. Nous trouvons alors une histoire tout-à-fait semblable. Nous croyions qu’il s’agissait bien du même mammouth mais l’enrobage de l’histoire était différent. Il nous semblait que la télévision avait arrangé l’histoire. Entre autre chose, l’histoire de sa découverte était totalement différente.

Bref, nous fonçons sur le Web; j’exagère. Nous parcourons le Web à la recherche de renseignements et d’informations sur le bébé mammouth. Nous en avons trouvés et beaucoup et encore plus. Tellement, que nous ne savions plus où nous en étions : concordances, discordances, preuves, contre preuves, confirmations et démentis. Bref, en ce qui concerne le bébé mammouth, nous étions perdus et nous le sommes encore.

Ce qui a fait dire à ma blonde l’une de ses plus célèbres sentences : trop c’est comme pas assez.

Effectivement, il y a tellement d’informations et de renseignements sur le Web qu’il est difficile de discriminer le vrai du faux. Il faut apprendre à sélectionner judicieusement nos sources de renseignements car chacun, sur le Web, peut faire la promotion de SA vérité et pas nécessairement la promotion de LA vérité. Il y a parfois une énorme différence entre sa vérité et la vérité. La télévision ne se gêne guère de promouvoir sa vérité au détriment de la vérité surtout lorsqu’il est question de cotes d’écoutes et de profitabilité.

Je préfère le Web qui, contrairement à la télévision, me permet de donner mon opinion si je suis en désaccord avec des informations ou des renseignements trouvés sur un site particulier.

Un avantage.

Cette fois, ma blonde fait une recherche sur l’échouement de l’EXXON VALDEZ. Elle rend visite à la bibliothèque de l’UQAC et à celle de Saguenay. Elle trouve des livres qui traitent du sujet. Puis, évidemment, elle lance une recherche sur le Web. Les renseignements et les informations ne manquent pas, évidemment. Toutefois, est-ce l’expérience du bébé mammouth ou est-ce les informations qu’elle désirait qui ne prêtaient pas à confusion? Toujours est-il, qu’elle a obtenu des informations très précises dont elle tira son étude de cas d’une catastrophe écologique.

L’avantage du Web est la très grande disponibilité des informations et des renseignements sur une multitude de sujets. Une fois que l’on sait discriminer les informations, qualifier et vérifier les sources, on fini par s’y retrouver. Les 2 bibliothèques ne contenaient pas tous les renseignements disponibles sur le Web. Sans le Web, il aurait fallu se rendre dans une bibliothèque spécialisée sur l’échouement de l’EXXON VALDEZ.

Ce genre de bibliothèques existe. Ainsi, la Société historique du Saguenay possède une bibliothèque spécialisée sur tout ce qui touche le Saguenay. À Boston, il y a une bibliothèque spécialisé sur tout ce qui touche John F. Kennedy. Ainsi, quelqu’un qui fait une recherche sur le Saguenay doit venir au Saguenay. Un autre qui fait une recherche sur le président Kennedy doit aller à Boston. Avec les ressources du Web, une personne fait ses recherches à partir de chez-elle, sans déplacement.

Le Web est un outil incomparable et une intarissable source de renseignements mais, il faut savoir le contrôler et ce contrôle passe par l’utilisateur car, lui seul possède l’outil de contrôle absolu; il s’appelle le cerveau humain.

Par : rguerin

rguerin

Auteur: rguerin

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Commentaires (4)

mbellemare mbellemare ·  21 février 2010, 5:48:50 PM

Tu as probablement raison sur le fait que beaucoup (sinon la plupart) des apprenants profitent du Web pour des fins personnelles autres que les travaux ou études. Cependant, pourquoi ne pas leur montrer comment travailler (hé oui...! du boulot supplémentaire pour les enseignants déjà débordés) plutôt que de vouloir contrôler? En fait, si leur travail n'avance pas parce qu'ils ne savent pas se concentrer, c'est un peu leur problème non?
Je dois être trop naïve... oui probablement. Le débat est lancé!

groy groy ·  21 février 2010, 7:36:44 PM

Le problème n'en est pas un de concentration, ni un problème de capacité a travailler avec le Web, le problème en est un d'intérêt. Un étudiant, a pour réaction de souvent vouloir faire l'interdit, juste pour voir si il peuvent nous déjouer. Ils savent,pour la plupart déjà très bien utilisé les applications du Web, et souvent bien mieux que nous et il suffit qu'un étudiant sache comment nous déjouer que le mot se passe dans la classe. Ce n'est pas une charge d'enseignement supplémentaire a quoi nous faisons face, mais bien a une charge supplémentaire de discipline.Peut-être que si l'accès était permis a plein temps, peut-être que qu'il y aurait un manque d'intérêt de la part des étudiants. Est-ce que cela causerais plus d'échec dû a un manque de travail personnel dans leur travaux? Ce serait une idée à explorer. Mais connaissant la ligne de pensé des commissions scolaire c'est une avenue qui ne risque pas d'être visité d'ici peu de temps

mtremblay mtremblay ·  26 février 2010, 6:54:47 PM

Bonjour Monsieur Guérin,
Je vous ai lu et je suis totalement en accord avec vous sur tous les points. Je sais ce dont vous dites pour la simple raison que pendant notre cours des collègues font disparaître leurs onglets assez rapidement lorsque passe l'enseignant. Mais, je sais aussi que notre enseignant s'en aperçoit même s'il ne le voit pas comme vous et moi. Je pense qu'il va toujours y avoir des personnes qui vont profiter du système. Ce qui est encore pire c'est eux qui réussi mieux que nous qui sommes honnêtes. Merci Marie,

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  01 mars 2010, 8:51:36 PM

Beaucoup à dire suite à cette lecture et aux commentaires... Je vais diviser mon commentaire en 2 parties.

1. Je crois qu'il est possible qu'un enseignant ne trouve rien à faire avec le Web 2.0 dans un ou plusieurs modules. En ce sens, ce billet ne me dérange pas. C'est un outil. Ce qui est important, c'est de l'avoir dans son coffre à outils et de le maitriser pour être en mesure de l'utiliser lorsqu'il sera nécessaire.

(En relisant mon commentaire, je constate que je suis un peu cru dans la seconde partie... L'occasion se présente et je ne sais pas comment le dire de manière plus facile à recevoir. Je vous assure cependant que ce n'est rien de personnel contre l'auteur du billet ou ceux des commentaires. Je saisis la balle au bond et profite de l'occasion, simplement. Je note en passant que ce billet est un bon exemple sous plusieurs aspects: l'auteur a identifié une problématique, a proposé une réponse et a argumenté en ce basant, entre autres, sur des éléments de son quotidien. Il a juste réussi à toucher une de mes cordes sensibles. S'il a une faiblesse, comme je l'explique plus bas, c'est peut-être de manquer de ce que je nommerais une vision panoramique ou de la perspective temporelle. Au titre de la perspective temporelle, notez que je peux aussi être dans l'erreur même si je crois être bien informé...)

2. Je trouve cependant désolant que l'on bloque des sites parce que les jeunes apprenants font autre chose ou parce que c'est trop de travail de les éduquer... L'école québécoise, que ce soit au professionnel ou au primaire/secondaire, a pour mandat de préparer nos jeunes à demain. Demain, dans leur milieu de travail, les jeunes qui abuseront d'Internet se feront mettre à la porte ou auront des conséquences négatives. Si les enseignants continuent tous de dire qu'ils n'ont pas le temps ou de ne pas se sentir concernés, qu'est-ce que ça sera demain? Et il ne faut surtout pas s'en remettre aux administrateurs, car c'est une décision pédagogique et ils n'y entendent rien! Cette décision (bloquer ou interdire) est commune dans les commissions scolaires et est la preuve que l'on manque de compréhension de ce qui se passe actuellement. Les TIC évoluent rapidement et vont continuer à évoluer. Demain (moins de 10 ans selon moi), nous n'aurons carrément plus besoin d'ordinateurs de bureau. Nous aurons tous Internet dans nos poches! Les cellulaires d'aujourd'hui sont déjà plus puissants que l'ordinateur que j'ai payé 3000$ il y a moins de 20 ans. Les jeunes doivent apprendre à maitriser les TIC et à les utiliser intelligemment (Ex. d'intelligence: exercer son sens critique comme dans ton exemple). Comme il s'agit d'une compétence transversale, c'est la responsabilité de tous les enseignants. Passer à côté quand ce serait un bon moment de leur en parler (ici, vous pouvez presque choisir votre verbe, j'ai hésité: punir, éduquer, enseigner, donner des rétroactions, etc.), c'est ne pas faire tout son travail, ne pas agir en professionnel de l'éducation, manquer de vision... L'enseignant travaille aujourd'hui pour que demain soit meilleur! Les décisions prises en fonction d'hier ou, même, d'aujourd'hui, manquent souvent de perspectives...

En réaction au commentaire de MTremblay: Tous les apprenants sont différents. Certains viennent au cours pour y chercher bien peu, puisqu'ils seraient presque capables de réussir aussi bien en se débrouillant seuls avec les lectures. La culture universitaire les oblige un peu à se présenter. Dans un futur proche, nous offrirons des cours bimodaux, moitié en ligne et moitié en face à face. Avec un peu d'aide de notre part, je crois que les apprenants pourront alors choisir d'assister ou non au cours. Ça donnera du temps à l'enseignant pour s'occuper de ceux qui en ont réellement besoin.

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