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Moi aussi j'en ai marre de la désinformation et de l'ingérence

J'essaie le plus possible de rester neutre, récemment ça a été difficile.

C'est que j'en ai marre de l'ingérence du politique, de la désinformation et des beaux-frères qui savent tout!

J'ai souvent soigné mes filles lorsqu'elles étaient malades... Est-ce que ça fait de moi un médecin qualifié? Si je vous dis que vous avez un cancer, allez-vous me croire? Quoi, vous n'allez pas douté? Je suis docteur (Ph. D.!)!

Commencez-vous à comprendre vers où je me dirige?

Deviner quoi? Le fait d'avoir été à l'école ne fait de personne un spécialiste de la pédagogie et de l'apprentissage. Nos enseignants ont été formés à la pédagogie. Lorsqu'ils nous disent qu'ils manquent de ressources ou que les classes sont trop nombreuses ou qu'on a peut-être un peu exagéré avec l'intégration des élèves en difficulté, nous devrions les écouter! Eux sont spécialistes!

Hier, j'en ai parlé avec quelques collègues universitaires, eux aussi en ont marre. Ce matin, j'ai lu la lettre d'une enseignante. Elle aussi en a marre...

Je crois qu'il est vraiment temps que les éducateurs se fassent entendre. Pas pour demander des plus gros salaires ou de meilleures assurances, mais pour nous expliquer ce qui se passe réellement en éducation. Dites-le haut et fort et dénoncez les situations qui nuisent à vos efforts pour favoriser l'apprentissage. C'est le futur de notre société que vous formez et c'est vous les spécialistes.

Voici ce que l'enseignante avait à dire. Je le copie du blogue d'un autre enseignant... Allez donc lire les réactions et commentaires. Ils sont variés et intéressants. En attendant, voici la lettre!

Lettre d’Isabelle Arseneau à Claude Bernatchez, animateur du matin à la Première Chaine de Radio-Canada. Je prend la liberté de la reproduire puisqu'elle est déjà publique. C'est un très mauvais exemple pour mes étudiants, mais cette lettre est intéressante! Dilemme... Je tente néanmoins de contacter l'auteure via son courriel à la commission scolaire pour obtenir une permission plus officielle...

Mise à jour de fin de journée: J'ai reçu une réponse positive de l'enseignante...

Bonjour M. Bernatchez,

Je vous écris, et c’est une première dans mon cas, en réaction à ce que j’ai entendu sur vos ondes concernant les déclarations de la Ministre sur ce que vous avez qualifié de «réforme de la réforme». J’étais très en colère, je le suis encore. Comment une représentante syndicale peut-elle défendre la situation des enseignants sans même être en mesure d’expliquer la différence entre une connaissance et une compétence? Ce bafouillage était non seulement une insulte pour tous les professionnels qui ont investi du temps à s’approprier ces termes, à ajuster leurs pratiques, mais c’était une preuve supplémentaire mettant en évidence l’incompréhension des détracteurs de cette dite réforme que je préfère nommer «Renouveau pédagogique».

Je suis une jeune enseignante du secondaire en science et technologie avec seulement quatre années d’expérience. Je suis aussi chercheure au CRIRES (Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire, à l’Université Laval) et je travaille justement sur des approches didactiques innovantes avec évidemment le développement de compétences comme finalité. Pour faire court, je considère avoir une excellente connaissance de ce renouveau pédagogique et je considère être compétente dans l’exercice de ma pratique. Je ne veux pas faire ici le procès de tous les maux de notre système éducatif, je veux simplement remettre certaines choses au clair. Il y en a marre de la désinformation par rapport à l’éducation!

D’abord, qu’on s’entende bien. La connaissance est nécessaire à la compétence. Il n’a donc jamais été question de mettre de côté les connaissances. Tous les enseignants que je côtoie n’ont jamais arrêté d’évaluer les connaissances! Bien au contraire. Ce qu’on demande maintenant c’est d’utiliser ces connaissances dans un contexte. C’est aussi de faire des liens, de poser un jugement, de vulgariser, etc. C’est une tâche certes plus complexe, mais qui donne un sens aux apprentissages et qui tend à former des citoyens compétents.

Prenons l’exemple que vous avez utilisé ce matin. Je ne suis pas formée en géographie, mais je peux vous expliquer que la connaissance des provinces canadienne est une chose, mais que savoir lire une carte en est une autre. Vous comprenez? Un autre exemple dans mon domaine disciplinaire, qui résume ce que je fais présentement avec mes élèves de troisième secondaire. Comme avant, l’élève doit connaître l’organisation cellulaire. Mais maintenant, il est amené à se positionner sur l’utilisation de biotechnologies comme la vaccination, l’utilisation du lait cru, l’utilisation de cellules souches ou autres sujets d’actualité lui permettant non seulement d’utiliser ses connaissances dans un contexte réel, mais aussi de se former comme citoyen responsable. Je pourrais vous expliquer longuement la grande pertinence de ce virage dans le système d’éducation, qui suit d’ailleurs une tendance mondiale. Le problème M. Bernatchez, c’est que même la Ministre de l’éducation a peine à comprendre ce qu’est la compétence.

Un dernier point, si je peux me permettre, concerne cette fâcheuse tendance à se concentrer sur le décrochage plutôt que sur la réussite, sur l’apprentissage, sur l’engagement étudiant, etc. Ce n’est pas en demandant aux enseignants de travailler le samedi qu’on règlera le problème. Leur tâche est déjà très lourde à porter. Il me semble évident qu’une des premières choses qui accroche un jeune à rester en classe, c’est un enseignant motivé et motivant qui cherche à diversifier ses approches pédagogiques stimulant ainsi tous les types d’apprenants. Le problème c’est que les jeunes enseignants, comme moi, aussi passionnés qu’ils peuvent l’être, mettent constamment en doute leur carrière dû au «bénévolat obligatoire» qu’on exige d’eux. La profession est sous-valorisée et la ministre se permet de faire de l’ingérence dans leur pratique. Est-ce que le Ministre de la santé dit aux médecins comment poser un diagnostique? Alors, pour quelles raisons Mme Courchesne se permet de dire aux enseignants comment évaluer leurs élèves quand visiblement elle n’a aucune idée de ce qu’est la compétence? L’exemple du retour aux chiffres en est le parfait exemple. Elle n’a pas non plus la vision du contexte de la classe et de ce que peut représenter le travail d’un enseignant au quotidien.

Je constate, oui, qu’il faut revisiter l’évaluation des compétences telle qu’elle se fait présentement, mais ce n’est pas nécessaire de revenir en arrière. Il y a de grandes choses qui se font dans les écoles M. Bernatchez et il faut arrêter de croire que tous les élèves du secondaire ont envie de décrocher. Plusieurs sont engagés dans leurs études et motivés (comme peut l’être un ado!) à venir en classe. Il faut se concentrer sur l’apprentissage, valoriser la réussite. Le problème est pris à l’envers. Plutôt que de monter une nouvelle marche on nivelle vers le bas. C’est bien dommage, surtout que le système est en train de drainer les jeunes enseignants motivés, déjà fatigués.

Merci pour votre lecture, En espérant entendre une réponse aux propos tenus ce matin lors de votre émission,

Bonne journée,

Isabelle Arseneau Enseignante de science et technologie

pgiroux

Auteur: pgiroux

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Commentaires (12)

jasselin jasselin ·  26 février 2010, 10:14:03 PM

Beau témoignage, bravo.

Il faut expliquer en termes concret notre travail.... démystifier...éviter le jargon...

groy groy ·  27 février 2010, 1:43:01 AM

J'adore ce commentaire, il est frappant et tellement d'actualité. Le nivellement par le bas est la pricipale action du gouvernement il est beaucoup plus facile de gèrer de cette façon que d'être a l'écoute de son corps enseignant.

jtremblay jtremblay ·  27 février 2010, 12:51:20 PM

Point de vue très intéressant. Depuis plusieurs années, alors que je n'était pas dans l'enseignement mais citoyen et père de famille, je me questionnais sur le phénomène de nivellement vers le bas et le le désirs inconditionnel de redorer les statistiques, en admettant qu'un secondaire prolongé sur une période de 6 ou 7 ans était dorénavant une réussite. J'ai souvent eu connaissance de commentaires venant d'amis, surtout amis masculins, de mes garçons à l'effet qu'ils pourraient terminer leur secondaire à l'école aux adultes. Ils étaient en secondaire 4 ou 5, faisaient le français de sec.2ou 3, l'anglais de sec.3ou4 pour finalement, espérer leur 18 ans pour se rendre aux adultes s'imaginant que ce serait plus facile. Ces apprenants démotivés pouvaient-ils réellement trouver l'intérêt aux adultes où ils ont encore une plus grande responsabilité face à leur réussite. Ces jeunes, pour la plupart, demeurent encore dans mon village, n'ont pas de diplôme, ne travaille pas ou très peu.

J'approuve Mme. Isabelle Arseneau Enseignante de science et technologie lorsqu'elle affirme qu'"Il faut se concentrer sur l’apprentissage, valoriser la réussite. Le problème est pris à l’envers. Plutôt que de monter une nouvelle marche on nivelle vers le bas. C’est bien dommage, surtout que le système est en train de drainer les jeunes enseignants motivés, déjà fatigués."

Bonne journée,

le moqueur roux le moqueur roux ·  27 février 2010, 9:33:25 PM

Hé bien! je ne coyais pas que Patrick pouvait sortir de ses gonds.

Nous n'avons pas tellement besoin d'aller très haut dans la hiérarchie pour s'apercevoir qu'on ne nous comprend pas. Nous sommes des fourmis. Y a-t-il quelqu'un qui se pencherait sur un nid de fourmis pour savoir ce qu'elles pensent?

Nos propres directions scolaires ne nous demandent jamais notre avis. Vous avez un tel nombre de condidats, une telle quantité de matériel ou d'instrumentation alors, arrangez-vous avec ça. Organisez vos horaires même si cela ne respecte pas la pédagogie; j'en sais quelque chose, c'est comme ça chez-nous. C'est votre travail après tout d'enseigner! Nous notre travail c'est gérer; i-e gérer une rangée de chiffres plus et une rangée de chiffres moins sans tenir compte des fourmis qui font tout le travail.

En fait, nous avons besoin d'une réforme en très très très très grande profondeur dans tous les domaines au Québec. Pour y parvenir, il faudrait que la majorité silencieuse se fasse entendre très fortement. Je me rappele 68...

par: le moqueur roux

le moqueur roux le moqueur roux ·  27 février 2010, 9:38:04 PM

Je suis désolé mais j'ai fait un lapsus de frappe, j'ai écrit condidats mais je voulais écrire candidats.

Je m'en excuse.

par: le moqueur roux

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  27 février 2010, 9:59:45 PM

Je n'y étais pas en 68... Ça ressemblait à quoi? Vous avez fait comment?

le moqueur roux le moqueur roux ·  28 février 2010, 12:37:17 AM

Très simplement Patrick; tout le Québec s'arrête pour une journée.
Si cela ne fait pas d'effet, on arrête tout pour une seconde journée.
Et, ainsi de suite jusqu'à ce qu'on obtienne du changement.

Par: le moqueur roux.

le moqueur roux le moqueur roux ·  28 février 2010, 1:23:11 PM

Avant, nous avions des dirigeants visionnaires (sauf un qui nous a mis dans la dèche avec sa charte des droits et libertés et qui en est mort de rire) qui ont fait du Québec une nation moderne alors que maintenant nous n'avons plus ce genre de dirigeants.

Nos dirigeants actuels ont une vision à court terme, i-e pas plus loin que la prochaine élection, en évitant de froisser tous les types de minorité afin de ne pas faire trop de vagues.

Sans oublier, toutefois, d'écraser les fourmis qui, elles, font tout le travail, pour montrer qu'ils gouvernent.

Je suis prêt de changer de pseudonyme pour le moqueur désabusé.

par: le moqueur roux

alaberge alaberge ·  02 mars 2010, 1:59:33 AM

Ce billet est vraiment intéressant! Pourrions-nous dire que l'éducation d'aujourd'hui correspond aux compétences de l'époque actuelle et que l'éducation d'hier est équivalente à ses compétences?

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  02 mars 2010, 2:37:22 AM

Dans quel sens? (les époques)

cfortin cfortin ·  05 mars 2010, 3:48:21 AM

C'est simple, lorsqu'on se sent en danger ou pas capable de comprendre,il est plus facile de revenir en arrière au lieu de se botter le d... afin de comprendre et d'évoluer.Ce n'est pas donné à tous d'avoir du chien et de se tenir debout devant ses propres idées et décicions. C'est plus facile, de dire ce que certains veulent entendre, comme cela pas de chicane avec les plus pesants!Il faut se faire aimer. Mme Courchesne cherche à plaire aux plus pesants et non à régler un problème.
Bravo!Mme Arseneault, vous vous tenez debout!!!

npageau npageau ·  06 mars 2010, 1:36:32 AM

Je suis d'accord avec cette article, il faut investir sur la réussite et non sur le décrochage comme elle le dit si bien. Avant de parler largement d'un sujet qu'on ne connait guère, il faudrait qu'elle réalise le travail des enseignants dans leur quotidien cela pourrais aider aux prise de décisions que nos ministres prennent en solo sans nous avertir et sans même nous questionner.Je suis pour la mise en place de nouvelle manière d'enseigner mais pour ça il faut être actif et en relation avec les jeunes.

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