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Logiciels libres: un peu d'ouverture à la STM

Juste un billet rapide afin d'indexer cet article de RueFrontenac qui explique que le CA de la STM vient de décider de considérer les logiciels libres plutôt que d'automatiquement acheter MS Office 2010. Je me permets de mettre de l'emphase sur le fait que la décision semble venir du CA et non des services informatiques... :-( C'est donc les administrateurs qui reconnaissent les logiciels libres et pas les "spécialistes" en informatique. Difficile de les faire changer d'avis eux. Pas facile de convaincre des gens que changer est avantageux... (Est-ce parce que le changement implique d'apprendre de nouvelles manières de faire et de modifier nos petites habitudes?)

Je me demande dans quelle mesure cette décision est liée à la récente victoire de Savoir-Faire Linux en court?

C'est tout de même un signe d'ouverture...

Mise à jour du 23 avril 2012

Un lecteur m'a cordialement indiqué que le lien vers le site de Rue Frontenac n'était plus fonctionnel et m'a aussi fourni le lien menant aux archives de l'ancien journal... Le texte actuel a été modifié tel que décrit ici:

Ancien lien: http://www.ruefrontenac.com/nouvelles-generales/92-transport/27352-stm-microsoft-appel Nouveau Lien: http://www.exruefrontenac.com/nouvelles-generales/92-transport/27352-stm-microsoft-appel

Merci M. Pierre!

pgiroux

Auteur: pgiroux

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Commentaires (6)

Marc Marc ·  09 septembre 2010, 8:43:43 AM

Les habitudes sont plus fortes que tout. Changer d'habitude demande une décision consciente et des efforts consentis.

Un département informatique a nécessairement des compétences très spécialisées dans un nombre réduit de technologies, celles qui sont déployées présentement. Il est donc normal que les employés aient une préférence pour les technologies qu'ils connaissent et dans lesquelles ils excellent. Les managers cherchent naturellement à s'équiper avec des technologies que leurs employés peuvent supporter. La boucle est bouclée.

C'est au niveau stratégique (DSI, PDG, CA) que les décisions doivent être prises concernant le modèle à utiliser. Il y a encore du chemin à faire. C'est le rôle des DSI finalement d'éduquer leur pairs ("officers"). Quand il ne le font pas, c'est l'organisation entière qui est punie sous forme de perte de valeur et de compétitivité.

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  09 septembre 2010, 6:37:01 PM

La boucle n'est pas bouclée justement. C'est ça le problème!

Pour moi, les gens en TI offrent un SERVICE! Un service qui doit être gérer en fonction de ses utilisateurs. La raison d'être des TI dans une organisation est de faciliter l'atteinte des objectifs de cette organisation. Je m'attends donc des professionnels en TI qu'ils écoutent les besoins des utilisateur finaux et s'y adaptent, qu'ils envisagent toutes les possibilités et, si nécessaire, qu'ils s'actualisent. Or, je me dois de remarquer que c'est rarement le cas. Prenons l'exemple d'une université, une institution axée sur l'éducation, la formation et la recherche,avec un budget limité... Comment expliquer que les choix technologiques sont réalisés plus souvent en fonction des SERVICES informatique et administratif qu'en fonction de la raison d'être de l'institution?

Dans le cas de la STM, je me serais attendu des PROFESSIONNELS en TI qu'ils reconnaissent le potentiel des logiciels libres et qu'ils en tiennent compte réellement et professionnellement avant de soumettre un projet au CA. Même si cela amenait obligatoirement certains d'entre eux à se former. Même si cela les obligeait à sortir de leur zone de confort et à mettre le pieds dans un nouveau paradigme. Ça ne semble pas avoir été le cas... Pourquoi? Peur du changement? Attrait de la facilité?

Mes attentes sont plus élevées...

Manu Manu ·  09 septembre 2010, 8:00:57 PM

J'ai un peu de difficulté à comprendre vos points de vue autant vous monsieur Giroux que monsieur Marc.... Vos opinions semblent ne se baser que sur des suppositions de ce qui se vie dans des services TI d'organisations publiques... Croyez-vous vraiment que ce que vous lisez dans un média en rapport à un dossier soit ce qui se passe en réalité? Pour des chercheurs de votre calibre, je trouve qu'il s'agit là d'affirmations gratuites sans un minimum de démarche de recherche...

Le problème du logiciel libre au Québec n'est, selon moi, VRAIMENT pas en rapport avec un manque de connaissance des professionnels TI et encore moins parce que ces professionnels désirent rester dans leur zone de confort.

Oeuvrant comme gestionnaire TI dans une organisation publique depuis 15 ans, je peux vous certifier que s'il y a un corps de métier qui est dynamique, vif et qui n'a pas peur de se remettre constamment en question dans une organisation publique, c'est bien les professionnels TI.

Pourquoi le logiciel libre n'est pas encore présent dans les organisations publiques au Québec? Tout simplement parce que le logiciel libre n'est pas prêt... Et qu'une organisation publique qui s'y lancerait présentement serait tout simplement irresponsable. Il est vrai que l'organisation économiserait des sommes importantes qui sont présentement renvoyées au richissime Microsoft. Par contre, autant au niveau formation, que support, que pertes de productivité, ce serait une catastrophe et l'argent économisée en achat serait rapidement épuisée...

Pour avoir effectué plusieurs projets pilotes au fil des années (je vous parle de projets pilotes avec de vrais utilisateurs finaux, pas des trippeux technos qui sont en mesure de se dépanner et trouver des solutions pour contourner les problèmes), le logiciel libre, au niveau bureautique (os de bureau et suite bureautique) n'est toujours pas prêt à compétitionner avec les grandes solutions répandues dans les grandes sociétés. Au mieux elles sont adaptées à une utilisation domestique ou au niveau PME...

Vous me citerez des gouvernements européens qui ont fait le saut.... Sans doute que la culture là-bas est différente... Vous disiez que les professionnels TI devaient tenter de trouver des solutions aux problèmes des utilisateurs finaux... C'est vrai... Les gestionnaires TI doivent eux, prendre des décisions qui sauront répondre au mieux à la plus grande quantité d'utilisateurs en étant le plus efficace et ce, au meilleur coût (pas seulement coût d'achat)...

Maintenant, pourquoi ce procès perdu et ce recul de la STM? Simplement que les organisations publiques n'ont souvent pas les moyens (ou pas prioriser ce sujet) pour effectuer des recherches approfondies qui arriveront aux conclusions que les gestionnaires TI connaissent déja... Sans doute qu'une organisation publique n'aura pas le choix d'en faire une dans les mois suivants... Ça coutera de l'argent aux contribuables et sera certainement très bien vu des consultants... Mais le résultat... Bien hâte de voir...

Pour terminer, le logiciel libre a une très grande place déja dans l'organisation publique au niveau systèmes d'exploitations de serveurs, bases de données, plateformes de développement web, etc... A ce niveau, le logiciel est extrêmement concurrent aux solutions commerciales traditionnelles. Ce n'est pas encore le cas au niveau bureautique..

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  09 septembre 2010, 10:26:56 PM

Bonsoir Manu,

(J'ai fait des ajouts, c'est souligné.)

À titre informatif, j'étais professionnel avant d'être professeur. Professionnel dans une université. Service de l'audio-visuel...

Souvent, pas quotidiennement tout de même, j'ai été témoins d'exemples de décisions étranges et de manque d'initiative. Il est cependant vrai que j'ai généralisé BEAUCOUP (trop). Il y beaucoup de sous-entendu dans mon court billet. Je dois avouer que les gens qui travaillent en TI ne sont pas tous comme je les ai décrit l'ai laissé entendre plus haut. C'est aussi vrai que pour chaque exemple négatif, je peux probablement en trouver deux positifs.

N'empêche...

Je crois que tu as tout faux quand tu dis que les logiciels libres ne sont pas prêts. Moi, je crois que c'est la société qui n'est pas prête. La société au sens collectif du terme. Le système ne veut pas changer. On peut le vivre au quotidien en éducation... On ne cesse de nous empêcher d'avancer. Tiens, t'as vu le dernier décret du gouvernement? (C'est dans le billet suivant!) Individuellement, les jeunes et les adultes que je rencontre quotidiennement sont souvent prêts si on leur explique et si on leur expose les valeurs associées aux logiciels libres. C'est tellement proche des valeurs québécoises! De plus, même pas besoins d'aller dans d'autres pays pour trouver des exemples, des études sérieuses menées au Québec démontraient déjà la viabilité des logiciels libres alors que j'étais étudiant au CRIM. Ça fait déjà 6 ou 7 ans ans.

Et pour ce que ça vaut, j'ai maintenant fait le saut à Linux depuis plus de trois ans. Rarement j'ai eu des difficultés et c'était toujours des difficultés à interagir avec des environnements propriétaires. Ex.: réussir à configurer mes logiciels pour fonctionner dans un environnement MS Echange 2007. Le pire, c'est que j'ai cru comprendre que l'on va bientôt passer à 2010 ou à autre chose...  :-(

Je m'attends des professionels des TI qu'ils me montrent le chemin, qu'ils prennent des décisions éclairés et qu'ils répondent à mes besoins. J'ose croire qu'ils peuvent faire cela plus vite et efficacement que moi. Je ne veux pas qu'ils suivent le chemin de la facilité comme c'était PARFOIS (pas souvent, mais tout de même trop souvent) le cas. Je suis prêt à accepter que, dans certains cas, des logiciels propriétaires sont supérieurs. J'en utilise parfois... Mais dans le cas d'OpenOffice et de Linux, tu dois avouer que c'est un peu fort de dire que ça ne peut pas répondre aux besoins. Combien d'utilisateurs de MS Office ne seront pas capable de trouver seul leur chemin dans OpenOffice après 1 heure ou 2 de formation? Combien d'utilisateurs de MS Office utilisent les fonctions avancées?

Avec le recul et après avoir relu cette discussion, ce qui me dérange dans le cas de la STM et dans certains cas d'achat du gouvernement du gouvernement dont j'ai d'ailleurs discutés avec mon député, c'est qu'on tente de me faire croire qu'il n'y a pas d'alternative alors que je sais très bien qu'il y en a une. Je ne sais pas si c'est toujours possible d'utiliser des logiciels libres, mais je refuse de croire que c'est impossible sans que des gens qualifiés aient la chance de se prononcer. Si vous voulez acheté 2000 licences de MS Office, d'accord, mais prouvez-mois qu' OpenOffice, que la suite bureautique d'IBM (libre et très intéressante par ailleurs) ou que d'autres solution ne répondent pas aux besoins de la majorité de vos utilisateurs.  Ne me dites pas que ce n'est juste pas le cas comme on dit NON à un enfant de 2 ans à qui on ne désire pas expliquer. Ça fonctionne ailleurs, alors pourquoi pas ici?

PAt :-)

Manu Manu ·  10 septembre 2010, 12:14:48 AM

Je comprend votre frustration personnelle... Et je ressens cette frustration de bon nombre de gens qui se débrouillent très bien en TI... Mais ce n'est pas le cas d'une très grande majorité d'utilisateurs des outils de bureautique (même si ça s'améliore grandement, et que ça s'améliorera encore plus à voir l'ardeur à laquelle vous conscientisez nos futurs enseignants sur le sujet :).

Vous avez donc la sensation que les professionnels TI ne prennent pas les bonnes décisions car elles ne coorespondent pas à ce que vous attendez.... Malheureusement, s'il fallait pouvoir s'adapter au niveau de chacun, ce serait un chaos incroyable... Imaginez que vous deviez adapter votre enseignement pour chaque individu, en fonction du niveau de chacun... Quoi qu'en écrivant ces lignes, je me souviens d'un enseignant qui y arrivait... Donc je débâtis moi-même mon argument :)

Quoi qu'il en soit, je m'éloigne un peu du sujet principal... Il est certain que je vous rejoins sur un point... Notre société qui n'est pas prête parce que pas formée, pas informée.... Conséquence, la voie facile est souvent utilisée.

Moi aussi je roule sur linux depuis des années, pour mes besoins personnels, pouvant me qualifier d'utilisateur expert à tout le moins... Et ça répond à mon besoin entièrement... Par contre, lorsqu'on analyse une solution pour un environnement de 2000 ordinateurs comme vous le suggérez, qui doivent interagir avec des dizaines de systémes provenant parfois de solutions propriétaires, parfois de solutions libres, utilisés par un éventail d'utilisateurs de différents niveaux... Je ne vous dis pas que le logiciel libre ne peut pas fonctionner.. Je vous dit que le coût total d'un tel changement, en tenant compte de toutes les variables, serait plus élevé que le coût d'achat de la solution propriétaire du méchant géant américain :)

Mais vous avez raison, je ne me base que sur mon expérience, que sur quelques projets pilotes menés au fil des années sur le terrain avec des utilisateurs. Je n'ai pas de démarche scientifique sérieuse (je suppose que c'est de là que vient votre analogie de l'enfant de 2 ans). Et c'est ce que le procès sfl vs rrq a révélé... La loi des organismes publics oblige, pour pouvoir se soustraire à la soumission publique, qu'une "recherche sérieuse et documentée" prouve qu'une autre solution n'est pas viable.... C'est surement ce qui a fait reculer la STM aussi.. Parce qu'on le sait, une recherche sérieuse révelerait qu'une solution libre serait viable... Il faudrait alors faire jouer le jeu des soumissions... Et la solution libre gagnerait... Le problème de la loi sur les organismes publics est qu'on ne peut pas ou TRÈS difficilement faire ressortir les coûts indirects d'une solution... Combien de projets publics ont dérapé en raison de cette fameuse loi du "plus bas soumissionnaire conforme"...

Quoi qu'il en soit... Je serais le premier heureux à trouver une solution pour éviter d'utiliser les deniers publics pour enrichir Microsoft... Mais je n'accepterai pas que cette solution se termine par coûter encore plus cher au collectif... Et c'est ce que j'ai bien peur, arriverait...

Quoi qu'il en soit, nous sommes à l'étape où plus aucun organisme public ne pourra bouger sans que ces recherches et études ne soient effectuées... Qui sera le premier à se lancer???

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  10 septembre 2010, 7:38:17 AM

J'aime bien ta dernière question. Un part de ma frustration provient qu'autour de moi, j'ai contaminé beaucoup de gens, jeunes et moins jeunes. Même sans considérer mes lectures et les expérimentations scientifiques, j'ai acquis la conviction que la moyenne des utilisateurs sont prêts et que leurs besoins ne sont pas suffisamment pointus pour que les logiciels libre ne répondent pas. Ce qui manque, c'est justement que quelqu'un crée le mouvement.

J'ai aussi la conviction que les universités auraient déjà dû donner l'exemple et se lancer. Nous aurions alors créer un mouvement. Les jeunes adultes que nous aurions formé auraient créer une pression sur la société par leur enfants, par l'expérience qu'ils auraient amener dans leur bagages. Malheureusement, la réponse que j'ai souvent entendu de la part des techniciens et professionnels en TI, c'est que ce n'était pas leur rôle... J'interprète, mais pour moi, ça voulait dire: "on me le demande pas, alors je préfère le statu quo." C'est pourtant la mission de l'Université (à mes yeux du moins) de préparer le futur, de provoquer les changements qui peuvent être utiles à long terme. Mais on dirait qu'après une importante période de mouvement, les universités et la société québécoise sont tombés sur le "cruise control" et se contentent constamment du statu quo, que l'on refuse maintenant de prendre des risques. Pensez à l'éducation... Un autre exemple? Hier, j'ai entendu notre maire dire à la radio qu'il ne croyait pas souhaitable que Saguenay soit la première ville à implanter le bac brun pour le compostage des produits de la table. Il ne veut pas que notre ville soit celle qui innove, car il y a un risque. DOH! À ce titre, la société cesserait d'évoluer, on continuerait à polluer de plus en plus, nous n'aurions pas encore de système éducatif moderne, le clergé régnerait peut-être encore en maître sur la culture québécoise, nos conditions de vie ne s'amélioreraient plus, car nous cesserions d'expérimenter...

Par en dessous, plusieurs éducateurs et conseillers pédagogiques on commencer à utiliser des logiciels libres choisis qui répondent à des besoins des enseignants et des apprenants. Les jours ensoleillés, je crois que nous allons y arriver et que les gens vont comprendre qu'il y a souvent des alternatives viables. À d'autres moments, je suis plus inquiet. Quand je constate que des pays émergents ou plus pauvres se lancent à fond dans les technologies et l'éducation, j'ai parfois peur qu'ils soient ou deviennent aussi dynamique que le Québec d'il y a quelques années... Dynamique, fort, un peu téméraire peut-être, mais avec une vision du futur et la volonté de poser des gestes conséquents. Dans dix ans, seront nous encore en bonne position sur le marché international? La qualité de vie de nos enfants continuera-t-elle de s'améliorer?

Quelqu'un doit plonger en ce qui a trait aux logiciels libres. Si les Universités refusent ce rôle, je m'attend à ce que les gouvernements posent les gestes nécessaires. Évidemment, j'ai un biais, les valeurs du mouvement libre m'attirent et me semblent plus susceptibles de garantir notre futur... Ça reste à voir.

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