PédagoTIC

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Connecter le monde

Au Canada, et dans plusieurs autres pays, nous sommes envahis par les technologies. Nous n’avons même pas le temps de nous familiariser avec la dernière en vogue qu’une autre l’a déjà surpassée. Chaque semaine, nous apprenons la présence de certaines encore insoupçonnées. Dans mon cas, depuis quelques semaines, la situation est encore plus véridique puisque j’ai le cours Initiation aux technologies éducatives à mon horaire.

Il nous arrive très souvent de rêver à des progrès dans le domaine des TIC qui nous faciliterait grandement la vie au quotidien. Je connais plusieurs enfants qui répètent sans cesse, aux oreilles de leurs parents, vouloir avoir un Nintendo DS ou un iPad. D’autres n’imaginent plus leur vie sans les technologies. Je fais partie de ce groupe : je possède un cellulaire, un ordinateur portable et je devrai avouer que je suis assez dépendante de ces outils. Je suis consciente de leur gigantesque potentiel : les avancées dans le domaine apportent vraisemblablement du côté de l’enseignement, des arts, des affaires et de la recherche. Face à cette nouvelle réalité, il est tout de même pertinent de nous questionner : sommes-nous égoïstes?

Je suis consciente que les TIC sont un atout. Par contre, elles le sont seulement pour ceux et celles qui en bénéficient. Je suis convaincue de la présence d’une grande inégalité : d’une fracture numérique. Celle-ci existe entre différents pays dont l’accessibilité aux technologies est disproportionnée, mais également au sein de la même ville et du même quartier. Par ailleurs, elle désigne une inégalité dans l’accessibilité, mais également au niveau des aptitudes pour l’utilisation. Comme je suis certaine que tous ne sont pas familiers avec l’expression fracture numérique, j’ai trouvé pertinent de clarifier la notion abordée. Voici, ce qui qualifie la fracture numérique, selon le site La documentation française :

« Elle désigne le fossé entre ceux qui utilisent les potentialités des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour leurs besoins personnels ou professionnels et ceux qui ne sont pas en état de les exploiter faute de pouvoir accéder aux équipements ou faute de compétences ».

Notamment, le document de recherche : Découvrir la fracture numérique, daté d’octobre 2002 par G. Sciadas stipule que les principales causes du fossé technologique sont diverses. Parmi celles-ci, il est possible d’en nommer quelques-unes : le revenu, l’instruction, l’âge et la situation géographique. Aussi, il est possible de mentionner, grâce à cette étude, que, de façon générale, la pénétration des TIC augmente avec le revenu. Je suggère la lecture du document, qui s’est révélée être forte intéressante.

Pour ma part, j’ai visité le Honduras il y a trois ans, dans le but d’y faire de l’aide humanitaire. Je me souviens très clairement de l’émerveillement dans les yeux de ma sœur d’accueil quand le téléphone sonnait. Je n’avais pas besoin de poser la question, que je connaissais la réponse : ma famille d’accueil venait d’avoir le téléphone et c’était la seule et unique technologie dont elle disposait. L’eau potable était très limitée, très peu de familles avaient la télévision et très rares sont celles qui possédaient un téléphone cellulaire. Ai-je besoin de mentionner que je n’ai vu aucun ordinateur dans ce petit village appelé Pueblo Nuevo, et très peu au cours de mon séjour dans ce pays. Notre groupe a également travaillé quelques jours dans une petite école préscolaire du village : un « kinder ». Je ne suis pas certaine que l’intégration des TIC est une compétence visée par l’école pour les élèves alors qu’ils possèdent plus ou moins le matériel nécessaire pour apprendre et que pour plusieurs, le seul repas ingurgité dans la journée est fourni par l’école en matinée. Nous parlons d’une réalité d’il y a trois ans, quelques progrès sont probablement survenus depuis ce temps. Assez pour dire que le fossé est disparu? J’en doute fort. Je pense qu’une accessibilité aux technologies, et entre autres, à Internet, pourrait avoir un réel impact sur l’instruction de ces jeunes comme pour tous les jeunes en fait. Des enfants de l’école maternelle de Pueblo Nuevo au Honduras.

Voici une brève citation sur les données de l’Union internationale des télécommunications, assez éloquente. Celle-ci reflète vraisemblablement la réalité en une seule phrase.

« Les statistiques de l’UIT indiquent que l’absence d’accès à l’Internet constitue un frein à la croissance ».

De plus, une citation supplémentaire est intégrée ici, car elle exprime bien certaines causes de la réalité actuelle.

« La quasi-totalité des 2/3 du monde non connecté vit dans les pays du sud. Une différence qui s’explique par le cout de l'investissement nécessaire des infrastructures à mettre en place, mais aussi de l’absence de volonté politique des gouvernements… »

Parmi tous les pays du monde, l’Afrique est celui le moins connecté quand on parle d’Internet. L’Afrique subsaharienne a un taux de pénétration de 7 % pour Internet régulier et de 1 % pour celui à haut débit. Le taux est approximativement de 20 % pour les Caraïbes, l’Amérique latine, l’Asie de l’Est et dans le Pacifique. Le taux est bien mieux du côté de l’Afrique du Nord avec 40,4 %. (Les statistiques proviennent d'ici.)

Jusqu’à maintenant j’ai abordé seulement les différences pouvant exister entre certains pays parce que la différence d’accès est tellement visible et majeure, mais nous pouvons tout autant aborder cette réalité pour deux voisins séparés par un capital économique différent.

En tant que future enseignante, je me dois de faire face à cette réalité, qui le sera toujours lors de mon entrée sur le marché du travail. Serai-je à l’aise de demander à mes élèves de faire un travail à la maison, à l’aide d’internet, ou bien j’aurais la crainte qu’un élève se sente impuissant dans cette situation en regard au fait qu’il ne possède pas l’outil de travail demandé? Comment devrais-je réagir si un élève se vante à qui veut bien l’entendre, d’avoir la nouvelle technologie sur le marché, alors que d’autres dans la classe peuvent à peine manger le minimum de nourriture pour passer au travers de la journée? D’une manière ou d’une autre, nous parlons ici de justice et d’équité. Où le jeune n’ayant pas accès à Internet trouvera-t-il ses réponses? Je suis consciente qu’il peut en trouver à l’école ou en questionnant son entourage et sa famille. Certes, il restera toujours des questions sans réponses : quand celle-ci est méconnue ou quand la question est embarrassante.

Les jeunes n’ayant pas accès à ces outils technologiques seront désavantagés par rapport aux autres au niveau de la communication avec leurs pairs, de l’accès à l’information facilement et rapidement, sur le plan de la découverte et de la culture générale, et sur tellement d’autres plans. La faible accessibilité à Internet et aux technologies influence grandement l’instruction des jeunes. Internet et les technologies sont des atouts réels quand il est question d’apprendre. Ils ouvrent la porte à tellement de possibilités ainsi que de moyens et de sources différentes. Voici un lien amenant à un document nommé Avantages des technologies de l'information et des communications (TIC) pour l'enseignement et l'apprentissage dans les classes de la maternelle à la fin du secondaire qui aborde les avantages des technologies dans le domaine éducatif. Celui-ci date de 1999, mais il est encore très pertinent.

Taux d'alphabétisation dans le monde

Statistiques sur le nombre d’abonnés Internet dans le monde

L’éducation est un droit, ce n’est pas un luxe, et ce, dans les meilleures conditions possible. Étonnamment, je ne suis pas la seule qui pense que ces données alarmantes sur le taux d’alphabétisation dans le monde peuvent et devraient être modifiées. Il y a près d’une décennie, le G8 exprimait quelques énoncées en faveur de changements face à l’accessibilité de l’information.



« Chacun, où qu’il se trouve, doit avoir les moyens de participer à la société mondiale de l’information et personne ne doit en être exclu ».

Il serait utopique de croire qu’une coïncidence est survenue : les endroits ayant de hauts taux d’alphabétisation ont plus facilement accès à Internet.

D’un autre côté, il est essentiel d’aborder le côté humain de tout cela. Comment se sent un parent ne pouvant offrir le minimum à son enfant alors que le voisin bénéficie d’une panoplie de gadgets? Comment doit-on se sentir quand nous n’avons pas le privilège d’avoir une télévision à la maison et que l’on passe près d’un homme parlant au cellulaire tout en naviguant sur Internet?

Je me souviendrai toujours d’une soirée que j’ai vécue il y a quelques années. Je gardais deux petits garçons pour la première fois. Leur mère avait eu mon numéro de téléphone par le biais d’une autre, alors je ne connaissais point la famille. Au centre du salon du petit appartement, nous pouvions retrouver une gigantesque télévision à écran plat. Par contre, aucun téléphone n’était présent, ni, malheureusement, aucune nourriture dans le garde-manger. Je me souviens avoir vu le cadet mettre de la farine dans sa bouche parce que son ventre criait. Je vivais tellement d’incompréhension.

Maintenant, je pense toujours que la mère a fait de mauvais choix, mais je me dis aussi que la société est en partie responsable. Celle-ci crée tellement de pression : tout le monde se doit d’avoir en sa possession le modèle dernier cri en matière de technologies. Comment en vouloir à cette femme qui veut jouir du même luxe que le voisin, mais qui ne sait tout simplement pas comment s’y prendre. J’ose imaginer que cette femme et d’autres vivant des situations similaires font une part de leurs choix en conséquence d’une bonne éducation de leurs enfants. Certes, tous veulent avoir accès à une foule de technologies, mais comment s’y prendre? Au final, peu de personnes peuvent y parvenir.

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/internet-monde/img/graphique-utilisateurs-inte.gif Répartition des utilisateurs d'Internet dans le monde (2009)

Si l’on porte une attention aux graphiques présentés, on peut apercevoir que le pourcentage de distribution d’Internet dans certains pays comme l’Afrique s’est amélioré, mais très peu. L’Asie est toujours en tête avec un fort pourcentage. Donc, nous pouvons conclure que très peu de modifications sont survenues du côté des utilisateurs d’Internet entre 2006 et 2009. Visiblement, les pays ont misé ces dernières années, et misent toujours sur les avancées technologies. Certes, il faut prendre conscience de l’écart qui se creuse, de la division supplémentaire qui se crée et qui s’accentuera si nous ne changeons rien à cette situation dramatique. Je considère qu’il est grand temps de concentrer nos efforts et notre énergie pour fournir une accessibilité des TIC à tous.

Par ailleurs, même si le défi d’accessibilité est rempli dans le futur, il restera tout de même un problème majeur à classer, la question d’utilisation des technologies. Certains auteurs, suite à cette réalité, parlent d’une double fracture numérique. Il est merveilleux d’offrir un présent, mais encore faut-il que la personne le recevant sache l’utiliser convenablement. Il y a quelques années, l’UNESCO a fait quelques démarches en ce sens.

« L’essor, vers 1978, de l’informatique dans les pays riches, a donné lieu à des discussions sur l’impact de cette technologie sur le développement. Dans cette optique, l’UNESCO a mis en place un organisme intergouvernemental pour l’informatique (IBI), dont le but était de créer les conditions nécessaires pour permettre aux pays pauvres de réussir leur développement informatique et, par là même, réduire la fracture avec les pays riches. C’est donc à partir de l’informatique et non pas nécessairement de l’expansion de l’internet qu’est apparu le discours sur la fracture numérique ».

En regard à toutes ces opinions, faits et informations, quelques conclusions peuvent être tirées. Premièrement, le problème n’est pas simple, il nécessite des questionnements, des études, du travail et plus encore. Déjà, il est possible de mentionner que peu importe les solutions trouvées pour contrer ce problème, celles-ci nécessiteront des ressources financières et humaines. Aussi, il est nécessaire de stipuler le fait qu’actuellement, selon les données de recherche de Découvrir la fracture numérique, cette dernière est à la baisse. Donc, le projet d’éradiquer la fracture numérique n’est pas simple, mais il n’est pas impossible.

Notre réalité est tellement loin de celle d’un Sénégalais ou d’un Haïtien. Ma réalité est tellement loin d’un sans-abri québécois. Nos quotidiens sont tellement éloignés, même à l’opposé. Le domaine technologique nous apporte sans aucun doute mille et une opportunités supplémentaires, et n’enlève rien aux autres, vous me direz. Une des nombreuses forces de l’être humain est sa capacité d’empathie. Si notre vie diffère tellement de la leur, comment exercer encore cet atout? Imaginez un monde où tous pourraient jouir des nombreux atouts des technologies. Nous parlons d’un monde où les inégalités seraient bien plus minces. Un monde où plusieurs fléaux seraient réglés j’imagine. Je sais pertinemment que je suis capable de diminuer mon rythme de vie dans le but d’apporter une meilleure qualité de vie à ceux qui ont moins de chance, parce qu’au fond c’est souvent que cela : de la chance.

Je tenais simplement à ajouter que le titre de cet essai Connecter le monde est, à la base, celui d’une initiative de l’UIT.

Kim Fleury, étudiante à l'UQAC

Je certifie avoir fait le maximum dans le but que mon essai soit conforme aux règles de la langue et avoir respecté les règles de la nétiquette.

etu59

Auteur: etu59

Restez au courant de l'actualité et abonnez-vous au Flux RSS de cette catégorie

Commentaires (0)

Les commentaires sont fermés


no attachment



À voir également

Le premier "Salon techno-pédago" de l'UQAC

Le comité de pédagogie universitaire de l'UQAC a organisé le premier "Salon techno-pédago" de l'UQAC le 8 avril dernier. Voici ce que j'y ai présenté...

Lire la suite

Sujet des travaux de session pour le trimestre d'hiver 2011

Voici une liste de sujets que je souhaite voir traités durant le trimestre.

Lire la suite