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Enseignants vs TIC : compétition ou collaboration ?

Les jeunes d’aujourd’hui suivent la technologie de près. Ils adorent tout ce qui est dernier cri et sont parfois même à l'affut. Ceux qui n’ont pas encore d’iPhone en veulent un, et ceux qui n’ont pas d’ordinateur sont une espèce en voie d’extinction. Certains, s’ils le pouvaient, passeraient 100 % de leur temps devant leur ordinateur, ce qui exaspère leurs parents et questionne bon nombre d’enseignants. C’est bien normal : comment pourraient ces adultes éducateurs occupés rattraper leur retard sur la technologie ? Par où commencer ? Le résultat : les TIC sont un peu mises de côté… De toute façon, il y a tellement de connaissances à transmettre aux enfants, de compétences à développer chez eux ! Il ne reste plus beaucoup de temps à accorder à cette nouvelle matière…

En tant que future enseignante, la question que je me pose est la suivante : est-il vraiment important de favoriser l’usage des TIC à l’école ? Ai-je le droit de les mettre de côté à mon tour ? Ça dépend de mes priorités. Ce qui est certain, c’est que la technologie fournit d’innombrables outils pour réussir. Elle est aussi un excellent moyen pour motiver les jeunes. Par-dessus tout, elle constitue à l’heure actuelle un danger pour eux, tout comme le reste de ce qui les entoure. Qui leur enseignera à circuler de façon critique et avertie dans cette jungle qu’est le monde ?

Un plus gros coffre à outils que celui de mon père… et bien plus léger !

Le Centre francophone d'informatisation des organisations (CEFRIO) a démontré dans son rapport sur la génération C qu’un fort pourcentage des jeunes pense qu’Internet renferme plus d’informations valables que leurs enseignants. Quelle insulte ! Les élèves devraient-ils jeter leurs professeurs désuets à la poubelle ? Les retraites se prendraient bien jeunes, cette année… Ont-ils vraiment tort ? Bien sûr que non ! En matière de connaissances, Internet a, depuis quelques années, dépassé les pauvres mortels. Il en revient nous, les humains, d’en tirer profit. Il ne faut pas oublier toutes les autres formes de technologies qui ne cessent d’évoluer. Je pense au tableau blanc interactif, au canon projecteur et aux logiciels de montage vidéo, qui rendent la production de courts métrages accessible même aux plus jeunes. Toutes ces possibilités sont là, à portée de la main, et sont autant de façons de différencier l’apprentissage pour la communauté scolaire.

Si vous doutez encore que l’utilisation des TIC donne un bon coup de pouce aux apprenants, lisez ce que Mario Asselin présente de façon frappante dans la deuxième partie sur cinq de L'apprenant comme participant à la construction de contenu. Imaginez deux étudiants en compétition à l’école. Vous êtes le deuxième ; )

Je vais utiliser un ordinateur portable. - Tu utiliseras du papier et un crayon. J’aurai accès à de l’information mise à jour. - Tu compteras sur un manuel de base qui est vieux de cinq ans. Je saurai immédiatement quand j’aurai mal épelé un mot. - Tu auras à attendre que ton travail ait été corrigé. J’apprendrai comment tenir compte de la technologie tout en l’utilisant. - Tu liras sur le sujet. Je verrai les problèmes de maths en trois dimensions. - Tu aborderas les problèmes à partir de tes propres représentations. Je produirai des travaux artistiques et de la poésie, puis la partagerai avec le monde. - Tu partageras tes créations avec ton groupe-classe. Je disposerai d’un accès 24/7. - Tu disposeras de la totalité de la plage horaire des cours en classe. J’aurai accès à l’information la plus dynamique qu’elle soit. - La tienne sera imprimée et photocopiée. Je serai en communication avec des leaders et des experts en utilisant le courrier électronique. - Tu attendras les présentations du vendredi. Je privilégierai mon propre style d’apprentissage. - Tu utiliseras celui que l’enseignant favorise pour lui-même. Je serai en constante collaboration avec d’autres apprenants de partout dans le monde. - Tu pourras compter sur la collaboration des camarades de ta classe. J’irai aussi loin que je le voudrai dans mes apprentissages. - Tu devras attendre ceux de la classe qui vont le moins rapidement.

Bien sûr, ces élèves sont aux antipodes. L’un a tout, l’autre n’a rien, mais l’exemple est parlant : il démontre de façon évidente que les technologies soutiennent l’apprentissage.

Les TIC sont une source d’informations pour tous, mais elles sont aussi le moyen d’expression par excellence. Blogue, page Web, courriel, messagerie instantanée… la liste est longue. Comme l’a recensé le Cefrio, les jeunes de la génération C publient pratiquement tous dans leur temps libre. Si ça se trouve, ils sont probablement distraits en classe parce qu’ils ont hâte d’aller lire ce que leurs amis ont écrit sur Facebook. Pourquoi les enseignants ne profiteraient-ils pas de cette passion pour mettre en place des activités qui intéressent vraiment les jeunes? Si un des principes d’enseignement est de créer des situations d’apprentissage signifiantes, l’éducation est en retard. Bien peu de choses sont aujourd’hui publiées de façon manuscrite. Pourtant, la majorité des enseignants font encore transcrire les brouillons des élèves « au propre », à la main !

De plus, les TIC pourraient bien être la solution pour les enfants qui, en raison de leur handicap physique, éprouvent de sérieuses difficultés à s’intégrer à l’école ordinaire et à tous ses travaux écrits. En effet, un scripteur aux prises avec des difficultés de préhension peut se décourager par rapport à une journée d’école normale «papier-crayon». La FST, une fondation suisse au service des personnes en situation de handicap, suggère de fournir un ordinateur personnel à ce type d’élèves, directement dans sa classe. Ce poste lui permettrait de produire plusieurs travaux à l’écran, au lieu de le faire avec son crayon. Si son handicap l’empêche de manier habilement le matériel informatique traditionnel, la société propose même de nombreuses alternatives ergonomiquement adaptées au point de vue ergonomique à leur handicap, comme une souris alternative ou un clavier spécial.

Finalement, les TIC fournissent d’innombrables outils d’apprentissages à côté desquels il ne faudrait pas passer… à moins d’être dépassé.

Motivation

Qui a envie de se compliquer la vie avec les vieilles techniques ennuyeuses qu’utilisaient ses grands-parents ? « Tous à vos craies et à vos ardoises, aujourd’hui, on écrit des phrases ! » Il est plus que temps de renouveler les outils de travail de nos élèves, avant de les faire mourir d’ennui. Une période au laboratoire informatique fait tellement plaisir aux enfants !

Les TIC sont d’excellents moyens de motivation pour les enfants. Un travail sur l’ordinateur n’en est presque pas un, à leurs yeux. C’est un jeu. Ils s‘expriment déjà sur la Toile de façon non encadrée, pour se distraire. Et les apprentissages qu’ils y font sont nombreux !

Si vous pensez que les activités auxquelles ils se vouent sur la Toile ne servent à rien, sachez que l’apprentissage informel est un des plaisirs les plus populaires. La preuve : si vous aimez jouer à votre jeu virtuel préféré, c’est parce qu’il représente un défi réalisable et que vous pensez pouvoir vous y améliorer. C’est donc que, par ce jeu, vous apprenez ! Comme l’a écrit Mario Asselin, les jeunes continuent d’apprendre, à la maison.

Par l’intermédiaire des blogues, des wikis, des réseaux sociaux (Twitter, Facebook, etc.) et du clavardage (pour ne donner que ces exemples), les apprenants ont envahi l’espace public provoquant une conversation à plusieurs voix et une grande quête d’apprentissage tous azimuts.<

Pourquoi ne pas profiter de ce goût pour favoriser des apprentissages structurés ? Ils aiment produire et chercher sur le Web. Il n’en tient qu’à nous, enseignants, de nous mettre à jour et de transférer les travaux que nous leur ferions produire sur papier dans un contexte technologique de notre temps !

Zone de danger

Les élèves doivent apprendre à naviguer de façon sécuritaire et responsable sur la Toile. Ce n’est pas en leur limitant l’accès à Internet qu’on leur enseignera à être autonomes. Les citoyens de demain, et même d’aujourd’hui, doivent connaître la nétiquette ainsi que les dangers que représente Internet. Comme le parent qui ne laisserait pas son enfant traverser la rue sans lui apprendre à regarder des deux côtés, les enseignants ne devraient pas laisser les élèves naviguer sur la Toile sans leur apprendre à la faire de façon sécuritaire.

Si l’école doit préparer les apprenants à leur vie future et que l’avenir, c’est la technologie, elle doit les former à diffuser correctement sur la Toile. Bien sûr, tous apprennent de leurs erreurs, mais les erreurs pourraient être lourdes de conséquences pour un enfant. Aussi, nous avons l’opportunité de leur permettre de les éviter. Mario Asselin a bien développé cet aspect dans son texte :

Si les adultes apprivoisent, ce faisant, leur condition d'immigrants qui s'approprient la culture numérique, ils sont souvent surpris en travaillant avec leurs élèves à l'aide des blogues et des autres outils du Web participatif de tout ce qu'ils doivent « faire apprendre » pour que ces modes de communication respectent les usages éthiques du respect de la propriété, du droit à l'image et du respect de la réputation de chacun.

De plus, il est primordial d’enseigner aux enfants à juger de la fiabilité des sources disponibles sur le Web. Ils sont des chercheurs actifs, mais sont-ils des chercheurs sérieux ? Il est de notre devoir de favoriser les situations d’apprentissage leur permettant de développer leur pensée critique à ce sujet.

Finalement, les TIC sont une incommensurable masse d’outils d’apprentissage et Internet est une formidable source d’informations. Les enseignants auraient avantage à en tirer profit, car ils auraient alors la possibilité de varier leurs façons d’enseigner et peut-être même de gagner du temps. Les enfants seraient plus intéressés par les travaux scolaires, car ils en ont tous assez des questionnaires papier-crayon. Il est temps que les situations d’apprentissage qu’ils vivent soient de leur époque. De plus, si on ne leur enseigne pas à utiliser la technologie correctement, respectueusement et de façon sécuritaire, ils ‘apprendront eux-mêmes, à leurs dépens…

etu8

Auteur: etu8

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Commentaires (1)

Kim Kim ·  21 octobre 2010, 12:04:35 PM

Je suis en accord avec toi, spécialement quand tu mentionnes le fait qu'il faut apprendre comment naviguer et quand tu amènes l'idée que les technologies peuvent apporter un côté signifiant aux situations d'enseignement-apprentissage.

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