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Internet à la rescousse de la langue française dans les écoles?

En effet, il n’est pas étranger, de nos jours, d’entendre dire que la langue française est sur le déclin dans notre belle province. Le phénomène a débuté depuis déjà quelques décennies et s’il faut en croire les médias, ce n’est pas la prochaine génération qui risque d’aider ces résultats. Car la nouvelle vague d’enseignants en place, qui doit aider les jeunes à maîtriser la langue, est encore moins performante que leurs prédécesseurs. Nous nous retrouvons donc dans une boucle infinie de médiocrité et la lumière au bout du tunnel est encore bien loin d’être visible. Mais est-ce vraiment la réalité d’aujourd’hui? S’il faut croire l’article de Daphné Dion-Viens publié en début d’année dans le quotidien Le Soleil, les futurs enseignants ont bel et bien de la difficulté avec leur langue. Près d’un étudiant sur deux échoue le test obligatoire TECFÉE et doit ainsi suivre des cours de rattrapage pour terminer son baccalauréat. Sont-ils moins intelligents ou sont-ils juste mal formés? Et pour ce qui est des jeunes au secondaire, le rapport est-il aussi dramatique? Selon toute vraisemblance, la réforme du système scolaire québécois qui recommandait radicalement qu’il fallait mettre plus d’emphase sur la langue n’a pas connu le vif succès espéré. Bref, les enseignants n’arrivent pas à soutenir les jeunes face aux particularités de la langue de Molière. Ils doivent donc en faire un peu plus par eux-mêmes pour s’en sortir. Ont-ils les outils pour s’attaquer au problème? Plusieurs diront qu’un moyen efficace de s’améliorer réside dans le simple fait de lire d’avantage. C’est une solution intéressante, mais à notre époque marquée par la technologie de pointe accessible pour tous, serait-il absurde de mentionner que les bibliothèques n’ont plus autant la cote? Est-ce qu’aux yeux des enfants et adolescents les livres sont un peu dépassés et peu attrayants? Et si la solution au problème d’intérêt pour la lecture nous pendait au bout du nez et que nous ne l’avions pas encore remarquée. De manière générale, les jeunes se servent plus que jamais d’Internet et des gadgets connexes qui sont devenus à leurs yeux comme absolument essentiels. Est-ce que les jeunes liraient déjà beaucoup plus qu’on le soupçonne grâce aux nouvelles technologies et donc se donnerait vraisemblablement une chance face à la compréhension de la langue sans le savoir? C’est ce que je tenterai de prouver dans les prochaines lignes.

Des jeunes « branchés »

De prime abord, si on rempli une salle de cent personnes aléatoirement sélectionnées sans restriction d’âge et qu’on pose la question suivante, « à mains levé, qui d’entre vous a déjà utilisé un ordinateur ou un appareil électronique portable au moins une fois dans votre vie? », il est fort à parier que la presque totalité de la génération qui se situant entre 12 et 17 ans lèvera la main. J’irai plus loin en mentionnant que selon une étude à propos de la « Génération C » du CEFRIO paru l’an dernier, 74 pourcents des jeunes de la même génération que mentionnée précédemment possèdent personnellement un ordinateur personnel ou un portable. Ce qui représente le trois quart des 1,2 millions de jeunes de cette tranche d’âge comme le mentionne la même étude. Ce n’est que la pointe de l’iceberg car il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui Internet est accessible par plus d’un moyen; les consoles de jeux, les IPods et les cellulaires ne sont pas comptabiliser dans cette source. Il est fort à parier que ces chiffres augmenteraient encore de quelques pourcents s’ils seraient comptabilisés aussi. Ces chiffres sont intéressants mais ne justifient toujours pas comment est-ce qu’Internet pourrait bien aider les jeunes à améliorer leur langue française. Toujours en se basant sur l’étude du CEDFRIO mais cette fois-ci pour les 12 à 24 ans, si on se concentre maintenant sur les applications du WEB que les jeunes et jeunes adultes font le plus on remarque que plusieurs d’entre-elles les obligent à lire ou écrire : écrire dans un «wiki», faire connaître ton opinion sur un produit, écrire dans ton blogue personnel, commenter les blogues des autres, afficher ou consulter des petites annonces, échanger des notes de cours, consulter un blogue, trouver de l’information en ligne avant de faire un achat en magasin, clavarder, communiquer par courrier électronique et rechercher de l’information. Bref, même si on critique souvent leurs habitudes sur Internet, ils lisent et écrivent beaucoup plus qu’on le croit. Si le terme « clavarder » et s’envoyer des « e-mails » ne laissent présager rien de bon pour l’amélioration de la langue écrite et en raison du phénomène du « langage Internet » qui est lui aussi en expansion, quelques intérêts des jeunes se démarquent et sont très positifs. À titre d’exemple, l’étude du CEFRIO mentionne que 85% des jeunes recherchent de l’information sur le Net.

Une implication grandissante Si auparavant la recherche dans le cadre de travaux se faisait à la bibliothèque, n’est-il pas évident que maintenant elle se fait en ligne? L’Internet est incontestablement la plus grande bibliothèque au monde, pourquoi ne pas l’exploiter au maximum car elle est aussi probablement la plus facilement accessible. En ce sens, plusieurs organismes ont pris les devants et se tiennent à l’affut des besoins des jeunes. Ainsi, on mentionne dans un article paru en 2007 sur le site WEB de l’UNESCO (Organisation des Nation Unies pour l’éducation la science et la culture) que l’organisme a signé un accord avec la bibliothèque du congrès américain pour mettre en ligne gratuitement des documents rares, voir même unique dans certain cas. Le projet qui porte le nom de « bibliothèque numérique mondiale » sera accessible dans sept langues, soit en arabe, en chinois, en russe, en espagnol, en français, en anglais et en portugais, et visent à permettre à tous de profiter des merveilles que l’on peut trouver dans les bibliothèques de partout à travers la planète. Cet exemple est grandiose car il nous permettra d’outrepasser les frontières et permettra aussi aux étudiants d’aller vers des sources primaires pour confectionner adéquatement leurs recherches. Plus près de nous, plusieurs journaux et canaux de télévision publient des articles en ligne et permettent de rester au courant de l’actualité en seulement quelques clics. En voici quelques-uns parmi les plus populaires à titre d’exemple : la presse (cyberpresse), le journal de Québec, le Devoir, le journal de Montréal (Canoë), RDS, Radio-Canada et j’en passe. Même si les journaux ne sont pas publiés pour les jeunes, ils sont tout de même une banque d’information de première main qui est indéniable. Même certains magazines pour jeunes ont pris le « virage technologique » en publiant en entier leur magazine ou en mettant en ligne quelques bribes du prochain numéro pour attirer l’attention des ados via des réseaux sociaux très populaires comme Facebook ou Twitter. Bref, les entreprises ne sont pas dupes, si la clientèle change ces goûts et que la popularité d’un produit est en chute libre, ils doivent éventuellement aller vers ce que le client demande pour survivre. C’est une loi de base du marché économique capitaliste : l’offre dépend de la demande. Si la demande change, essentiellement, l’offre le fera aussi.

Les jeunes au cœur du système scolaire

Loin de moi l’idée de tenter de formuler une leçon d’économie capitaliste, ce qui m’intéresse à ce sujet c’est l’apprentissage et les moyens d’y arriver. En ce sens, je vais débuter par poser une question qui me semble capitale pour en arriver à des solutions intéressantes : si dans le domaine commercial les entreprises modifient leurs façons de faire pour rejoindre les appréhensions du client, est-ce que dans le domaine scolaire il serait possible pour les enseignants de faire de même et d’aller vers l’intérêt des jeunes? Est-ce que l’intégration plus poussé des TIC serait une option profitable pour ranimer l’intérêt des jeunes pour leur langue? Probablement que oui! On leur impose la lecture de livres ou de textes qui ne les rejoignent pas vraiment, qui datent parfois d’une autre époque et qui ne les intéressent tout simplement pas. Si on présume que l’élève est au centre de son propre apprentissage, ne devrions-nous pas lui demander ce qu’il a le goût de lire? Le but ultime est tout simplement de le faire lire, peu importe le type d’ouvrage s’il réalise l’exercice, alors se sera une mission accomplie. Bien sûr, il faut tout de même demeurer strict sur le choix des élèves pour éviter les lectures à caractère violent ou sexuel. Mais comme on utilise un outil qu’eux-mêmes maîtrisent assez bien, il ne devrait pas être problématique de leurs faire choisir un texte « politiquement correct ». Néanmoins, il ne s’agit que d’une idée de base, une multitude d’activités peuvent découler directement de cet embryon. À titre d’exemple, ils pourraient devoir produire un court résumé de son contenu, ou en faire la critique. Pour aider à composer, Internet nous propose une panoplie de dictionnaires, de grammaires, de traducteurs qui peuvent être grandement utiles. Plusieurs outils sont totalement gratuits et facile d’accès, pourquoi ne pas en profiter? Pour finir le présent exercice il pourrait devoir publier ce travail sur un site préalablement construit par l’enseignant ou un blogue. Ainsi le travail de la classe ne perdra pas totalement son intérêt car cette nouvelle ressource créée par les jeunes pourrait être accessible par le reste de l’école et, en bout de ligne, donner droit à des discussions sur ce même sujet. Ce qui encouragerait les jeunes à lire et écrire toujours d’avantage. Les élèves doivent être engagés dans des projets qui les tiennent à cœur et qui leurs apportent quelques choses pour qu’ils aiment ce qu’ils font. Comme j’ai déjà œuvré dans le domaine de la suppléance au niveau secondaire et primaire, plusieurs fois je me suis fait demandé : « à quoi ça me sert de faire ça » ou « à quoi ça va me servir dans la vie ». Combien de fois j’ai répondu de manière positive à ces interrogations en sachant bien qu’en bout de ligne le jeune ne se questionne pas toujours pour montrer son mécontentement, il veut juste s’investir dans sa propre formation et il sent que certains exercices l’intéressent moins car ne tiennent pas compte de sa personnalité. Les compétences à atteindre sont rigides et doivent le demeurer, mais il y a tant de manières de les évaluer, il y en aura surement une qui plaira aux jeunes.

Conclusion

Finalement, ne serait-il pas insensé de dire que les problèmes linguistiques des jeunes seraient uniquement dus à un manque d’intérêt flagrant? Il y a certes un manque au niveau de la motivation mais avons-nous réellement essayé d’une quelconque façon de l’alimenter en proposant des activités motivantes? Ainsi, il est beaucoup plus facile de créer un engouement lorsqu’on cible les ambitions des élèves au lieu de tenter de le créer de toutes pièces. L’échec n’est pas obligatoire, mais il est plus probable que si on part d’une base déjà établie. De cette manière, comme les ados sont en grande majorité branchés dans le cyberespace et qu’ils apprécient le fait de travailler avec le matériel lié aux nouvelles technologies, n’est-ce pas une combinaison gagnante pour alimenter un intérêt? De plus, les possibilités face à Internet sont aujourd’hui quasiment infinies, on peut y trouver presque n’importe quoi en quelques clics. Les organismes et les entreprises ont compris les changements qu’ils devaient apporter pour rejoindre la clientèle. De plus en plus, on met en ligne ce qu’auparavant on proposait en format papier. Il s’agit d’une immense révolution pratique mais aussi écologique. Combien d’arbres seront sauvés dans les prochaines décennies? C’est un grand pas pour la nature! Les fondements sont en place pour du changement dans le système scolaire. Les jeunes ont changés et l’approche doit absolument faire de même. Les étudiants lisent déjà, ils le font par eux-mêmes sur le WEB. Un peu d’ingéniosité et d’ouverture sur les possibilités et il sera possible pour les enseignants de « rattraper » leurs élèves. Tel est le mandat, ne plus jamais perdre le contact avec la réalité, les jeunes sont et doivent demeurer beaucoup plus importants que la leçon.

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Auteur: etu84

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