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De l'ADN numérique? À l'école?

À l’aube du remaniement ministériel concernant les compétences transversales présentes dans le Programme de formation de l’école québécoise (PFEQ), les remises en question quant à leur enseignement en classe sont de plus en plus présentes. Cependant, absence ne signifie pas nécessairement impertinence. Certaines de ces compétences sont pourtant essentielles pour la construction d’une société en santé. Au-delà de ce décret, plusieurs concepts ou aptitudes à développer n’ont jamais figuré dans le PFEQ malgré leur pertinence. Les concepts nouveaux doivent-ils être enseignés s’ils répondent à la mission de l’école, qui est d’instruire, de socialiser et de qualifier, malgré leur absence dans le PFEQ? La réforme n’est pas très loin derrière nous, mais la société évolue rapidement et le Programme du ministère doit suivre la parade afin de répondre aux besoins de la société.

L’expression « identité numérique », concept nouveau qui a de plus en plus d’importance dans notre société, ne figure nulle part dans les documents ministériels en éducation, ce qui en inquiète plus d’un. Je tenterai donc d’évaluer son importance et sa pertinence au sein du PFEQ. La génération « C » a déjà fait son entrée dans les établissements scolaires du Québec et il est de notre devoir de les instruire, de les socialiser et de les qualifier dans un monde qui leur appartient, le monde 2.0.

Dans un premier temps, il sera question de définir les grandes lignes du concept de l’identité numérique. Par la suite, des liens seront créés avec les objectifs du Programme de formation et la mission du Ministère de l’éducation du loisir et du sport (MELS). Finalement, je commenterai et donnerai mon opinion tout au long du développement concernant l’enseignement de l’identité numérique.

Tout d’abord, avant de parler d’identité numérique, il est essentiel de comprendre ce qu’elle constitue et quels sont ses enjeux. Étant donné que cette représentation virtuelle est relativement nouvelle et complexe, il n’y a pas de définition tranchée de la chose, même si plusieurs en ont leur conception. L’expression « ADN numérique » a été souvent mentionnée, notamment par Frédéric Cavazza sur son blog, et je crois que la brève définition présentée sur Wikipédia est appropriée :

« L'identité numérique est un lien technologique entre une entité réelle et une entité virtuelle ».

Mais au-delà des nombreuses définitions, Bruno Devauchelle l’explique d’une manière plus visuelle avec sa carte concept. Je crois que la manière la plus concise pour définir l’actualisation de notre représentation numérique est de la catégoriser en deux manières distinctes : passive et active.

Le principal problème relié à la construction de son identité numérique réside dans le fait qu’elle s'enrichit, en partie, de manière passive. Tous ont un rôle à jouer dans son actualisation et étant donné l’impossibilité d’avoir une totale emprise sur les actions des autres, il est d’autant plus nécessaire de bien maîtriser l’aspect actif de notre identité sur le Web. De cette manière, notre représentation numérique s'enrichit des traces électroniques que l’on laisse. Donc mon ordinateur, les sites que je fréquente et les fournisseurs d’accès sont tous susceptibles d’alimenter cette identité virtuelle. Au-delà du Web, nos cartes de crédit, nos cartes bancaires ainsi que notre téléphone mobile sont aussi sources d’approvisionnements. Les traces humaines laissées par les autres entrent aussi en jeu. Par exemple, les productions que je fais ne sont pas à l’abri des commentaires ou des liens créés envers celles-ci, de la même manière que les propos tenus par les autres internautes à notre insu.

L’identité se construit aussi de manière active. C'est-à-dire que, heureusement, nous possédons une certaine emprise sur notre identité à travers le Web. Nous sommes donc autonome envers les publications et des informations personnelles que l’on partage, comme notre nom, notre âge, notre religion ou encore nos opinions politiques. Cependant, être responsable de ses actes ne signifie pas nécessairement être conscient de leur portée et de leurs répercussions. C’est donc cette partie préventive que l’on doit introduire dans les écoles. Je crois que le manque d’information provenant du milieu familial et de la société peut nuire à l’enfant dès son cheminement scolaire au primaire. On introduit les TIC dès le premier cycle sans pour autant donner les outils nécessaires aux élèves. Permettons-nous à un enfant de traverser la rue sans lui avoir exposé les dangers potentiels et les règles de sécurité essentielles? Le Web est plus qu’un outil de nos jours, c’est un réseau de connaissances et de socialisation à travers lequel les enfants de la génération C vivront à demi-temps, mais existeront à plein-temps. Pourtant, les dangers sont tous aussi présents et les règles de sécurité doivent être apprises correctement, afin de pouvoir en tirer tous les bénéfices. Les élèves devraient donc savoir que l’identité numérique se modèle selon leurs productions telles les blogs, les wiki et les différents sites Web auxquels ils participent. D’autre part, ils participent aussi à l’élaboration de la représentation numérique des autres lorsqu’ils proposent ou réagissent aux contributions dans les blogs, les forums ou les différents espaces de collaboration.

Notre représentation numérique se construit donc de deux manières bien différentes, mais de façon reliée. L’identité numérique est un cercle vicieux : moins nous nous préoccupons de façonner une représentation positive de nous sur le Web, plus nous offrons la possibilité aux autres utilisateurs de la « tacher ». C’est donc sur l’aspect actif et volontaire qu’il faut miser pour éduquer convenablement les jeunes et tous les utilisateurs du Web 2.0. L’insouciance est le problème majeur de la majorité des erreurs commises sur Internet. La responsabilité des éducateurs (parents, enseignants, société, etc.) est d’offrir la chance aux enfants de se forger une personnalité et une identité qui leur permettront d’évoluer et d’enrichir la société de demain. C’est d’autant plus important de participer à la construction de leur identité numérique qui s’avèrera un allié de taille pour leur futur.

Depuis la réforme scolaire de la dernière décennie, l’école québécoise honore du mieux qu’elle peut sa mission qui est d’instruire, de socialiser et de qualifier les futurs citoyens. Trois verbes brefs et concis qui en disent long sur la complexité du métier d’enseignant. Trois verbes qui, au fil des ans, changent de signification avec les générations. Les besoins des jeunes aujourd’hui ne sont plus les mêmes qu’hier et une société en changement signifie une école en changement. Le Programme de formation de l’école québécoise est donc un outil indispensable pour réaliser ces trois champs d’actions. D’ailleurs, la technologie constitue un domaine d’apprentissage, ce qui signifie que des compétences doivent être acquises durant les trois cycles du primaire. De cette manière, la première mission qui est d’instruire est en lien directe avec les TIC. Aussi, la seconde voie qui est la socialisation est inévitable dans notre société de communication. Finalement, qualifier n’est pas valable que dans le cadre d’une profession, qualifier signifie aussi donner des moyens aux élèves afin qu’ils soient en mesure d’intégrer une société qu’ils construisent et à laquelle ils participent. Le sens moral et critique se développent et Internet est sans doute le meilleur des moyens pour y parvenir ou du moins, un outil inestimable pour répondre à cette troisième action. Autant de manières de construire et de modeler une identité numérique.

De manière plus concrète, le Programme de formation de l’école québécoise comprend le volet technologie qui doit être évalué, particulièrement lors du deuxième et troisième cycle du primaire. Déjà, avec la manipulation des TIC, l’élève est soumis à une représentation virtuelle de lui-même. Pourtant, l’expression « identité numérique » ne figue nulle part à l’intérieur du Programme. Les compétences à faire développer chez les élèves requièrent la manipulation de différents matériels technologiques et le bon usage de ceux-ci devrait être au centre des apprentissages. À partir du moment où nous entrons dans le monde du Web, une identité personnelle virtuelle se crée et il ne faut pas minimiser la portée de nos gestes et ce, peu importe leur nature.

Dès le départ, en survolant la section des apprentissages communs aux domaines de la mathématique, de la science et de la technologie du PFEQ, le ministère désire que l’élève puisse

« porter un jugement critique au regard des répercussions (…) de la technologie sur l’individu, la société et l’environnement » (PFEQ, 2006).

La connaissance et le contrôle de son identité numérique nécessite, selon moi, un jugement critique de la part d’un individu. C’est la base à maîtriser avant de s’aventurer dans le monde du Web de connaître la portée de nos gestes et leurs répercussions, pas seulement sur nous-mêmes, mais aussi sur les autres autour. Par la suite, le PFEQ reconnaît clairement l’omniprésence de la technologie dans nos vies et il en prescrit même l’initiation dès le premier cycle du primaire, malgré son absence dans la grille-matière. D’ailleurs, la compétence « explorer le monde de la science et de la technologie » témoigne de son importance. C’est à ce moment que l’enfant apprend à réfléchir aux gestes qu’il pose par rapport aux TIC et à leur impact sur le monde immédiat. Il serait donc approprié d’introduire les bases d’une utilisation correcte de ces outils afin de les sensibiliser. S’ils sont en mesure de les utiliser, ils sont en mesure d’en comprendre la portée ou du moins en partie. Avec cette compétence, le Ministère vise donc le développement de la culture technologique chez les élèves, en soulignant l’importance d’une prise de conscience et d’une appréciation de son apport à la société. Ainsi, l’une des manifestations attendues est

« (d') adopter la distance nécessaire pour reconnaître les valeurs qui les fondent et les enjeux sociaux qui en découle, pour en reconnaître les limites et en mesurer les impacts aussi bien positifs que négatifs dans notre vie » (PFEQ, 2006).

Pour ce qui est du deuxième et du troisième cycle, les compétences 1 et 2 du domaine de la technologie requièrent, selon moi, la connaissance où du moins la reconnaissance de l’existence de son identité numérique. À cet âge, l’élève est amené à non seulement utiliser la technologie, mais aussi à user de son sens critique afin d’en reconnaître les avantages et les limites de son utilisation. C’est véritablement un réflex, selon moi, qu’il faut tenter d’inculquer aux enfants. Un réflex qui les amènera toujours à se questionner sur les impacts de chacune de leurs actions posées envers les TIC. Une métacognition nécessaire à leur évolution dans le Web 2.0. La première compétence qui est de « proposer des explications ou des solutions à des problèmes d'ordre scientifique ou technologique », confronte l'élève à des problèmes dont il doit faire face de manière plus autonome. Il fait donc

« appel à des connaissances plus élaborées, tant scientifiques que technologiques, et développe des habiletés plus complexes » (PFEQ, 2006).

Dans un deuxième temps, la compétence « mettre à profit les outils, objets et procédés de la science et de la technologie » permet à l'enfant de découvrir, d'expérimenter et d'utiliser divers outils technologiques afin d'en comprendre ses diverses utilités et les impacts associés. Dans les deux cas, l'élève modèle et crée, au fil des activités, son identité numérique que ce soit activement ou passivement. Selon moi, il est nécessaire d'inculquer aux enfants les règles nécessaires à un usage éthique et professionnel. Dans ce sens, sans relancer le débat sur les compétences transversales, je crois que le Ministère avait visé juste lorsqu'il a créé un lien entre les deux compétences d'ordre technologique et les compétences transversales. En plus de requérir des compétences d'ordre méthodologique en exploitant les TIC,

« cette compétence fait aussi largement appel au jugement critique puisqu’elle suppose la capacité d’apprécier les enjeux éthiques reliés à leur usage » (PFEQ, 2006).

Voilà ce que l'on souhaite faire développer aux jeunes et qui est indissociable à l'utilisation des TIC.

Finalement, l'identité numérique prend une place de plus en plus grande dans la vie de chacun et particulièrement pour la génération C. Le CEFRIO a justement publié un rapport sur la génération C avec des statistiques qui ne mentent pas sur les habitudes technologiques de cette génération. Je n'ai pas été étonné de voir que les québécois de 12 à 24 ans ont facilement accès à Internet et que 96% d'entre eux l'utilisent à partir d'un ordinateur personnel. C'est une réalité qui fait partie de notre quotidien que ce soit à la maison ou à l'intérieur des établissements scolaires. Maintenant, la question est de savoir: à qui appartient la responsabilité de sensibiliser les enfants à leur identité numérique? Je crois qu'il n'y a aucune réponse toute faite et que c'est le devoir de chacun de s'en soucier. Comme toutes questions éthiques et morales, l'éducation doit commencer à la maison. D'un autre côté, certains enjeux pouvant avoir des répercussions sur la société deviennent la responsabilité de l'état. Étant donné que l'école est l'institution qui se doit de répondre aux besoins de la société, je crois qu'elle à un rôle majeur à jouer dans l'éducation de la représentation numérique chez les jeunes. D'une part, l'intégration et l'utilisation des TIC font partie des compétences à faire développer aux élèves et d'une autre part, il y a l'absence de l'expression « identité numérique » au sein du PFEQ qui soulève de nombreuses questions. Je crois que tant que l'identité numérique brillera par son absence dans le Programme, ce sera la responsabilité des enseignants de l'intégrer à leur manière afin de répondre aux besoins de la génération C.

Pour les enseignants, les étudiants ou toutes personnes désirant en apprendre davantage sur son identité numérique, je vous propose deux outils très intéressants à utiliser. Le premier lien nous permet de tester notre « signature » numérique. Avec seulement notre nom et notre prénom, l’outil dresse un portrait de nos informations disponibles sur le Web. Il est possible de prendre connaissance de ces informations grâce aux liens de nombreux sites qui nous sont présentés, tels que Google, facebook, myspace, youtube, twitter et bien d’autres. Le second lien, quant à lui, est présenté sous forme de jeu amusant et peut être idéal selon moi pour une clientèle plus jeune. Il n’est pas nécessaire d’avoir une identité numérique puisque le jeu l'évalue fictivement selon notre niveau d’exposition et nos préférences relationnelles. De plus, cet outil nous donne une idée assez juste de notre profil et notre personnalité sur le Web 2.0.

Je certifie avoir porté une attention particulière à l'utilisation correcte de la langue française et à la correction des fautes

Vanessa Moreau

Bibliographie

CAVAZZA, Frédéric. (Page consultée le 7 décembre 2010). Qu’est-ce que l’identité numérique? (2006), (En ligne) Adresse URL : http://www.fredcavazza.net

DEVAUCHELLE, Bruno. (Page consultée le 10 décembre 2010). Une carte de l’identité numérique (2008), (En ligne) Adresse URL : http://www.brunodevauchelle.com

MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT (MELS). (Page consultée le 11 décembre 2010). Programme de formation de l’école québécoise (2006), (En ligne) Adresse URL : http://www.mels.gouv.qc.ca

ROY, Réjean. (Page consultée le 7 décembre 2010). La génération C – Les 12 à 24 ans: moteurs de transformation des organisations (2009), (En ligne)Adresse URL : http://www.cefrio.qc.ca

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Auteur: etu34

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