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Haïti: le transport et les routes

Après notre réunion à l'Université d'État d'Haïti et une courte visite de certains quartiers de Port-aux-Princes, nous devions partir vers Grand-Groâve. C'est un parcours à obstacle d'environ 60 kilomètres qui nécessite entre 90 et 180 minutes selon le trafic. Selon les sources, la distance à parcourir varie entre 50 et 70 kilomètres. Je dirai donc que c'est environ 60 kilomètres... C'est donc en me dirigeant vers Grand-Groâve que j'ai continué à me familiariser avec les Haïtiens, le pays et la culture locale...

C'est le curé de la paroisse (qui est aussi le directeur de l'école avec laquelle nous allions collaborer) qui devait venir nous chercher. Il arrivait tout juste de Montréal. Nous avions bien essayé de prendre le même avion, mais toutes les places étaient déjà vendues sur ce vol. Il faut dire que venir à Haïti par avion depuis Montréal n'est pas facile. Il y a peu de vols et ils sont généralement pleins. Vraiment trop plein... D'abord, il n'y avait pas une place de libre dans l'avion. Même la première classe était pleine. Selon l'agente de bord avec qui j'ai discuté, c'est souvent le cas. De plus, les gens qui quittent Montréal vers Haïti, souvent des gens de la diaspora ou du personnel des ONG (Organisation Non Gouvernementale) qui vont à Haïti pour divers projets d'aide (creuser des puits, construire des écoles ou des orphelinats, etc.) ou visiter leur famille, ont toujours des valises trop nombreuses et trop pleines de choses simples qui manquent aux Haïtiens. Vous auriez dû voir le visage de la dame d'Air Canada qui tentait d'expliquer pour la cinquième fois à l'homme devant moi que sa valise était beaucoup trop pleine et que ça lui couterait très cher pour l'amener avec lui à Haïti. L'homme s'obstinait, il voulait apporter tout sa avec lui et continuait de dire que la balance devait faire défaut. Pourtant, il avait eu d'énormes difficultés à la lever pour la mettre sur la balance... La valise faisait presque le double du poids permis et menaçait à chaque instant de s'ouvrir. Je vous pari qu'au retour, ça valise sera tout aussi pleine, mais de bon rhum, de vanille et d'autres choses que l'on trouve ici en abondance et à des prix ridicules. Notez aussi qu'un employé d'Air Canada parcourt la file des clients et oriente ceux qui semblent avoir trop de bagages vers des balances à usage libre pour qu'ils vérifient par eux-mêmes le poids de leurs bagages. Cet employé était suffisamment occupé pour avoir manqué le fameux client placé juste devant moi dans la file d'attente.

Donc, comme je vous le disais, c'est le curé de la paroisse et directeur de l'école qui venait nous chercher pour nous conduire à Grand-Goâve. C'est un nouveau curé. Il est jeune. L'ancien, celui avec qui le projet a été initié est à Chicoutimi depuis quelques mois pour y faire une maitrise en éducation. Nous ne le connaissions donc pas du tout... Quelle surprise de constater que le camion était déjà plein au moment où il est venu nous chercher. Malgré tout, nous avons fait au moins deux arrêts pour embarquer d'autres personnes en chemin. Au total, nous étions 11 dans un petit camion pas plus gros qu'un Ford Ranger « king cab ». Nous étions 5 à l'intérieur et les autres étaient dans la « boite », assis sur le bord alors que nous roulions sur une route pleine de bosses et de trous.

Et quelle route! Circuler sur cette route est une expérience en soi. Couvrir les 60 kilomètres qui nous séparaient de Grand-Goâve a nécessité plus de deux heures. Les chemins des ZEC Martin-Valin et Onatchiway (au Saguenay) sont mieux entretenus et plus praticables que cette route! Il ne se passe pas une minute sans que l'on traverse un trou, une marre de boue ou d'eau ou que l'on contourne des déchets posés là ou encore des débris qui sont là depuis le tremblement de terre. De plus, il y a beaucoup de trafic! Des motos, des tap-tap et plein de camions. Tous roulent à gauche et à droite, se dépassent à gauche ou à droite et freinent n'importe quand. Et pendant ce temps, le curé rit et s'amuse en écoutant la radio et les passagers assis à l'arrière chantent ou discutent, assis sur le bord de la « boite » du camion malgré les conditions de la route.

À ce moment, j'étais un peu inquiet. L'attitude du curé qui cri pour répondre au quiz de l'animateur et trimbale tout ce monde dans son camion malgré les risques me surprenait un peu... J'avais rencontré son prédécesseur à Chicoutimi et ce n'était pas du tout le même genre d'homme. Je me demandais vraiment où j'étais tombé et sur qui... En apprenant à connaitre l'homme, j'ai découvert qu'il était exubérant, extraverti et plein d'énergie. Il était aussi très heureux d'être de retour au pays. Il a trouvé l'automne québécois trop froid. Il aime aussi taquiner les gens. Plus tard, chaque fois que nous allons nous plaindre de la chaleur, il va nous agacer en nous disant que nous avons une trop petite santé. Je lui rappelle alors à chaque fois qu'il devra probablement venir au Saguenay en février 2012 pour aider dans la collecte de fonds pour son école... Je lui rappelle aussi qu'il fera probablement -25 ou -30 degrés Celsius. Je prends toujours bien soin de lui préciser que c'est encore plus froid que dans un congélateur... :-) Les débats cessent généralement là sur des mimes de grelotements, des dents qui claquent et un grand sourire!

Sur la route, le pire, c'est les motos. En plus de conduire comme des kamikazes qui ne tiennent pas à leur vie, ils transportent souvent 2 ou 3 passagers. J'ai vu une motocyclette transportant 5 personnes! Pour ce qui est de leur conduite, bien ils circulent très vite, roulent aussi souvent dans la voie de gauche que dans celle de droite et dépassent aussi souvent à gauche qu'à droite. Ceux qui me connaissent bien savent que je roule moi-même assez vite en voiture et en motoneige, mais là, il est question de vrais kamikazes.

Le curé avait embarqué 11 personnes dans son camion. Il y avait nous et quelques personnes de la paroisse qui devaient aller à Port-Aux-Princes et qui avaient besoin d'un moyen de transport. J'ai découvert qu'ici, ceux qui ont une voiture la remplissent souvent au maximum lorsqu'ils font des voyages. Ça rend service à ceux qui n'ont pas de voiture (et ils sont nombreux!) et c'est aussi souvent un moyen de payer pour le diésel. Mais 11, ce n’est presque rien. Vous devriez voir les Tap-Tap. Ce sont des camions aménagés avec des bancs à l'arrière qui servent de moyen de transport plus ou moins public. Moitié taxi, moitié autobus. Ce n’est pas rare qu'il y ait 20 personnes dans un Tap-Tap. Les Tap-Tap sont toujours faciles à repérer parce que ce sont toujours de vieux camions très colorés. Ils ont aussi toujours des messages à caractères religieux de peints sur les côtés. C'est parfois très drôle! Nous en avons repéré un qui devait être conduit par un québécois. Sur le côté, on pouvait lire « Christ La paix! ». Je crois que celui-là, mieux ne vaut pas trop le déranger... :-)

Bref, se déplacer en Haïti n'est pas de tout repos...

En Grand-Goâve, la situation n'est guère mieux. Il y a deux ou trois rues pavées. Malgré tout, elles sont pleines de trous et de débris. Les autres « rues » ne sont rien de moins que de simples sentiers. Personne n'est responsable d'entretenir les rues. C'est un lieu public, mais personne n'en a la responsabilité. Il n'est pas rare qu'il n'y ait qu'une voie parce que la rue est à moitié bouchée par les déchets de construction de quelqu'un qui ne savait pas où le mettre. Personne ne dit rien. On fait simplement le tour du tas de déchets... Le comble, c'est que pour ralentir encore plus la circulation (comme si c'était nécessaire!), les Haïtiens mettent des « gendarmes couchés » (c'est comme ça qu'on appelle les « dos d'âne » à Grand-Groâve) partout et n'importe où!

J'ai rassemblé quelques photos des routes et de tap-tap ici-bas. Elles n'ont pas toutes été prises lors de notre premier déplacement entre Port-aux-Princes et Grand-Groâve, mais elles devraient vous aider à apprécier la condition des routes et les difficultés associées au transport...

pgiroux

Auteur: pgiroux

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Commentaires (1)

Monique Bouchard Monique Bouchard ·  06 décembre 2011, 2:31:18 PM

Je pense que les projets individuels ne sont pas la meilleure des solutions pour aider un pays à se développer.
Voici ce que souhaite Michel Joseph MARTELLY: "Le Président de la République, tout en leur promettant son soutien, invite les responsables de l’institution à se mettre au travail en vue d’établir les nouvelles bases d’une université d’État, avec son propre campus, un curriculum moderne épondant aux exigences de développement, et un professorat qualifié. L’UEH qui comporte en son sein plus de vingt cinq mille (25000) étudiants, dont treize mille (13000) à Port-au-Prince, avait perdu 80% de ses structures lors du terrible cataclysme du 12 janvier 2010."

EUX ONT BESOIN DE VOS COMPÉTENCES! Bonne continuation...!

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