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L'apprentissage des TIC : Techniques de l'Instructeur Courageux

70 000 tablettes numériques dans nos classes du primaire et du secondaire d’ici la prochaine rentrée scolaire. 70 000. Oui, oui! Vous avez bien lu! Après la mise en place de milliers de tableaux interactifs, c’est au tour des tablettes de faire leur entrée à l’école! Ces innovations transforment littéralement la pédagogie dans nos classes. Elles impliquent par ce fait de nouvelles responsabilités des enseignants, en passant par la maîtrise de ces outils, mais aussi par la conscientisation à la cyber-sécurité, à la responsabilité technologique et à la citoyenneté numérique des jeunes sur le web. Cet enjeu suscite beaucoup de questionnement quant à l’engagement des différents acteurs (parents, enseignants, gouvernement) dans l’utilisation croissante des technologies chez les jeunes : qui doit enseigner la citoyenneté numérique et les compétences liées aux TIC, quand doit-on le faire et sommes-nous prêts à le faire?

Un autre rôle pour les parents -comme s'ils en avaient pas déjà assez!-

D’après le rapport synthèse CEFRIO (Génération C, 2009), 96% des jeunes accèdent majoritairement à Internet à partir de leur foyer comparativement à 3% d’entre eux qui ont accès au web davantage à l’école. Qui est responsable d'eux durant ce temps? Les parents. Personnellement, nous trouvons que l'importance de la cyber-éducation des enfants par leurs parents n'est pas à négliger. Par ailleurs, les jeunes commencent de plus en plus tôt à se familiariser avec les technologies, bien souvent avant même d’avoir atteint l’âge scolaire… et n’est-il pas évident que l’autodidactie n’est pas un bon moyen pour l’enfant d’apprendre à naviguer sur le web de façon sécuritaire et responsable? Bien sûr que non… À notre sens, les jeunes, peu importe leur âge, ne sont vraisemblablement pas conscients de l’ampleur de l’univers numérique. Ils ne connaissent pas les réels dangers et ne peuvent s’imaginer toutes les possibilités associées aux technologies, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Ainsi, ils doivent être accompagnés dans leur exploration, ils se doivent d’être guidés et conseillés lorsqu’ils utilisent les technologies, le web, les réseaux sociaux et une grande partie de cette implication doit être faite par les parents. Par contre, plusieurs d’entre eux ne savent pas comment s’y prendre, étant souvent moins compétents encore que leurs enfants… Selon nous, quelques attitudes sont primordiales, et avec un peu de recherches, il est possible pour les parents de trouver des outils pour les aider (notamment ici, un regroupement très intéressant de douze conseils pratiques). Aux termes de ce qui précède, il va sans dire que la connaissance des outils qu’utilise l’enfant s’avère nécessaire pour mieux guider l’enfant et aussi pour savoir ce qu’il fait. Nous sommes d’avis que le contrôle de la fréquence, de la durée et des actions de l’enfant sur Internet est essentielle; par exemple, le parent peut facilement s’assurer que l’enfant ne partage pas ses renseignements personnels en resserrant les paramètres de confidentialité et de sécurité. Il va de soi que le parent devrait limiter l’accès à certains sites ou certaines opérations via le contrôle parental (inclus dans les paramètres de l’ordinateur). Concernant les appareils mobiles, le parent doit partager avec l’enfant au sujet de l’importance de les sécuriser avec un mot de passe ou un code qui, jusqu’à un certain âge, devrait selon nous être donné aux parents pour que ceux-ci en aillent l’accès.

Dès le plus jeune âge, le parent a la responsabilité de vérifier la navigation de son enfant. Avant que l’enfant soit capable de lire, il a besoin de son parent pour le guider lorsqu’il souhaite utiliser l’ordinateur –ou tout autre objet techno-. Selon nous, il est important d’entretenir cette relation d’aide et de partage. Lorsque l’enfant devient plus autonome avec Internet (l’âge varie, c’est davantage selon l’habileté), il est important que le parent lui explique le concept de la cyber-sécurité -et par là nous voulons dire qu’Internet n’est pas synonyme de virtuel, que rien n’y est privé, pas même les informations protégées par des mots de passe!-. Il faut aussi avouer que les jeunes ont tendance à faire confiance à Internet, aux informations qui y sont présentées, mais aussi aux personnes avec qui ils communiquent comme celle qui s’affirme être un ami d’un ami de l’école… (Oui, ça arrive encore!). C’est pourquoi les parents doivent apprendre assez tôt aux enfants que nous ne pouvons jamais être surs de l’identité des personnes qui se cachent derrière l’écran.

Au tour des enseignants maintenant -c'est nous ça?-

La plupart du temps, ce sont les parents qui sont témoins de l’usage d’Internet de leurs enfants à la maison, mais de plus en plus, on vise à intégrer les outils technologiques dans les classes, et de façon bien plus interactive que l’unique cours d’informatique présent dans l’horaire une fois ou deux par semaine. Qu’en pensons-nous? Nous croyons qu’il sera nécessaire que les enfants des prochaines générations développent des compétences élevées en matière techno, car toutes les sphères de notre vie évoluent en ce sens –et ça va très vite!-. Ils sont aussi de cet avis. Certains sondages démontrent que les jeunes trouvent essentiel de maitriser davantage tout ce que les technologies ont à offrir. Comme le sondage Génération C, publié en décembre 2009, le révèle, les jeunes souhaiteraient en savoir plus sur les nouveaux logiciels (et leur fonctionnement), les moteurs de recherche (comme Google), les lois et les dangers relatifs à Internet, et aussi sur les moyens pour déterminer si une source numérique est fiable ou non. Dans cette optique, nous nous sommes inspirées de leurs intérêts à apprendre -et de ce qui est indispensable selon nous- pour déterminer ce qu’un enseignant devrait expliquer et à quel moment il devrait le faire. Dès la première année, les enseignants doivent faire connaître aux élèves le fonctionnement de base d’un ordinateur (malgré que nombre d’entre eux y sont déjà bien habiles). Il est aussi tout indiqué que l’enseignant utilise d’autres technologies comme le TNI ou l’IPAD s’il a la chance d’y avoir accès dans sa classe pour réaliser des situations d’apprentissage et surtout impliquer les jeunes pour qu’ils en tirent profit (ce n’est pas eux qui vont s’en plaindre croyez-nous!). Au premier cycle, les enfants vont explorer et commencer à s’adapter à cet outil en jouant majoritairement à des jeux éducatifs. La suite de l’apprentissage se fera davantage au 2e et 3e cycle. Pourquoi? Au premier cycle, il est plutôt rare que les jeunes aient à utiliser Internet seuls. Ils commencent à peine à écrire et ils ont besoin de se faire guider lors de leur exploration. Ainsi, ce n’est pas à ce moment que la menace est la plus grande!

Au deuxième cycle, les élèves maitrisent davantage la lecture et l’écriture, ils commencent aussi à utiliser les technologies de façon autonome, très souvent par le biais d’appareils mobiles tels que l’IPOD ou le portable. À ce moment, plusieurs enseignants demandent d’effectuer de petites recherches pour qu’ils commencent à apprivoiser les Internet. Pour qu’ils soient en mesure de réaliser ces projets, le devoir de l’enseignant est de leur montrer comment bien utiliser les moteurs de recherche et d’en présenter certains qui sont adaptés à leur niveau. Plus loin dans leur formation, l’enseignant pourra les informer au sujet de trucs faciles pour détecter la pertinence d’une source, car ils en auront besoin durant…toute leur formation!(nous en avons d’ailleurs encore besoin pour ce travail). À la fin du deuxième cycle et au début du troisième, il est nécessaire d’aborder la notion d’identité numérique, celle de la protection des informations et aussi celle de la responsabilité technologique. Lorsque les enfants commencent à utiliser Internet dans le but de communiquer (courriel, réseaux sociaux, chat, etc.) c’est tout un autre monde qui s’ouvre à leur portée! Cet univers leur parait souvent inoffensif, mais en fait, tout ce qui y est écrit peut être vu et partagé par des millions de personnes –et ne parlons pas des photos ni des vidéos…-. C’est pourquoi les enfants de cet âge doivent être soucieux de ce qu’ils écrivent, car cela peut parfois même mener à la cyber-intimidation. Le rôle de l’enseignant est donc de les sensibiliser le plus tôt possible, car ce genre de situation influence directement le climat de la classe même si ça a lieu en dehors de l’école. Il existe aussi beaucoup de ressources sur le web pour aider les enseignants à sensibiliser les élèves comme de courtes vidéos, de petits jeux, des documents informatifs, etc. Une idée très originale a retenu notre attention lors de nos recherches : celle de faire passer à nos plus grands élèves un passeport numérique! Ce dernier vise à vérifier les connaissances des élèves, leur niveau de compréhension du réseau et de tout ce qui peut les rejoindre. C’est une façon d’accorder un permis de naviguer à nos élèves suite à leurs apprentissages réalisés en classe.

Gouvernement... vous avez bien dit gouvernement?

Dans un autre ordre d’idées, nous trouvons important de souligner l’implication des commissions scolaires et du gouvernement dans la tâche de l’enseignant. Selon nous, il est essentiel que les enseignants reçoivent constamment des formations pour les mettre à jour des nouvelles ressources technologiques disponibles et profitables à la classe. C’est aussi au rôle de l’enseignant de participer à ces rencontres! Car nombreux trouvent que ce n’est pas indispensable et donc ne prennent pas le temps d’y assister. Le gouvernement doit aussi rendre accessibles les technologies récentes dans les classes pour qu’elles soient exploitées et utilisées dans un cadre pédagogique –et pourquoi ne pas montrer des exemples concrets de son utilisation?-. À ce sujet, le ministre de l’Éducation, M. Yves Bolduc, a mentionné qu’il souhaiterait que toutes les classes de la province aient un Tableau Interactif à leur disposition d’ici cinq ans. Cela reste à voir… et si cela se concrétise vraiment, est-ce tous les enseignants qui seront capables de l’intégrer et l’utiliser efficacement?

La fin justifie les moyens!

Cette réflexion sur l’intégration des technologies dans nos classes nous amène à nous questionner sur nos compétences…Sommes-nous prêts? La réponse est simple et directe : non. Pourquoi? Vu l’ampleur du défi que les enseignants et futurs enseignants ont à réaliser face aux toutes nouvelles technologies –constamment en changement-, un seul cours dans leur formation ne suffit pas pour être qualifié compétent. Nous avons besoin de beaucoup plus de formations pour être en mesure de bien intégrer les TIC dans nos classes ce qui implique qu’ils ne deviennent pas de simples « ramasse-poussières ». De plus, les cours de didactiques offrent aussi très peu de place à la formation technologique des futurs enseignants. Ceux-ci devraient intégrer l’utilisation des divers outils technologiques pour la matière dont il est question et ainsi, mieux préparer les enseignants en devenir à les utiliser, ce qui rendrait les étudiants plus confiants, notamment lors de leur stage. Bref, nous nous devons, en tant que futurs enseignants de l’ère numérique, d’être des instructeurs dit « courageux » pour braver ce monde qui nous est encore très peu connu, et oser l’explorer.

Auteurs: etu7, etu19 et etu24

Références

  • MAHER, Isabelle. "Explosion du nombre de tablettes numériques à l’école", Le Journal de Montréal. (30 août 2014)
  • DIONS-VIENS, Daphnée. "Yves Bolduc veut évaluer les enseignants", Le Soleil. (3 septembre 2014)
  • ROY, Réjean. 2009, Génération C: Les 12-24 ans- Moteurs de transformation des organisations, Québec, CEFRIO, 48p.
  • Gauthier, C., Martinet, M. A., et D. Raymond, 2001, La formation à l’enseignement : Les orientations; Les compétences professionnelles, Québec, Ministère de l’Éducation, 223 p.
etu7

Auteur: etu7

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Commentaires (4)

etu49 etu49 ·  11 septembre 2014, 6:24:19 PM

J'ai beaucoup aimé votre texte.
Ce que je trouve particulièrement pertinent, c'est que vous ajoutez un acteur que nous avons tendance à oublier dans l'enseignement des TIC : le Gouvernement.
Je crois, comme vous, que si l'on veut former des jeunes compétents par rapport aux technologies, toute la société doit s'y mettre (autant les parents et les enseignants que le Gouvernement).

Bravo!

etu3 etu3 ·  14 septembre 2014, 4:15:24 PM

Félicitation pour votre texte! Il est très bien écrit et j'ai bien aimé votre idée d'y ajouter un lien pour les parents. Je partage aussi votre point de vue en ce qui concerne les différents acteurs impliqués dans l'enseignement des TIC. Cependant, je crois qu'il ne faut pas oublié la responsabilité des élèves eux-mêmes. Une fois qu'il a toutes les outils en main pour utiliser les TIC, il est responsable de bien s'en servir.

etu19 etu19 ·  15 septembre 2014, 6:30:55 PM

Merci beaucoup etu49 et etu3 pour vos beaux commentaires. Etu3, vous avez entièrement raison lorsque vous mentionnez que les jeunes ont eux-mêmes un rôle à jouer. Bien sûr, lorsque les enseignants leur donnent une formation par rapport aux TIC, c'est à eux par la suite de continuer ces apprentissages et de pratiquer dans le but de s'améliorer.

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  22 septembre 2014, 9:25:23 AM

Bravo pour votre travail.

J'ai peu à ajouter aux autres commentaires sauf peut-être un petit commentaire d'ordre méthodologique qui se veut constructif.

Lors de citer quelqu'un ou un fait (ex.: 70 000 tablettes dans les écoles, M. Yves Bolduc dit...), il faut s'assurer d'indiquer sa source dans le texte. Vous l'avez fait à la fin. C'est très bien, mais c'est seulement la moitié du travail. À corriger dans un futur travail. :-)

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