PédagoTIC

La vitesse à laquelle les technologies évoluent dans notre monde actuel est impressionnante, mais elle peut aussi en effrayer plus d’un. Tablettes numériques, drone, Smartpen et imprimantes en trois dimensions ne sont que des exemples d’avancées technologiques. Étant de futures enseignantes, nous devons suivre le rythme et adapter notre enseignement à cette nouvelle manière de vivre. Il devient donc nécessaire de se poser des questions à savoir qui doit enseigner les technologies de l’information et de la communication (TIC) et quand doit-on le faire. De plus, sommes-nous prêtes à assumer cette nouvelle facette imposée par notre profession?

Qui doit enseigner la citoyenneté numérique et les compétences liées au TIC?

Selon nous, l’éducation reliée aux TIC revient aux différents acteurs présents dans la vie des jeunes. De toute manière, nous croyons qu’il serait impossible d’imposer cette tâche à une seule personne étant donné l’immensité du monde technologique. Ainsi, nous pensons que ce rôle appartient aux enseignants, aux parents et aux élèves eux-mêmes.

Les enseignants

Tout d’abord, il est primordial que l’enseignant utilise et enseigne les TIC dans le cadre de ses fonctions. En effet, selon l’ouvrage La formation à l’enseignement : orientations et compétences professionnelles publié par le gouvernement du Québec, le maître doit développer une compétence professionnelle relative aux technologies. Il est tenu

d'intégrer les technologies de l'information et de la communication aux fins de préparation et de pilotage d'activités d'enseignement-apprentissage, de gestion de l'enseignement et de développement professionnel.

Malgré cette exigence, l’enseignant ne dispose pas de directives lui expliquant ce qu’il se doit d’enseigner par rapport aux TIC.

Selon nous, dans un monde idéal l’enseignant devrait apprendre aux élèves l’utilisation des différentes TIC ayant une visée didactique. Par exemple, c’est à lui que reviendrait le rôle d’expliquer les astuces pour faire une recherche efficace sur Internet et le fonctionnement de Microsoft Word, Excel et PowerPoint. Il devrait également conscientiser les jeunes à propos des diverses lois qui s’appliquent au monde technologique (les règles concernant le plagiat, Facebook et le téléchargements de musique ou de films sont de bons exemples). Comme le mentionne le blogueur et fin connaisseur en technologie Mario Asselin, cet enseignement devrait être fait dans le but d’offrir des anticorps à nos enfants.

Cependant, en tant qu’étudiantes, nous ignorons si le monde idéal se rapproche ou non du monde réel. Nous sommes conscientes que le temps et les connaissances de l’enseignant concernant les TIC possèdent des limites. Effectivement, d’une part, l’enseignant a-t-il le temps de couvrir toute cette matière en plus de celle qui est clairement énoncée dans le Programme de formation de l’école québécoise (PFEQ)? D’une autre part, détient-il toutes les connaissances afin de les divulguer clairement et intégralement aux élèves? C’est pourquoi nous pensons que les parents ont également un rôle à jouer dans l’enseignement des TIC.

Les parents

En tenant compte qu’il est du devoir des parents d’encadrer leurs enfants dans leur parcours scolaire en général et de veiller à leur sécurité à la maison, nous pensons que la principale tâche des parents au niveau de l’enseignement des TIC serait d’initier leurs enfants à l’utilisation éthique des différents outils offerts par la technologie. Malheureusement, nous sommes conscientes qu’il y a certains parents qui sont dans l’incapacité d’éduquer leurs enfants à ce propos par manque de connaissances, de temps ou d’implication. C’est pourquoi nous jugeons que les enseignants devraient aussi s’y pencher, au risque qu’ils répètent ce que les élèves ont entendu à la maison. Également, nous devons penser aux facteurs socio-économiques ou démographiques qui peuvent limiter l’accès aux technologies. Par exemple, l’enquête menée en 2008-2009 par le Groupe de travail sur les collectivités rurales branchées montre que seulement 72 % des ménages québécois sont branchés à Internet à haute vitesse ou à vitesse intermédiaire. Ce taux descend à 49 % dans les secteurs ruraux.

Les élèves eux-mêmes

Étant dans un monde qui évolue au sein de la technologie, les enfants naissent et grandissent avec la technologie au creux de leurs mains. On peut donc croire qu’ils sont beaucoup plus technocompétents que les générations précédentes. Le rapport Génération C déposé par le CEFRIO en 2009 fait part que

la proportion de 12-24 ans qui se livre à un usage particulier des TI est plus grande que celle de l’ensemble des adultes québécois.

L’expression «L’élève dépasse le maître» ne se montre que de plus en plus véridique à notre époque. Ainsi, les jeunes s’instruisent eux-mêmes de manière informelle et naturelle aux TIC. Mario Asselin, questionné dans le cadre de la même recherche que citée précédemment, mentionne que les enseignants ne sont plus les seuls à détenir la connaissance puisque celle-ci se trouve partout. Ainsi, les élèves utilisent internet afin d’aller chercher l’information dont ils ont besoin concernant une notion qu’ils n’ont pas comprise en classe.

Quoi qu’il en soit, le partage des tâches concernant l’enseignement des TIC aux élèves n’est pas chose simple. Différents facteurs comme le degré de réalisme du monde idéal et l’idée que les élèves deviennent rapidement meilleurs que l’enseignant nous montrent qu’il ne s’agit pas d’une problématique à laquelle nous pouvons facilement trouver des solutions.

Quand doit-on le faire

Il s’agit d’une question plutôt difficile, mais nous affirmons que l’apprentissage au niveau des technologies doit s’effectuer dès le plus jeune âge. Les enfants de la nouvelle génération ayant un accès direct avec les TIC pratiquement depuis leur naissance (tablettes pour enfants, LeapFrog, etc.), nous croyons que les parents sont les principaux responsables de l’éducation de leurs enfants jusqu’à ce que ces derniers commencent l’école.

En ce qui a trait à l’enseignement des TIC au sein d’une classe du primaire, l’enseignant devra apprendre aux élèves, selon leur âge et leur niveau de connaissances, les techniques de base des TIC et la bonne utilisation à en faire. Il devra également se baser sur les connaissances antérieures des élèves pour les faire évoluer et consolider leur apprentissage. Par exemple, l’enseignant pourrait effectuer en début d’année scolaire un sondage afin de se familiariser avec le niveau de connaissances technologiques des élèves et ainsi se faire une meilleure idée de leurs intérêts et de ce qu'ils souhaitent apprendre. Aussi, l’utilisation des TIC doit se faire au quotidien et progressivement. Étant donné que l’enseignant ne dispose pas nécessairement d’un nombre de périodes dédiées spécialement à l’enseignement des TIC, nous croyons qu’il faut les enseigner à travers d’autres matières. Vient se greffer à cette limite de temps la problématique des ressources technologiques mises à disposition des enseignants. En effet, ce ne sont pas toutes les classes qui possèdent des ordinateurs et des tablettes.

Bref, il est important de suivre le développement de l’enfant afin de lui enseigner l’utilisation des TIC. De même, l’enseignant doit tenter d'intégrer ce type d’enseignement à une autre matière tout en tenant compte du matériel mis à sa disposition.

Sommes-nous aptes, en tant que futures enseignantes, à l’enseigner?

À la question sommes-nous prêtes en tant que futures enseignantes en éducation au préscolaire et en enseignement au primaire, à enseigner les TIC, nous persistons à croire que la technologie évolue très rapidement et qu’il devient facile de perdre le fil dans ce flot d’outils technologiques. De plus, très peu de cours dans notre formation universitaire concernent la compétence des TIC. Ainsi, lorsque nous serons des enseignantes, il sera primordial de se mettre à jour, en suivant par exemple des formations spécifiques malgré, encore une fois, le temps restreint. Pour terminer, nous nous sentons sensiblement prêtes aujourd'hui en tant que jeunes femmes dans la vingtaine, mais qu'en sera-t-il lorsque d'autres nouvelles technologies apparaîtront? Peu de temps passera avant que les élèves de demain nous dépassent technologiquement parlant. Comme le mentionne le CEFRIO, malgré le désir des élèves d’apprendre l’utilisation des TIC, la plupart d’entre eux qui ont été rencontrés lors de l’enquête croit que leurs enseignants ne sont pas outillés convenablement pour le faire.

En conclusion

En conclusion, nous sommes convaincues que l’enseignant, les parents et les élèves doivent s’unir afin que les TIC n'aient plus de secret pour la nouvelle génération et celles à venir. Pour ce faire, nous croyons qu’il est crucial de définir les rôles dès le départ parmi ces personnes concernées. Il serait important que les enseignants soient au courant de ce qui se passe technologiquement et puissent avoir un niveau de connaissances suffisant à l’enseignement des technologies de l’information et des communications. Il y a cependant toujours la constante du temps qui entre en jeu et qui limite ce que nous pourrions faire dans la réalité. En terminant, il pourrait être intéressant de se demander s’il ne faudrait pas augmenter le nombre de périodes passées aux laboratoires informatiques dans le but de former une relève plus consciente des richesses et des dangers rattachés aux technologies.

Texte écrit par Andrée-Anne Larouche, Jessica Lavoie, Sandra Girard et Sabrina Lamontagne