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Des portables ou non à l'université

Pour ce billet, je ne ferai pas de différence entre les chargés de cours et les professeurs. Ce n'est pas nécessaire puisqu'il sera uniquement question d'enseignement. Je parlerai de mes collègues, sans distinction...

Je comprends qu'en écrivant ce billet sur le Web, je vais froisser plusieurs personnes qui désapprouveront le fait que j'ai exposé ce problème publiquement. Personnellement, je crois que ma blogosphère, si je l'interroge correctement, est susceptible de fournir du matériel à réflexion, des exemples et des conseils... C'est la manière de faire 2.0. C'est, à tout le moins, mon interprétation de la manière de faire inhérente au nouveau paradigme...

Notez qu'il s'agit dune analyse partielle et rapide de la situation. C'est pourquoi je conclurai par des questions à ma blogosphère et, je l'espère, à mes collègues...

La situation problématique

De plus en plus d'étudiants de l'UQAC se présentent en cours avec leurs ordinateurs portables. L'UQAC fait d'ailleurs des efforts pour les accommoder. Il y a par exemple plusieurs réseaux sans fil de disponibles et toutes les prises réseau sont accessibles et utilisables (DHCP). Si je vois cela comme un changement inévitable et souhaitable et que je l'accueille avec plaisir (après tout, je travaille pour que ces outils soient de plus en plus présents et utilisés dans nos écoles!), ce n'est pas le cas pour tous mes collègues. À la défense de ces derniers, les futurs enseignants ne sont pas toujours disciplinés et très motivés (au point où je questionne parfois le choix de carrière de certains!). Certains étudiants choisissent donc de clavarder ou de naviguer sur des sites qui ne sont pas utiles ou en liens avec le cours. Il semble que certains étudiants ont aussi confronté des enseignants en leur pointant que la définition qu'ils avaient donnée n'était pas bonne selon une encyclopédie libre bien connue... D'autres étudiants fouillent constamment le Web afin de prendre leur enseignant en défaut. Le résultat est simple, trois collègues intervenant dans le cours du préscolaire primaire ont carrément interdit les portables dans leurs cours et ont averti la direction du module que cette mesure serait ajoutée à leur plan de cours. Des sources étudiantes m'ont aussi confirmé que certains enseignants intervenant dans les cours en enseignement secondaire avaient pris des mesures semblables il y a quelque temps déjà.

Mon point de vue

Les mesures prises ou envisagées par ces collègues vont à l'encontre de la mission des programmes de formation à l'enseignement et n'adressent pas correctement le problème. En fait, les mesures prises indiquent clairement que le problème a été mal compris... Dans les prochains paragraphes:

  1. je ferai un peu d'histoire pour démontrer que cette problématique n'est pas nouvelle;
  2. je préciserai le statut de l'ordinateur dans tout système d'enseignement/apprentissage;
  3. je fournirai un peu d'informations sur les forces en présence aujourd'hui;
  4. je préciserai la mission des programmes en enseignement en ce qui a trait aux TIC;
  5. j'identifierai clairement LES problèmes;
  6. je proposerai des pistes de solutions plus acceptables.

Un peu d'histoire

Durant les années 80, plusieurs projets d'intégration pédagogique de l'ordinateur ont été mis en place partout dans le monde. L'un des plus importants et certainement l'un des instruisant a certainement été le projet ACOT ou Apple Classroom Of Tomorrow. Apple fournissait des ordinateurs aux écoles (1 par apprenant) et aux enseignants (pour la maison). Les classes étaient aussi équipées de lecteur optique, de numériseur et de tous les logiciels requis par l'enseignant ou jugés intéressant par les chercheurs ou la compagnie Apple. De la formation était aussi offerte ainsi que du soutien technique.

À ce moment, il n'était pas encore question de réforme. Le paradigme dominant dans les salles de classe était clairement le paradigme classique "enseignement magistral/exercices répétitifs/évaluation" et les programmes étaient formulés par objectifs. C'est dans ce contexte qu'on a appris que l'ordinateur était un magnifique catalyseur de changement pédagogique. En même temps que d'autres chercheurs dans le monde, les chercheurs du projet ACOT ont constaté que lorsque l'on introduisait des ordinateurs dans la salle de classe, des changements quant à la compréhension et les croyances relatives au processus d'enseignement/apprentissage ce produisaient inévitablement chez les apprenants et chez les enseignants. Ces changements suivaient de plus un cycle qui a pu être décrit relativement précisément. Dans les faits, ça se produisait en gros toujours comme ceci:

  • Les ordinateurs étaient amenés à l'école.
  • Les enseignants ne savaient pas trop quoi en faire ou même comment les installer. Souvent, les ordinateurs passaient un certain temps dans les boîtes, jusqu'à ce que les apprenants insistent pour essayer les ordinateurs...
  • Les enseignants utilisaient d'abord les ordinateurs dans le cadre de leçons d'ordinateurs (cours d'informatique), mais les apprenants étaient nécessairement trop curieux et découvraient rapidement "autre chose" qu'ils s'empressaient de communiquer à leurs camarades. À cette étape, les enseignants rejetaient systématiquement les ordinateurs. L'intégration de ces outils était nécessairement incompatible avec les croyances des enseignants par rapport à l'apprentissage et à la gestion de la salle de classe. Les apprenants parlaient, ils cliquaient partout et ne respectaient pas rigoureusement les consignes. De plus, les ordinateurs, les claviers et les imprimantes faisaient du bruit et le bruit nuisait à l'apprentissage...
  • Chaque fois que les enseignants décidaient d'arrêter l'intégration des ordinateurs dans leur classe, les apprenants revenaient à la charge d'une manière ou d'une autre. Devant l'intérêt des jeunes, les enseignants discutaient de la situation ou y réfléchissaient et décidaient de faire un autre essai. Il s'en suivait le plus souvent une nouvelle confrontation entre la réalité et les croyances des enseignants. Parfois, la confrontation était positive et un enseignant constatait que ses apprenants faisaient de réels apprentissages malgré le bruit et tout le reste. Cet enseignant décidait alors de poursuivre un peu plus l'intégration de l'ordinateur. Souvent, les apprenants proposaient d'utiliser l'ordinateur pour effectuer une tâche liée à un autre sujet académique (utiliser l'ordinateur pour faire des maths ou du français par exemple!)...
  • Après un certain nombre de répétition essais-échec, de réussite et de proposition des apprenants, les enseignants osaient parfois utiliser l'ordinateur pour soutenir leur approche classique et constataient alors presque invariablement que l'ordinateur permettait d'être beaucoup plus efficace.
  • Après quelque temps, les enseignants constataient qu'ils avaient gagné beaucoup de temps, suffisamment pour faire des essais pédagogiquement plus osés.
  • Ils observaient alors qu'il est possible d'apprendre autrement et commençaient à douter de l'ancien paradigme.
  • Avec le temps et l'expérience, ces enseignants continuaient à gagner en assurance et leurs croyances évoluaient. Lentement, ils variaient leurs approches et les adaptaient mieux aux apprentissages et aux apprenants. Ce faisant, ils faisaient le passage du paradigme classique, centré sur l'enseignant et la transmission, à un paradigme nouveau centré sur les apprenants et la construction.

J'ai beaucoup résumé, mais en gros, c'est pas mal ça.... C'est suffisant pour soutenir mon point suivant! Notez qu'un enseignant peut changer de croyances sans les TIC, mais les TIC ont tendances à accélérer le changement. C'est pourquoi je qualifie les TIC de catalyseur pédagogique. Notez aussi le rôle important des apprenants. Il est finalement important de dire que tous les enseignants qui participaient au projet ACOT étaient volontaires. On peut donc croire qu'ils étaient relativement ouverts d'esprit...

Pour plus d'information, consulter ce livre: Sandholtz, Ringstaff et Dwyer (1997). La classe branchée - Enseigner à l'ère des technologies. Montréal: Chenelière/McGraw-Hill. C'est vieux, mais c'est intéressant.

À propos du statut de l'ordinateur

L'un des apprentissages les plus importants que les enseignants faisaient était lié au statut de l'ordinateur. Au départ, il s'agissait d'une nouvelle matière académique. L'ordinateur devenait ensuite un outil susceptible d'appuyer la méthode classique. On utilisait alors beaucoup d'exerciseurs. Lentement, l'ordinateur devenait un outil purement transversal, un outil que l'on peut utiliser pour soutenir le travail dans d'autres champs de connaissance que l'informatique et qui pouvait même servir à autre chose que l'apprentissage (ex.: planification, évaluation ou communication).

Le statut de l'ordinateur aujourd'hui et la mission des programmes de formation en enseignement

En 2009, on utilise l'ordinateur pour tout et dans toutes les sphères d'activité. La société québécoise ne pourrait probablement plus fonctionner sans l'ordinateur. La présence massive de l'ordinateur au Canada, notre niveau de compétence et les nombreux usages que nous en faisons ont contribué à améliorer notre situation économique ainsi que notre qualité de vie. Implicitement, la société a reconnu la flexibilité et le statut d'outil transversal de l'ordinateur. Conséquemment et intelligemment, la maîtrise des TIC est reconnue comme une compétence transversale par le programme de formation de l'école québécoise. Il s'en suit logiquement que l'ordinateur, Internet et les TIC doivent occuper une place dans la formation des futurs enseignants. La compétence 8 du référentiel de compétence pour la formation à l'enseignement est sans équivoque: tous les enseignants doivent avoir un très haut niveau de maîtrise des TIC. Si l'on additionne le statut transversal des TIC au haut niveau de maîtrise attendu des futurs enseignants, que l'on ajoute à cela le fait que les TIC doivent être intégrées à tous les aspects de la profession enseignante et dans tous les domaines de formation et que l'on ajuste le résultat en fonction du fait que tous les programmes de formation à l'enseignement de l'UQAC n'offre qu'un seul cours lié aux TIC sur une période de 4 ans (cours qui n'est pas obligatoire dans 2 programmes sur 3!), on ne peut que conclure que la charge de formation aux TIC n'a pas le choix d'être répartie dans la totalité des cours. Je conviens que cette charge de responsabilité peut varier d'un cours à l'autre, il n'empêche que cette conclusion est inévitable, surtout que, comme je vais le dire plus bas, nos étudiants sont souvent incompétents en matière de TIC.

Première partie du problème: le contexte universitaire

Si l'université est un lieu où les connaissances, les idées originales et les points de vue variés abondent, ce contexte n'en demeure pas moins plutôt lent à changer lorsqu'il est question d'enseignement. Je travaille dans une université depuis 7 ans, d'abord comme professionnel rattaché à un doyen et ensuite comme professeur. J'ai constaté depuis longtemps que la politique, la lourdeur administrative et le syndicalisme empêchent l'université de changer rapidement en ce qui a trait à l'enseignement. Chaque décision importante nécessite beaucoup de consultation et de négociation, car il y a toujours plusieurs groupes d'individus d'impliquer et, dans plusieurs cas, les décisions nécessitent un vote majoritaire dans chaque groupe impliqué. Surtout, tous les acteurs impliqués sont toujours certains d'avoir raison ou de savoir ce qui est le mieux et tous ne sont pas toujours ouverts à de nouvelles idées ou à des idées différentes. Il faut aussi comprendre que tous les groupes n'ont pas la même visée et certains individus appartiennent à plus d'un groupe. Un professeur peut, par exemple, occuper un poste administratif, être enseignant et être syndiqué. Il est alors déchiré entre plusieurs visées et objectifs. Je ne fais que gratter la surface, mais je suis convaincu que notre fonctionnement interne, les charges de travail, le sous-financement et nombre d'autres problèmes sont liés au moins légèrement au problème faisant l'objet de ce billet.

Deuxième partie du problème: les acteurs en présence

Je ne voudrais pas faire de dichotomie, mais il est néanmoins aidant d'utiliser celle proposée par Mark Prensky. Je n'y ferai pas directement référence, mais vous reconnaîtrez peut-être certaines idées de cet auteur. Je note ici que Prensky a récemment mis sa théorie à jour et je recommande à tous d'aller lire ces derniers textes. En gros, je crois que nous faisons ici face à un dialogue de sourds! Deux groupes se parlent et tentent d'interagir sans savoir qu'ils ne parlent pas la même langue!

Premier groupe: les enseignants comme dans la population en général, mes collègues ont intégré les TIC à leurs habitudes de vie et de travail à un degré très variable. Ainsi, un certain pourcentage utilise peu les TIC, reconnaissent peu ou pas d'utilisation valable à ces outils, entretiennent des croyances plus ou moins négatives en ce qui a trait aux TIC et/ou ne croient pas qu'ils soient nécessaire de maîtriser ces outils. Ce petit groupe, bien que minoritaire, existe néanmoins parmi mes collègues.

Deuxième groupe: les jeunes adultes Les jeunes adultes qui arrivent maintenant à l'Université diffèrent significativement de la population des adultes et des dernière génération d'étudiants. Je dois dire que je n'ai pas de données scientifiques à cet effet, mais que je crois avoir observé plusieurs changements important au cours des 5 dernière années au niveau des connaissance et des compétences techniques. S'ils ne sont pas tout à fait des natifs du numérique, les TIC font néanmoins partie de leur vie depuis la pré-adolescence. Les niveaux de pénétration des TIC dans ce groupe sont beaucoup plus importants que chez les adultes. De plus, ils utilisent des outils différents, les utilisent avec plus d'aisance et, dans une certaine mesure, les utilisent mieux que les adultes ou, au moins, plus naturellement. Le dernier texte de Prensky est très intéressant de ce point de vue. Surtout, ces jeunes adultes ont suffisamment été en contact avec les TIC depuis la pré-adolescence pour entretenir une relation différente avec le savoir et la communication. Pour un groupe significatif de ces jeunes adultes, leurs croyances en ce qui a trait à l'apprentissage sont foncièrement différentes de celles des adultes au sens où plusieurs SAVENT par expérience que l'apprentissage est un processus personnel et que l'on peut apprendre seul. L'importance qu'ils accordent à la communication et les méthodes de communications qu'ils privilégient sont aussi fort différentes et beaucoup plus influencées par les TIC.

Troisième partie du problème: ceux qui savent, savent souvent mal!

Un troisième aspect important dans ce problème est le fait que les jeunes adultes qui sont nos étudiants et qui en savent souvent plus que leurs enseignants en ce qui a trait aux TIC n'ont souvent jamais été encadrés. Ils ont donc appris par eux-mêmes, s'encourageant les uns les autres. Pourquoi? Parce que tous les enseignants ne reconnaissent pas encore l'aspect transversal des TIC et leurs importances et aussi parce que tous les enseignants n'ont pas encore les compétences et aussi parce que les équipements font cruellement défaut dans les milieux scolaires et aussi... Les explications sont nombreuses! Conséquemment, les usages qu'ils font des TIC sont souvent inadéquats et à la limite du tolérable. Ils ne savent rien de la nétiquette et ignorent tout ou presque des conséquences possibles de leurs gestes et de l'importance de la sécurité. Ils sont donc techniquement capables, mais carrément ignorants!

Pas surprenant, donc, qu'ils adoptent des comportements inadéquats et, surtout, qu'ils entrent en conflit avec des adultes aux croyances et pratiques différentes. Dans l'ensemble, je crois que cet aspect du problème ne fait que le rendre plus important à résoudre!

Quoi faire alors?

Je me demande quoi faire. L'idéal serait que tous mes collègues intègrent un peu les TIC, chacun en lien avec sa sphère de compétence. L'expérience des futurs enseignants serait ainsi vraiment riche et potentiellement significative. Et je ne parle pas ici de présenter un diaporama PowerPoint... À la fin de leur formation, les futurs enseignants auraient mis en pratique différentes TIC et auraient été familiarisés avec les nétiquette, les droits d'auteurs, etc.

Ce n'est cependant pas aussi facile...

À l'UQAC, chaque enseignant est libre de structurer son cours à sa guise. Si les directeurs de modules et de départements lisent nos plans de cours, ils n'ont dans les faits pas vraiment de pouvoir sur ce qui se passe dans la classes. Les étudiants évaluent nos cours, mais cette évaluation à une valeur très discutable selon les étudiants... De plus, il faudrait des écarts extrêmes de conduite pour envisager une intervention de l'administration vis-à-vis d'un enseignant. Ensuite, même si je suis le professeur responsable du cours en TIC, je ne peux imposer mes vues à personne, même pas à ceux qui donnent le même cours que moi ou un cours directement en lien avec la problématique de l'intégration pédagogique des TIC. Finalement, on ne peut pas non plus révoquer les droits associés à l'expérience d'un enseignant, pas plus qu'on peut l'obliger à se former. On ne peut pas non plus l'obliger à participer à une réunion ou à une réflexion. Plusieurs aspects politiques et administratifs entrent ici en compte.

Il y a ensuite la barrière des croyances. Comment convaincre quelqu'un dont la base de croyances est clairement en conflit avec les connaissances présentées.

Comment intervenir et changer la situation?

C'est là que ma blogosphère peut intervenir. Vous êtes étudiants, enseignants, professeurs, conseillers pédagogiques, directeurs d'école, technicien, programmeur, etc. Qu'en pensez-vous? Que suggérez-vous? S'il manque des informations, posez vos questions et je tenterai de répondre. Je vais même acheminer mon billet à mes collègues. Peut-être arriverons-nous à quelque chose!

Mise à jour du 3 mars, minuit: Mario cite ce billet dans un petit texte à propos de la société du savoir ou des connaissants... Je ne suis pas encore tout à fait certain d'avoir cerné la différence...

Mise à jour du 12 août 2009: Il y a du nouveau dans ce billet...

pgiroux

Auteur: pgiroux

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Commentaires (20)

Luc Gendron Luc Gendron ·  02 mars 2009, 5:08:02 PM

Je comprends ta frustration. Je m'intéresse à la capacité des institutions de contribuer à une véritable maîtrise des dynamiques de communications Web et des TIC à des fins pédagogiques.

Ma fille étudie pour devenir enseignante au niveau élémentaire dans une autre université que la tienne. Ce que tu partages m'inquiètent comme parent et comme citoyen. C'est la capacité d'adaptation des futurs enseignants et notre richesse collective qui sont en jeux.

L'ignorance stimule toujours la crainte; surtout dans un environnement aussi organique et sans frontière géographique que le Web. Je crois que le problème se situe davantage au niveau "politique" qu'au niveau de tes collègues.

Sans vouloir vexer personne et comme nous l'avons souligné dans nos billets respectifs, la base de connaissances TIC et Web des dirigeants sont si faibles qu'ils ne savent pas comment définir le problème. Comment peuvent-ils identifier les réponses???

Avec le Web, l'ordinateur n'est pas une "boîte", mais un "passage" vers de multiples environnements et outils que les dirigeants actuels ne connaissent tout simplement pas ou, pire, ne veulent pas investir de leur temps pour les apprivoiser.

La classe n'est plus le seul espace de transmission de connaissances. Le Web procure également de multiples environnements d'auto-apprentissage de qualité.

L'enseignant ne doit pas se contenter de simplement transmettre des connaissances disponibles dans l'Internet, mais aider les étudiants à développer des balises de qualification des connaissances trouvées dans cet environnement virtuel.

Je suggère donc que la solution passe par la formation de la direction aux niveaux des institutions, des syndicats et des ministères impliqués. Gros défi en perspective!

En affaires comme dans la bureaucratie, le Web a tendance à éliminer les intermédiaires sans valeur ajoutée et, inversement, à renforcer ceux qui en génèrent.

Que dirais-tu de mettre ton billet dans Apprendre2.0 pour recevoir des suggestions des autres membres branchés que ne sont pas inscrits à ton flux RSS?

Que dirais-tu de rassembler quelques membres de Apprendre2.0 pour discuter de cette problématique à Québec le 12 mars prochain? Je planifie être dans le coin pour le swaff.org ?

Eric Noel Eric Noel ·  02 mars 2009, 7:48:24 PM

Merci pour ta section un peu d'histoire, c'est bien utile de relire cela. Pour la suite j'ai quelques questions, puisque je n'enseigne pas au niveau universitaire.

Le module peut-il "obliger " les enseignants à accepter les ordinateurs portables, ou bien l'enseignant est le seul maitre à bord?

Un Pocket PC ou un iPod touch peuvent également accéder à Wikipedia, sont-ils aussi interdits?

Que ferait un enseignant si un des étudiants dessinait ou lisait le journal pendant un de ses cours?

Est-il obligatoire d'assister aux cours?

L'accès à internet est libre ou bien géré par un compte utilisateur?

Voilà pour ces quelques questionnements, mais au final, ce qui me frappe le plus de ton billet c'est : " La compétence 8 du référentiel de compétence pour la formation à l'enseignement est sans équivoque : tous les enseignants doivent avoir un très haut niveau de maîtrise des TIC. "

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  03 mars 2009, 12:07:23 AM

Luc: Tu n'as pas idée à quel point une université est une entreprise complexe. Plusieurs petites décisions sont d'abord prises par les professeurs, seul parfois, en assemblée à d'autres moments. D'autres décisions viennent de plus ou moins haut dans l'administration. Les syndicats et les mouvements étudiants ont aussi certains pouvoirs. À d'autres moments, les indications, conseils ou obligations proviennent des gouvernements, ordres professionnels et d'autres groupes régissant ou évaluant les programmes de formation. Il faut aussi tenir compte du fait que tous les professeurs sont potentiellement appelés à occuper un poste de direction un jour ou l'autre. Ta solution de former les dirigeants me semble irréalisable. Pour y arriver, le changement de perception vis-à-vis des TIC et de l'apprentissage devrait être global, opéré sur une très large base. Si ça demeure possible, c'est à très long terme. De plus, plusieurs de ces dirigeants n'ont pas à se mêler de la pédagogie ou de la formulation des programmes tant que ça ne compromet pas les droits des autres ou que l'on reste dans les limites du raisonnable et des règles pédagogiques. Il en ressort donc que le changement devra probablement venir de la base de la pyramide et être opéré à l'interne...

Éric: Merci pour les questions... Tu soulèves des points intéressants... Voici quelques réponses:

Le module ou le département pourraient encourager l'utilisation de portable de plusieurs manières et probablement refuser qu'un règlement anti-portable soit inscrit dans les plans de cours. Peut-être... Comme l'importance des TIC n'est pas spécifiquement inscrite dans le descripteur de chaque cours, je ne suis pas certain. Inscrire les TIC dans le descripteur de chaque cours est par ailleurs une option intéressante. J'y réfléchissais depuis une discussion avec ma directrice de module tenue ce PM, alors que je lui présentais mon billet... Ce que l'enseignant fait dans sa classe (sa gestion, sa pédagogie et jusqu'à une certaine limite les contenus) demeure néanmoins relativement en dehors du contrôle du module et du département puisque l'enseignant universitaire a droit à beaucoup de libertés académiques. Dans la théorie, on peut peut-être empêcher d'interdire les portables en classe, mais dans les faits je doute que ce soit possible DU POINT DE VUE DU MODULE OU DU DÉPARTEMENT. Mais ce n'est pas nous la BASE...

Non, les Pocket PC et les iPod touch ne sont pas encore interdits. Les téléphones intelligents non plus. Pas encore... Il est peut-être ici question de discrétion de la part des utilisateurs ou d'ignorance de la part des enseignants. Peut-être aussi que ce cas de figure ne s'est simplement pas encore produit!

Tu demandes ensuite ce que l'on ferait si un étudiant dessinait ou lisait le journal? Probablement rien puisqu'il paye et qu'il ne dérange pas! Mais là, j'interprète et mes préjugés pèsent lourd dans la réponse. Au retour de la relâche, j'encouragerai les étudiants à répondre à ta question. Ils sont à la BASE du problème et déjà impliqués...

Il n'est pas non plus obligatoire d'assister au cours. Personnellement, je juge que les apprenants sont responsables de leurs apprentissages. À eux de décider s'ils ont besoin de venir au cours. On m'a cependant rapporté que certains collègues donnent des points pour encourager les présences. Il faudrait demander aux étudiants...

Tu demandes finalement à propos de l'accès. L'accès à Internet est totalement libre à l'UQAC pour ce qui est du WiFi et des laboratoires. Rien n'empêche un étudiant de se brancher. On semble juger que c'est un droit ou un service normal en 2009. De tous les campus que j'ai visités, l'UQAC a le réseau le plus accessible. Je me plains souvent des services informatiques de l'UQAC, mais en ce qui a trait à la connectivité et aux performances du réseau, nous sommes très bien servis.

J'ai peu parlé de la compétence 8 mis à part l'extrait que tu cites. C'est peut-être qu'il n'y a rien de bien intéressant à dire. La lecture que je fais de la compétence 8 ne laisse aucun doute dans mon esprit. Les futurs enseignants doivent avoir beaucoup de connaissances théoriques et culturelles ainsi que des compétences techniques au sujet des TIC. On leur demande par exemple d'être en mesure de critiquer et de comparer, d'apprécier les apports potentiels des TIC, de juger du potentiel pédagogique des nouveaux outils, etc. La dernière fois que j'ai regardé, ce type d'apprentissage correspondait à un très haut niveau de complexité! Impossible à atteindre en un seul cours selon moi compte tenu du niveau des étudiants à l'entrée! Quoi ajouter?

Luc Gendron Luc Gendron ·  03 mars 2009, 11:32:38 AM

@Patrick. Pour un véritable changement de culture des organisations, il faut un engagement dans les deux sens: une volonté "top down" et une participation "bottom up" de la pyramide.

La formation de la direction est certainement un défi colossal, mais non moins réalisable. Composer avec un environnement en apparence chaotique n'est pas à la portée de tous. Tu devrais voir les yeux des chefs d'entreprises lorsque je les accompagne pour leur faire découvrir le potentiel de communication et d'affaires internationales du Web. Ils ne sont plus les même après. Peut-être que mes propres transactions profitables depuis un moment dans cet environnement et mes quelques cheveux gris les rassurent? ;-)

Comme je le mentionnais dans mon billet sur l'évolution des paradigmes (même si tu n'es pas d'accord avec l'emploi de ce terme), avant de savoir profiter, il faut d'abord savoir. Cependant, je crois qu'il faille d'abord démontrer la valeur générée par le Web en matière de communications, de dynamiques de groupes et pour l'apprentissage avant de trop parler des outils. Les gens sont curieux du comment sans véritablement comprendre le pourquoi.

David Martel David Martel ·  03 mars 2009, 12:47:53 PM

J'ai trop souvent entendu « C'est plate ce cours, mais je m'en fou, j'ai mon portable! », j'ai souvent vu des « chasses aux prises de courant » pour être certain que l'ordi ne flanche pas en pleine « game » de solitaire, j'ai vu une fois 4 étudiants dont les portables étaient branchés sur la même «power bar», le premier chattant sur MSN, le deuxième jouant à Risk et les deux autres faisant un tournoi de poker en ligne. MAIS, je n'ai pas assez vu des étudiants utiliser efficacement les technologies dans un cours (36 depuis que je suis à l'université).

Cela m'amène à réfléchir aux élèves qui sont actuellement au primaire et au secondaire, les vrais natifs du numérique. Je pense que nous sommes tous en accord pour dire qu'il y a un problème dans l'intégration des TIC dans les écoles du Québec, autant au niveau de l'utilisation et de l'ÉDUCATION. Si une bonne partie des presque-natifs du numérique ne sont pas capables de se discipliner à l'âge adulte quant à l'utilisation efficace des TIC dans un contexte universitaire, qu'adviendra-t-il des VRAIS natifs du numérique?

À l'université, si on force ou incite les professeurs, je suppose qu’ils diront qu'ils veulent eux-mêmes décider de ce qui se passe dans leurs cours. Si on force les étudiants, ils diront (la phrase classique) qu'ils paient pour assister aux cours et qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent. Par contre, en éducation, je crois que ceux enseignant la pédagogie et ceux qui étudient pour être enseignants pourraient s'entendre sur un mode de fonctionnement favorisant l'«épanouissement pédagogique» des deux parties. Cependant, cela ne réglera pas les autres dimensions de la question...

Myriam Gendron Myriam Gendron ·  03 mars 2009, 1:31:12 PM

Je suis la dite fille de Luc et j'ai été légerement déroutée d'apprendre qu'à l'université sévissait encore de telles règles. J'ai deux avis sur le sujet: de un, rendu à l'université, si tu n'es pas capable de te concentrer sur tes études reste chez toi ( ce que les enseignants devraient dire plutôt que t'interdire les portables), ceux qui utilisent leur portable pour prendre des notes ne devraient pas être désaventagés par les deux ou trois clowns qui ne sont pas sérieux dans leurs études (je sais, je suis légèrement emportée, mais bon...). de deux, je suis présentement le cours maître TIC offert de manière facultative dans mon programme à 25 élèves par années et je considère que les TIC ont tout pour enrichir l'enseignement et l'adapter à la génération qui vient. Il serait (pardonnez ma verve) ridicule d'empêcher des étudiants du BEPP d'utiliser les TIC dans leur quotidien, je considère même que chaque étudiant devrait être à même de les intégrer dans leur enseignement, ce qui ne s'enseigne pas dans le Bac.

J'effectue présentement mon premier stage et je remarque déjà à quel point les enfants aiment les TIC alors pourquoi ne pas les utiliser pour les motiver à apprendre, pourquoi empêcher les futurs enseignants de développer leur habileté TIC?

Eric Noel Eric Noel ·  03 mars 2009, 3:54:48 PM

Finalement, les étudiants se voient interdire l'utilisation de l'ordinateur en classe, car on juge qu'ils en font une mauvaise utilisation et d'un autre côté, on ne fait rien pour leur donner les bons outils. Donc, ils l'utiliseront encore moins bien et on l'interdira encore plus.

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  04 mars 2009, 8:48:48 AM

Éric: Ça ressemble pas mal à ça. Je ne l'avais pas écrit directement, mais j'ai l'impression qu'on préfère jouer à l'autruche. Sinon c'est carrément de l'ignorance vis-à-vis du programme référentiel de compétence pour l'enseignement... Dans les deux cas, on tourne en rond et on n'avance pas. Tiens, un autre exemple d'immobilisme!

Myriam: Je suis en accord avec toi, les étudiants qui ne sont pas motivés ne devraient pas être à l'université. Mais dans le système actuel, si tu paies t'as le droit de t'inscrire...

David: Ce qui tu décris est le comportement de ceux qui ne sont pas motivés... J'ai déjà dit que je crois qu'ils ne devraient pas y être. Ils devraient plutôt choisir une autre profession qu'elle se donne à l'université ou non et s'assurer d'avoir un travail utile et qui les motive. Faire quelque chose que tu n'aimes pas, nuire au développement d'enfants et finir en "burnout", incapable de profiter de la vie, ce n'est pas un bon plan de carrière selon moi!

David: Ta question à propos des vrais natifs me semble TRÈS pertinente. La réponse, je crois, est qu'ils feront peut-être pire que les presque natifs puisqu'ils maîtriseront encore plus (techniquement) des outils encore plus puissants sans avoir le cadre éthique et les habiletés cognitives qui permettraient de bien les exploiter. Bien entendu, comme ces outils influenceront leur mode de travail, leur relation avec le savoir et plus encore, je suis peut-être dans l'erreur. Les prochains outils viendront peut-être avec des codes de vie, des fonctions d'aide cognitive pour en guider l'utilisation...

Luc: Ultimement, dans les entreprises, je crois que l'on veut tous que l'entreprise réussisse financièrement pour garantir des bons salaires, plus d'emplois... À l'Université, selon les visées (éducative, recherche, informatique, politique, financière...), j'ai l'impression que les décisions se prennent par des personnes différentes à des niveaux différents. Malheureusement, certaines visées semblent avoir l'avantage au sens où les personnes qui s'en préoccupent principalement occupent des postes hiérarchiquement plus élevés grâce auxquels ils étouffent parfois les autres visées. J'ai ainsi l'impression que la grande majorité de mes collègues professeurs sont d'accord avec moi. C'est excellent, car d'une certaine manière nous avons la maîtrise d'oeuvre de notre programme. Nous le concrétisons, donnons les cours, veillons à sa gestion. Malheureusement, les modifications et ajustements dépendent parfois (directement ou indirectement) d'autres entités ou doivent être approuvées favorablement par certaines autres entités, parfois externes à l'UQAC, qui n'ont pas nécessairement comme but premier la qualité de l'enseignement, ne partagent pas notre compréhension du contexte éducationnel, ne sont pas en accord sur les critères de qualités ou, encore plus simplement, ne sont pas préoccupés par les mêmes visées.... Un exemple? Je pousse pour les logiciels libres à l'UQAC, au moins en éducation. Mais les services informatiques bloquent la majorité de mes efforts pour des raisons qui leur sont propres...

Luc Gendron Luc Gendron ·  04 mars 2009, 9:37:13 AM

@Patrick Je comprends cette difficulté de stimuler celles et ceux qui travaillent à protéger leur zone de confort ainsi que leur pouvoir politique interne contrairement aux autres qui, comme toi, sont davantage motivés par la mission d'une institution vouée à l'enseignement: former de meilleurs professionnels pouvant contribuer à notre richesse collective.

L'ignorance stimule la crainte et cette dernière engendre le replis défensif. Je suis toutefois persuadé que la majorité des réfractaires ne demandent pas mieux que de comprendre et à apporter une contribution constructive à leur environnement social.

Je fais mon petit bout de chemin en ce sens et merci de faire le tien également! En intervenant à différents niveaux, le message finira par passer.

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  04 mars 2009, 10:47:09 AM

Ouais... Je continue mais des fois j'ai l'impression de revivre Don Quichotte ou de prêcher dans le désert...

Luc Gendron Luc Gendron ·  04 mars 2009, 12:31:52 PM

C'est la même histoire dans n'importe quelle entreprise. Il y a toujours uniquement 1% qui sont dans le train, 9% qui savent qu'il y un train et 90% qui ne savent même pas que le train existe.

Ce fameux 1% sont des entrepreneurs et des "intrapreneurs" qui fournissent l'énergie pour la locomotive. Je sais, ça "tire du jus" comme on dit! Imagine comment j'étais perçu lorsque je parlais de développement international dans l'Internet en 1996. Je sens que le vent commence à tourner!

Go! Patrick! Go! ;-p

Sylvain Sylvain ·  04 mars 2009, 12:57:45 PM

@Eric : «Finalement, les étudiants se voient interdire l'utilisation de l'ordinateur en classe, car on juge qu'ils en font une mauvaise utilisation et d'un autre côté, on ne fait rien pour leur donner les bons outils. Donc, ils l'utiliseront encore moins bien et on l'interdira encore plus.»

--Dans mon temps (universitaire, s'entend), on aurait alors dû interdire l'usage de stylo, crayons et feuilles de papier, car, dans un cours dont je me rappelle et où le prof était d'une platitude infinie et d'une pédagogie carrément inexistante, mon ami et moi nous amusions à utiliser la page de gauche du cahier de notes de l'étudiant assis à droite en guise de "mur de graffitis", juste pour se tenir éveillé !!!

C'est anecdotique, bien sûr, mais ça illustre une transposition au passé. Un outil reste un outil. L'humain décide de ce qu'il va en faire. Les non-motivés qui dérangent n'ont pas à faire dans un cours. Des profs universitaires favorisent la non-motivation. Et le contraire existe aussi dans d'autres classes...

@Patrick : «ils maîtriseront encore plus (techniquement) des outils encore plus puissants sans avoir le cadre éthique et les habiletés cognitives qui permettraient de bien les exploiter.»

Je constate exactement ça au secondaire actuellement : les enseignants ont de l'avenir, car il faut apprendre aux jeunes ou les aider à apprendre comment élaborer le contenu. La forme, ça va, la technique, OK. Mais le contenu ? On a du travail à faire et c'est normal selon moi avec des élèves du secondaire !

Stéphane Allaire (Ytsejamer) Stéphane Allaire (Ytsejamer) ·  04 mars 2009, 11:56:20 PM

Dans 5-10 ans, nous relirons ce billet et nous en rirons de bon coeur!

Le simple fait qu'il y ait des gens - je ne les connais pas mais je ne pense pas me tromper en disant qu'il s'agit de néophytes en matière d'utilisation des TIC - qui manifestent ce désir d'interdiction des portables en classe peut être considéré en soi comme un élément positif... pour la simple et bonne raison que ce comportement dénote une prise de conscience à l'égard de quelque chose. Il y a quelques années, les quelques extraterrestres qui arrivaient en classe avec un portable et qui clavardaient tout autant étaient probablement ignorés par les mêmes personnes qui militent aujourd'hui en faveur de l'interdiction dont Patrick nous parle. Ces personnes ont fait un bout de chemin et, aujourd'hui, elles sont maintenant un peu plus conscientes du phénomène. De toute évidence, elles ne savent pas très bien de quelle façon le canaliser et le gérer de façon positive et avantageuse, mais il n'en demeure pas moins que, du point de vue de la théorie de l'activité de Engeström, une activité humaine (lire ici l'intégration des TIC) progresse par la résolution des tensions et des contradictions qui surviennent. C'est en ce sens que je dis qu'il y a du positif dans ce qui survient: réagir maladroitement est préférable que de ne pas réagir du tout! Bien entendu, en tant qu'utilisateurs aguéris, nous voudrions que cela aille plus rapidement, mais force est d'admettre que la réalité n'est pas aussi simple.

Une question à se poser pourrait être la suivante: comment offrir du scaffolding aux personnes qui, manifestement, sont en situation d'instabilité?

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  05 mars 2009, 6:50:38 AM

@Stéphane: J'espère de tout coeur que tu as raison. Et c'est probablement le cas... Mais ce sera tellement long!

Ce qui est nécessaire ou le plus souhaitable est que le changement se produise demain ou après-demain, pas dans 15 ans!

Penses-tu réellement que l'on puisse les aider? Si moi ou toi offrons de la formation ou du soutien techno pédagogique, est-ce qu'ils viendront? Je crois que non, à l'UQAM, où j'ai offert ce service pendant deux ans, c'est les profs les plus intéressés par les technologies qui venaient me voir pour être capables d'en faire encore plus...

Je demeure donc pessimiste. Je vais tout de même y réfléchir... (Je précise que je viens juste d'effacer un long paragraphe très pessimiste, noir. Te connaissant un peu, je vais vraiment réfléchir à ta question même si mes tripes me disent que ce n'est pas comme ça que le changement se produira... Ce changement viendra de la base, des étudiants selon moi! Et il sera rapide, un vrai tsunami.)

Mario Asselin Mario Asselin ·  05 mars 2009, 9:21:29 PM

Ça fait plusieurs fois que je passe proche de commenter... Je me retiens ;-)

Je suis plutôt d'accord avec le commentaire de Stéphane (quel bonheur de le retrouver sur un commentaire de blogue d'ailleurs ;-))

J'ai beaucoup de peine à juger du comportement de ceux qui veulent interdire pour pouvoir gérer ce qui se passe dans leurs classes. L'indifférence m'exaspère... «Réagir maladroitement est préférable que de ne pas réagir du tout!»

Échaffauder («scaffolder»)... J'ai tellement essayer de travailler ça avec mes profs du primaire en 2002-2003 quand on a commencé l'implantation au primaire des portables en classe. La piste que je retiens: les enseignants doivent apprendre pour eux-mêmes (pour leur développement professionnel) avec les portables avant de vouloir essayer de faire apprendre.

Les enseignants ne font pas (ou que très peu) d'acte de foi. S'ils ne sont pas convaincu (parce qu'ils l'ont vécu pour eux-mêmes) d'un moyen/d'une stratégie, ils demeurent sceptiques... Dans le cas qui vous occupe, plusieurs ne voient pas de valeur à l'utilisation du dit objet. En gros, un compétiteur de l'attention qu'il voudrait avoir de leurs étudiants. Au mieux, un truc qui va empêcher les fauteurs de troubles de déranger davantage...

Le changement est dans la posture... vis-à-vis du savoir, de la transmission ou de l'étudiant.

Ceux qui interdisent... veulent-ils changer de posture?

Stéphane Allaire (Ytsejamer) Stéphane Allaire (Ytsejamer) ·  06 mars 2009, 7:49:20 PM

Il se pourrait bien qu'une forte impulsion de changement provienne de la base; je ne nie pas cela. Si tel est le cas cependant, ce pourrait être catastrophique pour l'avenir des technologies en milieu scolaire.

Dans la continuité de ce que Luc a mentionné précédemment, il est assez bien reconnu dans la littérature portant sur l'innovation (Ely notamment) qu'un gage de pérennité du changement passe par un besoin ressenti autant par le «top» que le «down». (Encore que dans une dynamique neuronale tel que celle de la mise en réseau, je ne suis pas certain que cette expression soit bien congruente! Enfin, c'est un autre sujet...) Si une masse critique d'enseignants ne parvient pas à être mobilisée, le potentiel des TIC pourrait bien mourir dans l'oeuf, à tout le moins dans le contexte scolaire, et ce malgré toute pression pouvant venir des élèves/étudiants. Pourquoi? Nonobstant la posture qu'on adopte, il est souhaitable que l'enseignant conserve un statut de leader au sein de la classe (évidemment la forme va changer selon la posture). Cette responsabilité [organisationnelle, sociale...] lui confère un veto sur ce qui se passe dans la classe. Ainsi, si une masse critique ne parvient pas à être mobilisée, on peut imaginer le genre de veto qu'elle fera valoir...

Je suis plutôt d'accord avec Mario en ce qui a trait au changement qui réside dans la posture. (Merci pour les bons mots en passant, Mario; laisser un commentaire sur un blogue me rappelle toujours de bons souvenirs. En échange de ces bons mots, je vais faire appel à un auteur que tu apprécies bien si je me rappelle bien, héhé!). C'est Joël Barker qui parlait des paradigmes (je préfère posture) en disant que lorsqu'on se situe dans un, ce qui est dans un autre est virtuellement imperceptible. Dans ce contexte, un enjeu devient le suivant à mon avis: comment amener les gens à voir l'autre posture, sans qu'ils aient l'impression de devoir changer d'univers (le concept d'affordance me semble assez intéressant ici). Peut-on en parler simplement? (Une autre condition d'innovation est la simplicité du changement proposé) Peut-on montrer aux gens que l'innovation s'appuie sur une partie, si minime soit-elle, de ce qu'ils font déjà? Je me souviens d'un excellent livre (Kourilsky) sur le changement que j'ai lu lorsque j'étais à la maitrise. «Paradoxalement, on accepte de changer lorsqu'on se sent accepté», disait-elle. Le changement est trop souvent présenté/perçu comme une rupture plutôt qu'une continuité avec ce que l'on est. Sachant que toute personne normalement constituée cherche à donner un sens à ce qu'elle fait, il n'est pas surprenant que certains s'éloignent du changement lorsqu'ils le perçoivent comme une rupture.

Humainement parlant, je pene que le changement d'univers doit s'effectuer de façon progressive. Il en va du respect d'un principe d'apprentissage fondamental dans une perspective sociale, celui de la zone de développement proximale. Si l'écart est trop grand, le but devient pratiquement inatteignable, et ce malgré l'échafaudage offert. Je pense qu'on aurait intérêt à parler de profils développementaux d'utilisation des TIC. Je pense que Laferrière et Raby ont fait quelques propositions à ce sujet; il faudrait vérifier, ma mémoire me fait défaut.

Patrick Beaupré Patrick Beaupré ·  08 mars 2009, 1:51:48 PM

La prémice de ce texte m'a fait réfléchir.

J'ai alors commencé à rédiger une (trop) longue réponse. Mais allons à l'essentiel. Je suis enseignant en informatique dans une école secondaire et une pour adultes (16-21 ans), à Montréal.

Le programme au secondaire regorge de liens avec les TIC. Comment peut-on passer à côté, dans la formation des futurs enseignants ?

J'ai pris connaissance de l'idée de base de ce billet sur TWITTER. Com. Il aurait été possible de rédiger une réaction avec un collègue en utilisant un document ZOHO (www.zoho.com) ou encore le rédiger avec un document Open Office.

Tous ces outils et tous ceux qui poussent avec le web 2.0 (le site www.go2web20.net est à voir) feront très certainement partie intégrante du coffre à outils des enseignants de demain. Ceux qui ne les connaîtront pas seront moins bien équipés pour faire face au futur.

Étudiant anonyme Étudiant anonyme ·  09 mars 2009, 8:36:30 AM

J'écris simplement pour donner mon opinion par rapport à ce billet. Selon moi, l'Université du Québec à Chicoutimi fait une énorme erreur en permettant à des enseignants l'interdiction des ordinateurs portable dans leur cours. Certes, je suis d'accord que certains élèves utilisent les portables à d'autres fins que pour suivre le cours dont on assiste. Par contre, ceux qui utilise de façon éthique et raisonnable leur portable seront pénalisé. Dans le fond, c'est encore à cause des abus que certains seront pénalisé... Bref, je trouve que l'UQAC regresse. J'ai été 2 ans à l'Université Laval avant d'arriver ici et je trouve que Chicoutimi est très ordinaire par rapport à ses enseignants (sans généralisé) , ses règlements et ses façons de faire ... Par exemple, nous sommes même pas capable de faire nos choix de cours via Internet ! Et maintenant il semble que veut nous interdire les portables dans certains cours. C'est n'importe quoi !

Étudiant anonyme

Stéphan Côté Stéphan Côté ·  13 mars 2009, 8:42:32 AM

Petite remarque rapide, j'ai trouvé bien drôle le commentaire plus haut parlant de « chasse aux prises de courant"!! Comment se fait-il qu'en 2009, il n'y ait pas de “Power poles” (vous savez, les poutres métalliques descendant du plafond avec des prises électriques) dans nos locaux???? Oh, et je le dis ouvertement, je suis un peu hyperactif... et quand je suis dans un cours avec un ordinateur, je fouille sur Internet, ou je joue à des petits jeux du genre solitaire ou autre, mais je ne dérange personne! Et quand j'entends quelques choses qui me semblent pertinentes à prendre en note, un rapide alt-tab et me voila dans mon fichier de notes de cours! J'adore les petits jeux flash qui souvent ne demandent pas de concentration! Vous avez sûrement déjà vu une femme (moi c'était ma mère) dessiner sur un bloc de papier note une rose pendant qu'elle parle de longues minutes au téléphone....

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  15 mars 2009, 4:38:47 PM

Tommy a écrit un billet sur son blogue: http://technoseignement.blogspot.com/2009/02/les-portables-une-horreur-luqac.html

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