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Les logiciels libres : une vision socioconstructiviste de l’innovation technologique

Les socioconstructivistes ont engendré une micro-révolution dans le monde de l’éducation en démontrant la non-viabilité des modèles pédagogiques qui ne misaient par sur les interactions sociales pour structurer les apprentissages. Dans l’univers des technologies de l’information et de la communication, univers qui prend de plus en plus de place dans la vie des jeunes des quatre coins du monde, une révolution du même type a lieu, celle des logiciels libres. Ne serait-ce par pure coïncidence, ces deux ruptures majeures avec les modèles établis se basent sur un principe commun : la coopération. Si d’un côté cette coopération est nécessaire aux apprentissages, de l’autre, elle soutient un processus d’innovation et d’avancement technologique. Pratiquement absents du milieu de l’éducation, les logiciels libres sont pourtant fondés sur des valeurs similaires à celles prônées par le programme de formation du Québec. Liberté, communauté et innovation sont autant de points communs qui motivent les acteurs des écoles québécoises ainsi que les tenants de la philosophie Open Source. Au lieu de s’encarcaner dans le régime monopolistique de Microsoft, il est temps pour le milieu de l’éducation de se questionner sur la valeur pédagogique réelle des logiciels libres et sur les effets possibles de leur implantation dans les écoles du Québec. Pour tenter d’orienter cette démarche de questionnement, je propose ici une webographie annotée qui permettra aux néophytes comme aux experts de mieux comprendre les impacts des logiciels libres dans les domaines de l’économie, des technologies de l’information et de la communication et, bien sûr, de l’éducation.

Mémoire Leclercq

Ce premier lien donne accès à une version électronique d’un mémoire de synthèse fait « dans le cadre d’un projet de fin d’études pour la Formation d’Ingénieurs en Informatique de la Faculté d’Orsay (FIIFO) » (Leclercq). Il permet aux néophytes dans le domaine des logiciels libres (comme moi) d’avoir une idée globale des différents types de licence (Free software, Freeware, Open Source, Logiciel propriétaire, etc.) et de leurs implications, entre autres, dans la relation développeurs-utilisateurs, dans la diffusion des logiciels, dans leur redistribution et dans la transparence et les possibilités de modification du code source. Il concentre son effort de définitoire sur la notion d’Open Source en énumérant les nombreux critères auxquels ce type de logiciel doit répondre. Enfin, il vise à faire tomber certaines idées fausses reliées à la notion de logiciel libre. Il s’agit d’un texte très vulgarisé qui concentre en peu de mots les idées de plusieurs auteurs marquants dans le monde du logiciel libre (Eric S. Raymond, Jean-Paul Smets, etc.). Les sources sont clairement identifiées et facilement accessibles via différents hyperliens intégrés à la version électronique du mémoire. Il est toutefois difficile d’identifier l’auteur puisque son nom ne se trouve que dans l’adresse URL du site Web. L’auteur ne se présente donc pas explicitement sur la page Web et il ne signe pas son texte. Les seules informations disponibles sur son compte se trouvent dans la partie Compliments et flatteries. D’ailleurs, il m’a fallu modifier l’hyperlien de la faculté D’Orsay, mis à notre disposition par l’auteur, car il était obsolète. En ce sens, l’on peut se questionner sur l’actualité des informations disponibles, puisque la dernière mise à jour semble dater. D’ailleurs, la date à laquelle le site Web a été mis en ligne n’est pas disponible. Un peu contradictoire pour un auteur qui stipule que « La transparence est de mise dans un monde où la validation des travaux passe d’une manière ou d’une autre par un examen critique mené par les pairs » (Leclerq). Puisque le site Web est hébergé par Linux-France, poids lourd dans le monde des logiciels libres, le lecteur se voit rassurer par rapport à la pertinence des propos de l’auteur, mais il doit s’attendre, comme l’auteur l’indique clairement, à « un plaidoyer en faveur de l’Open Source. » (Leclercq). La force du texte repose sur le lien étroit qu’il établit entre l’Open Source et le modèle de développement coopératif. Modèle très cher au milieu de l’éducation dans plusieurs pays.

La Cathédrale et le Bazar

Cet article Web met en lumière, à travers l’évolution des travaux de l’auteur, Eric S. Raymond, l’historique des logiciels dont le code source est ouvert. Par le titre même de l’article, cet historique se structure notamment par la comparaison entre le modèle de développement dit cathédrale, qui se caractérise par une hiérarchisation et une limitation de l’accès aux données, et le modèle dit bazar, qui s’apparente plutôt aux modèles collaboratif et coopératif prônés par le PFEQ (dans le monde de l’éducation). L’approche empruntée par l’auteur est très intéressante puisqu’il propose différentes règles d’or liées aux logiciels libres à partir d’apprentissages qu’il a lui-même faits au fil de sa carrière. Ses justifications et son argumentation repose donc sur sa capacité à interrelier des problématiques personnelles à des problématiques généralisées dans le monde des TIC. Et ce, il le fait très efficacement. L’auteur est bien connu dans le monde des logiciels libres et ses multiples expériences, qu’il énumère au fil du texte, accentue la crédibilité de ses conseils. Il est toutefois important de mentionner que l’article consulté est une traduction de la version originale. En ce sens, il est nécessaire de prendre en compte les possibles interprétations faites par le traducteur et de consulter la VO au besoin. La date de publication et les dates de modification sont clairement indiquées, ce qui facilite la contextualisation de l’article. Cependant, certains hyperliens sont obsolètes, ce qui nuit à la navigation. Encore une fois, le site Web est hébergé par Linux-France. Ce fait contribue à la crédibilité du texte. Au point de vue de la présentation, l’utilisation de sous-titres et de numéros facilitent la lecture. De plus, tout l’espace de la page est laissé au texte.

Le logiciel libre : une nouvelle approche de la propriété intellectuelle

Ce troisième lien donne accès à un article paru dans la Revue d’économie industrielle et mis en ligne sur Persée. Par le créneau même de la revue, l’on est en droit de s’attendre à un article qui traite des implications économiques des logiciels libres. Et c’est, en effet, d’économie que l’on traite dans ce texte. À travers les conditions de production des logiciels, les outils juridiques de protection de la propriété intellectuelle et les principes industriels de cumulativité et d’interactivité, les auteurs nous amènent à peser le pour et le contre de deux approches alternatives dans la diffusion de logiciels : « Normalisation et Open Source » (Jullien et Zimmermann, 2002). Cette comparaison tend finalement à démontrer la viabilité économique du deuxième modèle. Puisque l’article se concentre sur l’aspect économique, l’analyse n’a pas tendance à s’étendre inutilement. L’absence d’hyperliens (due à la nature du document) est compensée par la présence d’une bibliographie complète et variée. Deux auteurs provenant d’universités différentes ont participé à la rédaction de l’article. Cette collaboration interuniversitaire contribue à la crédibilité du texte. De plus, la revue dans laquelle le texte a été publié et l’hébergeur de la page Web possèdent une certaine notoriété dans plusieurs milieux. Les dates de parution et de mise en ligne sont identifiées, ce qui permet la contextualisation. Enfin, l’article est structuré autour de différents titres et sous-titres, ce qui facilite la navigation et la lecture.

The Emerging Economic Paradigm of Open Source

Cette autre page Web dirige également son analyse en fonction d’une perspective économique. En présentant différents paradigmes de la production des logiciels, ce qui comprend l’Open Source, l’auteur vise à démonter les avantages de cette dernière méthode sur les plus traditionnelles telles que « the retail or in-house and contract software production ». L’auteur propose même un tableau synthèse pour distinguer rapidement les forces et les faiblesses des différents paradigmes en fonction, en autres, de l’efficacité, du taux d’échec, du coût de production et des risques de distribution. D’ailleurs, l’auteur synthétise ses propos à quelques reprises grâce à cette méthode, ce qui facilite la navigation et la lecture. En plus de plaidoyer en faveur de l’Open Source comme modèle économique viable (en ce qui a trait aux logiciels), l’article se veut très didactique. Le texte évolue selon une structure de questions-réponses. De cette manière, l’auteur répond à des questionnements de base tels que Qui contribue à l’Open Source? et Quelles sont les impacts économiques d’un tel modèle?, tout en vantant ouvertement les logiciels libres. L’auteur de la page Web s’identifie clairement et met même à la disposition des lecteurs son adresse courriel. Les dates de publication et de modification sont inscrites en bas de page ce qui facilite la mise en contexte. Puisque l’auteur est un des fondateurs du mouvement Open source, le lecteur doit s’attendre à un article plus ou moins nuancé en faveur des logiciels libres. D’ailleurs, bien que les sources soient clairement mentionnées et plutôt diversifiées, l’on remarque que l’auteur se base sur d’autres textes fortement en faveur de l’Open source. Puisqu’il héberge lui-même son texte, la crédibilité du texte repose entièrement sur ses sources, sa capacité à définir clairement la notion de logiciel libre et à la comparer avec d’autres paradigmes économiques et, évidemment, sur son expérience impressionnante dans le domaine.

The GNU manifesto

Sur ce site Web, le fondateur et le maître à pensée du courant Free Software, Richard Stallman, énonce les fondements de son idéologie. En plus de promouvoir la multiplicité des contributions dans la création des logiciels, Stallman s’oppose radicalement à ce que tout logiciel libre soit modifié dans le but précis d’en faire un logiciel propriétaire. Ce manifeste permet très bien de comprendre, lorsque comparé avec les textes des auteurs susmentionnés, la différence entre le mouvement Open Source et l’idéologie Free Software. D’ailleurs, le texte ne présente pas le Free Software comme une approche de la programmation, mais bel et bien une nécessité pour assurer l’avancement des logiciels et de la société : « I consider that the Golden Rule requires that if I like a program I must share it with other people who like it. Software sellers want to divide the users and conquer them, making each user agree not to share with others. I refuse to break solidarity with other users in this way. » (Stallman, 1985). À mon avis, bien que l’objectif de Stallman soit louable et, d’un point de vue éducatif, très socioconstructiviste, son manifeste manque de nuance et ne permet pas de rendre sa conception du logiciel libre viable dans le contexte économique mondial actuel. Toutefois, son point de vue est bien défendu en fonction de considérations sociales et éthiques avec lesquelles il est difficile d’être en désaccord. L’auteur endosse clairement ses propos et sa notoriété dans le monde du logiciel libre pousse le lecteur à prendre en compte ses opinions. Les dates de publication et de modification sont présentées en bas de page. En raison de l’ampleur du mouvement GNU, le texte est hébergé par l’organisme fondé par l’auteur. Plusieurs hyperliens permettent de renvoyer à d’autres pages du site Web du GNU. Mais aucune source externe ne vient appuyer les propos de l’auteur. Enfin, la présentation de la page Web ressemble aux autres pages explorées dans la webographie : écriture noire sur fond blanc, prédominance laissée au texte, propos structurés auteur de différents sous-titres, etc.

Un plaidoyer pour une Informatique Libre

Comme son nom l’indique, ce site se prononce en faveur du logiciel libre et de son importance dans le développement technologique. Malheureusement, le plaidoyer de l’auteur se transforme trop souvent en chasse aux sorcières dirigée contre les logiciels propriétaires. Cette approche ne permet pas vraiment aux lecteurs de se construire une opinion par rapport aux logiciels libres. Elle semble plutôt viser à dévaloriser toutes les autres alternatives au profit de l’Open Source. Le fait que chaque section du texte se structure autour d’une réaction de l’auteur vis-à-vis d’un reproche fait aux logiciels libres semble le placer dans une position défensive qui ne contribue nullement à la crédibilité du texte. D’ailleurs, la faible variété des opinions émises et le nombre restreint de sources ne permet pas de faire le tour du sujet. Bien que la forme du texte respecte les critères universitaires et que la page Web soit adéquatement datée, l’auteur ne s’identifie par clairement, ce qui nuit à sa crédibilité de rédacteur. À ce stade, même si la page est hébergée par Linux-France, il est difficile d’affirmer qu’il s’agit d’une source fiable concernant les logiciels libres. (J’ai intégré volontairement ce texte à la webographie, car je trouvais important de démontrer que certains sites, malgré une apparente crédibilité, souffrent de graves lacunes en ce qui a trait au contenu.)

Globalisation et propriété intellectuelle : La fuite par la liberté dans l’invention du logiciel libre

Cette analyse du logiciel libre propose une démonstration bien fondée des possibilités uniques offertes par ce type de logiciels en ce qui a trait aux performances techniques et à leur évolution, à la création d’instances juridiques novatrices et au bouleversement de l’économie de marché actuellement prédominante. Le duo d’auteurs, qui s’identifie clairement en fin de texte, ont basé leur rédaction sur un ensemble varié de sources facilement accessibles à travers une multitude d’hyperliens. L’analyse se veut aussi une critique très pointue des fondements économiques qui sous-tendent actuellement les droits de propriété intellectuelle. Habillement, les auteurs confrontent les principales caractéristiques de production et de diffusion des logiciels propriétaires aux innovations permises par les logiciels libres dans ces domaines économiques. Il en ressort une rédaction bien ficelée et critique qui, en plus des multiples sources qui valident les informations fournies, prend appui sur une enquête qualitative menée par les deux chercheurs. Reconnu par l’Association française des anthropologues, l’article jouit d’une grande crédibilité. Globalement, la forme de l’article est accessible et est typique du milieu universitaire. La numérotation des paragraphes et les hyperliens permettant d’accéder rapidement aux notes de bas de page facilitent grandement la navigation.

Logiciel et propriété intellectuelle : du Copyright au Copyleft

Cet article de Zimmermann met en garde contre les dangers de la protection juridique de la propriété intellectuelle dans le monde du logiciel par rapport à l’innovation et au développement technique, et ce, notamment dans une perspective de co-création. Son approche très didactique permet une compréhension globale aisée de cette problématique complexe. En partant des plus petits éléments d’information (en définissant, par exemple, le concept de logiciel et en explicitant son évolution historique), l’auteur parvient finalement à convaincre de l’importance de protéger la libre circulation et la libre manipulation des logiciels plutôt que leur appropriation privée à des fins marchands. Sans tourner le dos au modèle économique qui gouverne actuellement l’économie mondiale, l’auteur démontre qu’à travers l’Open Source il est possible de concilier l’«  intérêt individuel et l’efficience collective » (Zimmermann, 1999). L’article fait partie d’un recueil de textes né d’un collectif d’auteurs universitaires s’intéressant au phénomène du logiciel libre. Le fait qu’il soit publié par une maison d’édition reconnue et qu’il ait été évalué par un comité de rédaction assure une certaine rigueur de la part des auteurs. Zimmermann prend bien soin de se présenter en début de texte et il mentionne toutes les sources qui ont influencé directement ou indirectement son analyse. La mise en ligne du livre permet une navigation simplifiée grâce à la fonction de recherche par mots-clés de Google Books. Seul petit hic, certaines pages ne sont pas encore consultables en ligne, ce qui crée certains manques durant la lecture.

Le marché francophone du logiciel libre.

Ce document mis en ligne grâce à Telecom-Bretagne met à la disposition des internautes une étude du positionnement des entreprises utilisant les logiciels libres dans le marché du logiciel français. L’auteur prend soin de bien présenter sa démarche scientifique ainsi que son échantillon. Puisque l’étude se base sur les expériences réelles de professionnels du milieu de la programmation, il est plus aisé pour le lecteur d’attribuer une certaine crédibilité aux données présentées dans le document. De plus, l’auteur justifie la validité de son échantillon et de sa méthodologie, ce qui démontre une certaine rigueur dans la démarche scientifique. Les conclusions de l’auteur sont toujours accompagnées des résultats du questionnaire qui est à la base de l’étude. Ces résultats sont présentés sous forme de tableau ce qui facilite la consultation. En plus de ces résultats, l’auteur accompagne son analyse de différentes sources qui tendent à confirmer ses dires. Les notes de bas de page amènent des suppléments d’information pertinents. C’est d’ailleurs sous cette forme que l’auteur présente brièvement son curriculum. En conclusion, l’auteur attire l’attention sur les limites de son étude, autant par rapport à l’échantillon qu’à l’évolution de la problématique dans des contextes socio-économiques différents. Il met également en exergue l’émergence de nouvelles pratiques commerciales liées aux logiciels libres. Il aurait peut-être été pertinent d’étendre l’analyse à d’autres sphères que celle strictement économique.

Quelques éléments d’économie du logiciel libre

Ce dernier site Web est particulièrement intéressant, puisqu’à travers une tentative de définition du positionnement des logiciels libres dans le marché grand public, il met en exergue des problématiques liées à ce type de licence et y propose des solutions. L’analyse demeure tout au long du texte plutôt nuancée et le duo d’auteurs ne semblent jamais laisser toute la place à l’idéologie Open Source. D’ailleurs, en se basant sur le point de vue de plusieurs autres experts dans les domaines de l’économie et des TIC, les auteurs ne parviennent qu’à peser les pours et les contres de ce type de logiciels, sans jamais lui accorder une valeur artificiellement positive. Les auteurs, en conclusion, mettent en exergue les manques de leur analyse, ce qui permettra à d’autres chercheurs d’utiliser facilement leur étude comme point de départ à de nouvelles hypothèses. L’abondance des sources et leur utilisation transparente accentue la crédibilité du texte. D’ailleurs, lorsque les références ne sont pas assez nombreuses pour tirer des conclusions, les auteurs le mentionnent clairement. Puisque le texte est mis en ligne notamment grâce au moteur de recherche Cairn.info, il jouit de prime abord d’une certaine crédibilité scientifique. La page Web met à la disposition du lecteur un plan de l’article, plusieurs hyperliens qui facilitent la navigation ainsi que la consultation des sources et un accès direct aux autres publications des mêmes auteurs disponibles sur Cairn.info. Grosso modo, l’abondance des sources et des notes (qui mettent souvent en garde le lecteur contre les présupposés et les raisonnements dangereux) rendent cet article très élaboré crédible et facile d’accès.

Pour conclure, s’il n’est plus possible pour les professionnels de la programmation de tourner le dos à l’idéologie Open source, notamment en raison de son ampleur et de son efficience technique, il n’est également plus temps pour les milieux scolaires du Québec de se fermer les yeux sur les bouleversements sociaux et économiques (voire même cognitifs) qu’entraîne cette nouvelle vision coopérative de l’avancement technologique. Et si les écoles québécoises veulent mettre à la disposition de leurs apprenants des outils informatiques qui sont conforment aux valeurs sous-tendues par le PFEQ, elles devront tôt ou tard implanter, au moins en partie, les logiciels libres à leur matériel informatique et former les élèves à leur utilisation. S’il faut n’attribuer qu’une force à la mentalité Open Source, c’est qu’elle se base sur une évaluation constante et persistante des nouvelles productions par les utilisateurs, ce qui nécessite la mobilisation quotidienne par ceux-ci de différentes habiletés liées à la pensée critique. À l’heure de la multiplication des sources d’informations, l’école se doit de permettre aux élèves de devenir autonome dans leurs apprentissages. Et, à travers l’utilisation et l’évaluation des logiciels libres en situation d’apprentissage, l’école est plus à même de proposer aux élèves des problèmes complexes qui stimuleront leur pensée critique et qui développeront leurs compétences de recherche, de création et de collaboration. Pour permettre l’évolution des technologies de l’information et de la communication de demain, l’école d’aujourd’hui doit former des utilisateurs du Web critique et autonome.

etu1

Auteur: etu1

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Commentaires (7)

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  21 juin 2011, 8:41:29 AM

Petite mise en contexte pour les lecteurs.

Ce billet a été mis en ligne par un étudiant de premier cycle. L'objectif de ce travail était de le familiariser avec les logiciels libres en effectuant une recherche sur le Web et en repérant des sites de qualité.

L'étudiant devait présenter une webographie de sites annotés et critiqués pour faire la preuve qu'il avait bien compris les textes lus précédemment et nos discussions à propos de l'esprit critique, d'internet et de la recherche d'information. Il devait aussi prendre position par rapport au sujet (logiciels libres en éducation) en s'appuyant sur ces sites.

PAt :-)

Benoit Petit Benoit Petit ·  21 juin 2011, 9:01:09 AM

Beau travail de synthèse à travers cette webographie commentée autour du logiciel libre! Le parallèle entre le développement de logiciels libres et le socioconstructivisme est très intéressant. Je trouve toutefois quelque peu hasardeux d'établir un lien direct entre valeurs du PFEQ et utilisation du logiciel libre. Les apprentissages à réaliser à l'école ne doivent pas se limiter à ceux d'un logiciel ou d'un autre, mais bien à la sélection et à l'utilisation efficace des outils les plus judicieux, libres ou non.

Il serait aussi intéressant de faire ressortir en quoi le contenu sous licence « Creative Commons » est essentiel à la construction des savoirs de l'apprenant.

Alexandre Riopel Alexandre Riopel ·  21 juin 2011, 1:38:28 PM

Ce billet a créé énormément de réactions sur les réseaux sociaux (Twitter). Il est intéressant de prendre connaissance de votre vision de la technopédagogie. La tangente que vous avez prise est des plus intéressante. Félicitation!

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  21 juin 2011, 2:44:54 PM

Dans l'ensemble, je suis satisfait de ton travail. Tu as repéré plusieurs sources et tes critiques ont le mérite de prendre en compte plusieurs critères simultanément.

Le volet économique prend beaucoup de place dans ta webographie, c'est probablement en lien direct avec le niveau de considération des logiciels libres par les chercheurs et les auteurs de l'éducation.

Personnellement, j'aime bien le rapprochement que tu fais entre les valeurs du PFEQ et les logiciels libres. J'ai d'ailleurs souvent plaidé en faveur de cette relation qui reste, à mes yeux, à concrétiser et qui provoque souvent des réactions qui me semblent plus souvent être idéologique que logique. Par contre, ce rapprochement n'est pas clairement explicité dans ton travail. Je crois que cela résulte au moins partiellement de la forme du travail. Je te questionnerai certainement à ce sujet lors d'une prochaine rencontre. À moins que tu souhaites t'expliquer ici. Dans ce cas, M. Petit s'intéressera probablement à ta réponse.

Tu sembles avoir remarqué qu'il existe une différence entre le logiciel libre et le logiciel ouvert. Quel impact cela a-t-il sur l'éducation? Les deux ont-ils un potentiel égal?

Sur Twitter, quelqu'un a proposé que ce qui était important était la gratuité et a laissé entendre que "logiciel libre" ou "informatique dans les nuages", c'étaient deux solutions équivalentes. Tu as lu sur l'identité numérique, nous avons parlé du Web 2.0 et tu viens tout juste de faire une recherche à propos des logiciels libres, qu'en penses-tu?

Étienne Bouchard Étienne Bouchard ·  21 juin 2011, 7:53:36 PM

Je suis plutôt d'accord pour dire qu'il ne faut pas se limiter à une licence ou une autre lorsqu'il s'agit de sélectionner les outils les plus appropriés pour accompagner les élèves dans le processus d'apprentissage. D'ailleurs, cette sélection fait partie d'un processus de recherche auquel l'élève devrait participer, car elle suppose une évaluation de différents outils à partir d'un éventail de critères plus ou moins élargi. L'idée n'est pas de se limiter aux logiciels Open Source, mais bien de leur faire au moins une place dans le milieu de l'éducation, puisqu'ils sont, pour l'instant, presque totalement absents. Je dois avouer qu'il est dangereux d'effectuer un rapprochement entre les valeurs prônés par le PFEQ et les logiciels libres. Cela est, à mon avis, principalement dû au fait qu'il s'agit de deux réalités différant en plusieurs points, deux réalités que nous ne serions pas tenter de comparer dans un contexte autre que celui de cette analyse. Mais, puisque l'on parle de la possible implantation des logiciels libres en éducation, ne faut-il justement pas se questionner sur les valeurs qui sous-tendent ce type de logiciels et sur les éléments qui les relient potentiellement aux principes qui structurent l'intervention éducative au Québec? Aux dires des tenants de l'alternative « libre »: « elle est fondamentalement basée sur un principe de mutualisation des connaissances ». Ne sont-ce pas des objectifs fondamentaux du PFEQ de rendre l'apprentissage social, de favoriser le décloisonnement des sphères de connaissances et d'encourager la co-construction des savoirs et la co-création. Sans faire des logiciels libres un nouveau monopole, l'école se doit de prendre en compte ce mécanisme coopératif d'innovation technologique. Elle doit former sa clientèle à l'utilisation de ce « nouveau » type de logiciels. Non seulement parce que la multiplication des logiciels libres risque de bouleverser l'univers du Web (univers avec lequel les apprenants sont grandement en contact), mais aussi pour faire de ces élèves des utilisateurs Open source qui seront en mesure de co-développer ces logiciels à la lumière de leur besoin spécifique et d'une évaluation critique. Pour favoriser l'apprentissage à l'école, il faut rendre les élèves aptes à évaluer les logiciels qu'ils utilisent comme soutien à l'apprentissage. Et, sans se limiter aux licences libres, il ne faut pas fermer la porte au potentiel immense que permet le mode de développement en « bazar », et ce, surtout lorsque notre objectif est de rendre l'élève autonome.

Pour répondre à M. Giroux, je ne crois pas qu'il y ait de réelles différences entre l'Open source et le Free software, sinon une mince rupture par rapport à la conception plus ou moins rigide qu'ont les tenants des deux idéologies du principe de liberté. Stallmann, cité par Guillaume Blum (2008), indique que: « la rhétorique de l’« Open Source » met l’accent sur le potentiel pour faire du logiciel puissant et de grande qualité, mais fait passer au second plan les idées de liberté, de communauté, et de principes. Les termes « Free Software » et « Open Source » décrivent tous deux plus ou moins la même catégorie de logiciels, mais correspondent à des conceptions différentes du logiciel et des valeurs qui lui sont associées ». À mon avis, cette affirmation du « gourou » du Free Software démontre bien la nature réelle du clivage (souvent artificiellement accentué) qui sépare les deux conceptions. En ce sens, les impacts en éducation sont minimes.

Enfin, pour le peu que je connais en ce qui a trait au Cloud computing, je peux affirmer que je ne crois pas que ce nouveau style de gestion à distance des données puisse être comparé au modèle de co-développement des logiciels offert par l'Open source. Il y a bien évidemment l'idée de partage des données qui relie ces deux concepts, mais, ultimement, le Cloud computing n'offre pas la même liberté que les logiciels libres. Les possibilités des « nuages » étant souvent limitées au stockage et à la diffusion de données.

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  22 juin 2011, 8:43:38 AM

En ce qui a trait à l'infonuagique ou au "cloud computing", aux logiciels libres et à la gratuité...

Je crois qu'il faut être prudent et bien informé. D'abord, les logiciels libres ne sont pas nécessairement gratuits. De son côté, le "cloud computing" est souvent gratuit en apparence. C'est, par exemple, le cas de Google Docs. Par contre, il faut comprendre que dans son modèle d'affaires, Google vous encourage à utiliser ses services gratuitement, mais recueille simultanément des informations à votre sujet. Ses informations permettent de cibler la publicité (plus d'efficacité = plus de clients satisfaits = plus de $$$) et d'améliorer les services (développement de technologies = souvent brevet). Ainsi, les jeunes étudiants que l'on amène à utiliser des outils en ligne comme Google Docs forment et nourrissent leur identité numérique. Évidemment, je reconnais plusieurs avantages à ses outils du point de vue des enseignants et je les recommande souvent à mes étudiants. Là où c'est PARFOIS problématique, est que les jeunes apprenants les utilisent souvent sans être conscient des couts réels. L'école, si elle choisi ces outils, a, à mes yeux, le devoir d'informer et d'éduquer les jeunes étudiants à la réalité de leur identité numérique et leur expliquer le cout réel de ces outils et les implications pour leurs futures utilisations du Web.

Comme tu l'as assez bien expliqué, les logiciels libres sont le résultat d'un autre paradigme ou d'un autre mode de pensée. Le développement communautaire n'a pas les mêmes objectifs et c'est ce qui le rend intéressant à mes yeux. On peut même éduquer les jeunes à ce mode de création. Ils pourront alors décider de contribuer en testant, en émettant des commentaires, posant des questions sur les forums ou en proposant des solutions.

Finalement, je te félicite pour ta compréhension du rôle de l'enseignant vis-à-vis des médias. Il ne doit pas favoriser l'un ou l'autre outil parce qu'ils aiment APPLE ou parce que Linux est meilleur à ses yeux. La décision doit s'éloigner de tout système d’idées, de croyances, de doctrines vague et nébuleux. Chaque décision à l'égard des médias devrait être le résultat d'un processus réflexif dans lequel l'enseignant prend en compte les caractéristiques des apprenants, les outils à sa disposition (plus ou moins immédiate) et leurs caractéristiques ainsi que les objectifs de formation et décide en fonction de ces éléments. Plus on s'éloignera des décisions arbitraires ou basées simplement sur une croyance, mieux ce sera!

Benoit Petit Benoit Petit ·  22 juin 2011, 9:38:35 AM

Merci Étienne d'avoir pris le temps d'ajouter à ta réflexion !

J'aurais long à écrire sur plusieurs aspects de ton intervention, mais le temps me manque. Je vais donc faire seulement quelques remarques.

Premièrement, il y a une énorme différence entre « licence libre » et « gratuité » comme Patrick l'a très bien expliqué. La liberté, c'est aussi celle de modifier, de reformater, de défaire et refaire et distribuer à nouveau. Ces processus sont fondamentaux pour la construction des savoirs et plus encore en contexte de socioconstructivisme. En ce sens, chaque licence comporte ses contraintes. Même les licences libres ne permettent pas tout. Puisque la tâche principale des élèves ne consiste pas à travailler le code source d'un logiciel, mais bien s'en servir comme outil, c'est cette utilisation qui me paraît plus intéressante. Donc, les outils qu'on utilise en classe, qu'ils soient libres, propriétaires, dans les nuages ou non permettent-ils à l'élève de traiter des contenus à sa convenance, en fonction de ses besoins pour répondre à la tâche qu'il souhaite accomplir ?

Enfin, le travail dans les nuages permet beaucoup plus que le simple stockage de données à distance. Dans plusieurs cas, il permet ce qui n'était pas possible il y a seulement quelques années, soit de travailler des contenus à plusieurs, en temps réel, de façon efficace et à distance si nécessaire. L'efficience de la socioconstruction des savoirs n'a jamais été aussi vraie que maintenant, et ce n'est que le début.

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