PédagoTIC

Journal de Québec - « L'absurdité » de la censure

Je connais peu de jeunes de 13 ou 14 ans qui sont vraiment des natifs du numérique. Certains ont beaucoup adopté les TIC, d'autres moins. Si on faisait une moyenne, on constaterait que cette génération est tout de même beaucoup en avance sur la mienne ou celle de leurs parents.

La transition vers une génération tout à fait native se fait lentement, mais elle se fait! Je sais qu'il y aura éventuellement des confrontations. J'en espère le moins possible. J'ose croire que les éducateurs ne seront pas rétrogrades et qu'ils reconnaîtront aussi le potentiel des TIC et qu'ils choisiront plutôt d'encadrer les jeunes plutôt que de les restreindre ou de les castrer. De toutes les manières possibles, au jeu du chat et de la souris sur Internet, les jeunes vont assurément gagner! Il y aura peut-être des blessés du côté des plus jeunes, mais cette guerre est néanmoins perdue d'avance pour les adultes.

Mais pourquoi chercher à les empêcher de faire ce qu'on leur a demandé?

Les jeunes (natifs ou presque natifs) perçoivent Internet différemment de leurs parents. Internet est quelque chose de quotidien, de tangible pour leur esprit sinon pour leurs doigts. Ils y trouvent des occasions d'interagir, beaucoup de libertés... En plus de bien connaître Internet, ils en reconnaissent souvent instinctivement le potentiel (un exemple ici). Surtout, ils ont vécu une expérience pédagogique au niveau primaire qui diffère de celle de leurs parents. Ils sont de plus en plus habitués à faire des apprentissages significatifs, centrés sur leurs goûts. Ils ont développé des compétences plutôt générales qu'ils appliquent constamment. C'est ce que nous avons jugé comme étant le meilleur moyen de les préparer au monde de demain. C'est ce que les industries voulaient: des travailleurs compétents, capables d'apprendre, de réfléchir, plus susceptibles de s'adapter à de nouveaux contextes.

Alors, pourquoi se surprendre lorsqu'ils décident de s'intéresser aux TIC ou de les explorer? Pourquoi les restreindre plutôt que les guider ou les accompagner. Il y a ici une contradiction importante. Les jeunes aiment Internet. Internet a beaucoup de potentiel pédagogique. Mais puisqu'Internet n'a pas que du potentiel sur le plan pédagogique, on choisit de le bloquer. Que deviennent alors les principes au coeur du renouveau pédagogique? A-t-on oublié de centrer les apprentissages sur les apprenants? Et la reconnaissance de l'importance de l'éducation aux médias et du développement de la compétence TIC?

Que fera l'école demain lorsque la majorité des jeunes auront des netbook ou des téléphones intelligents dans leurs poches qui leur assureront un accès facile au réseau et des interactions presque illimitées et impossibles à contrôler? Parce que les technologies mobiles sont la voie de demain! (Je vais essayer de retrouver le lien vers le dernier rapport Horizon pour appuyer cette affirmation.) Au Saguenay, et dans d'autres villes du Québec, les gens commencent à s'organiser pour avoir des accès sans fil partout et gratuitement. On va instaurer des zones de blackout autour des écoles?

Les jeunes font ce qu'on leur a demandé de faire. Ils sont curieux et intéressés. Ils cherchent à savoir. Il ne reste qu'à sauter sur l'occasion et à exploiter cette occasion pour qu'ils développent encore plus de jugement et de compétences.

J'espère qu'il n'y aura pas trop de ces confrontations. On pourrait y blesser des jeunes qui, dans le fond, ont raison sur plusieurs points et ont une vision assez juste du rôle et du potentiel des TIC.

Ça serait dommage!

Fais attention à toi Félix!