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Pouvons-nous passer à côté?

Je ne vous apprendrai rien en vous disant que nos enfants ne vivent pas dans le même environnement que nous, ils sont issus d’une génération nouvelle. Une génération numérique où le monde est en perpétuel changement. Ils n’ont plus tant besoin de détenir toutes les connaissances que de savoir juger, d’être critique, de prendre position et de savoir assumer leurs choix car l’information leur est pleinement accessible. Pour savoir, je « clique » et j’obtiens une réponse mais cette réponse à mon questionnement est-elle juste et bonne?

Nos jeunes veulent tout et ils le veulent vite. Cela nous dérange car nous avons appris à vivre autrement. Pour nous, « attendre » signifie mériter quelque chose, savourer le fruit du labeur, être fier de son accomplissement. Pour eux, « attendre » ne sert à rien, c’est inutile et cela leur fait perdre du temps.

Certes, de tout temps, la jeunesse a dérangé leurs aïeuls mais aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement d’un changement dans la forme mais bien dans la structure même de la société. Nous vivons, à mon humble avis, des changements profonds dans l’élaboration même du fonctionnement de nos sociétés. Les interrelations ne seront désormais plus les mêmes. Je ne dis pas que je suis nécessairement d’accord avec ce que je vois dans la pratique de mon enseignement mais je constate que les choses changent et qu’elles changent très rapidement. Les jeunes me semblent avoir une vision plus narcissique du monde et cela malgré le fait qu’ils ont une vue d’ensemble de ce dernier. Ils voient le monde mais ils comprennent difficilement l’impact qu’ils peuvent avoir sur celui-ci. Par conséquent, ils ont tendance à se retourner sur eux-mêmes et à faire fi de leur implication sociale.

Voilà pourquoi je pose la question : « Pouvons-nous passer à côté? » à côté de quoi?, me direz-vous alors. À côté d’un outil aux grandes possibilités, à côté d’un changement de paradigmes qui peut révolutionner la structure même de la société.

De tout temps, l’information fut contrôlée par un certain nombre d’individus, une élite qui possédant ce contrôle sur le savoir possédait, par conséquent, l’élaboration même des structures sociales. Aujourd’hui, le web 2.0 permet non seulement l’accès à l’information mais il permet de la créer, de la gérer, de la manipuler et surtout de la diffuser. Je crois qu’il sera désormais plus difficile de contrôler non seulement l’information mais ce que les gens en feront. Je crois que nous devons être conscients de ce fait afin de réaliser l’importance des propos de Montaigne qui nous propose de faire des têtes bien faites plutôt que des têtes bien pleines. Dans un monde comme celui qui émerge aujourd’hui, il est impératif d’avoir du jugement et de la rigueur intellectuelle. Nos jeunes ont besoin de guide pour les accompagner dans la construction de leur esprit critique.

Je suis un enseignant en Éthique et culture religieuse et je constate que le web 2.0 peut être dans l’application de ma pratique un outil plus qu’essentiel. D’abord et avant tout, je pense aux fils RSS comme moyens pour un enseignant de se garder au fait de ce qui se passe dans son champ d’application. De plus, en lien avec des travaux que l’on peut donner aux élèves, nous avons la responsabilité de leur apprendre l’utilisation de cet outil. Ce dernier permet d’exercer leur jugement critique face aux médias d’informations et il leur apprend, par le fait même, à tenir compte de ce qui se passe dans le monde et cela en corrélation avec l’élaboration de leur propre projet de vie. Ainsi, nos élèves pourront faire des choix éclairés dans leur manière de vivre et d’exister en société car tous nos choix ont de façon directe ou indirecte une incidence sur nos interrelations et sur la collectivité.

En ayant lu, le blogue de Sylvain Bérubé (http://www.sylvainberube.com/etherpad-du-recit-experience-epad/) et après avoir entendu ses propos en cours, je suis d’avis que les possibilités que nous offre le web 2.0 sont indéniables. Je comprends, dans un premier temps, la nécessité pour l’enseignant de se mettre en réseau via le web afin de partager, d’échanger et de développer sa pratique. Le web 2.0 permet de former une sorte de communauté de recherche en pédagogie. La réflexion des uns et des autres font avancer nos pratiques individuelles.

De plus, l’expérience de Sylvain en classe et de celle de son confrère de Joliette m’ont permis de saisir que l’utilisation en classe du web 2.0 et de ces applications ont un avantage dans ma discipline. Ces expériences démontrent clairement que l’éthique fait partie prenante de la vie même dans la réalité virtuelle.

Par exemple : la netiquette peut devenir un prétexte d’apprentissage lors de l’élaboration des tâches propres à un projet en éthique. Par l’expérimentation concrète d’une tâche via EtherPad, les élèves sont confrontés au respect de la propriété intellectuelle des autres.

Pour ce qui est des blogues et de « twitter », ces outils peuvent, eux aussi, très bien servir l’apprentissage notamment dans le domaine des sciences humaines. Encore une fois, ces outils permettent aux jeunes de créer, de collaborer et de communiquer mais non pas seulement dans un esprit ludique mais dans un objectif d’apprentissage précis et structuré.

Mais comme toute innovation, le web 2.0 n’apporte pas seulement son lot de réussite, il suscite aussi plusieurs questionnements. Je réalise que le web 2.0 change la manière dont les gens interagissent. Je ne sais pas si cela est bien ou mal mais je me questionne car le web, même le web 2.0 ne permet pas de transmettre tout l’éventail de la communication humaine. Nous savons tous que le langage non-verbal occupe une grande part de notre communication, ainsi le web 2.0 ne peut pas refléter l’ensemble de ces petits signes ou si vous aimez mieux ces petites nuances dans notre manière de communiquer. C’est pourquoi il apparaît important à l’enseignant d’aujourd’hui de guider les élèves dans l’apprentissage de ce média de communication. Le pseudo anonymat que procure cette nouvelle manière de communiquer ne diminue en rien la responsabilité des propos que nous tenons. Certes, nous devons instruire et qualifier nos élèves mais nous devons par-dessus tout les socialiser car la cohésion sociale ce n’est pas de l’inné mais bien de l’acquis.

Et finalement, je dirais que le grand défi que nous devons relever en tant qu’enseignants à travers l’utilisation du web 2.0 est l’accessibilité à la structure informatique que ce dernier nécessite. Dans le meilleur des mondes, chaque élève posséderait son propre portable permettant ainsi à tous les enseignants de profiter, en tout temps et en tout lieu dans l’école, de ces ressources. Toutefois, la réalité étant plus modeste, elle est conséquemment plus limitative. Il ne m’est pas toujours possible d’avoir accès au local informatique ou d’avoir assez d’ordinateurs en classe pour travailler via le web. Il est donc souhaitable de se pencher sur des alternatives possibles pour mettre en place ce genre de projet car « Pouvons-nous passer à côté? »

etu26

Auteur: etu26

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Commentaires (2)

Justine B Justine B ·  14 juin 2010, 10:22:02 AM

À mon avis, le fait qu'à une époque pas très lointaine, seules les élites détenaient et dispersaient l'information n'était pas gage de véracité ou de conformité pour autant. Au contraire, en réduisant notre possibilité de connaître ou de trouver des alternatives de réponses à nos questions ces élites bien pensantes ont souvent gardé la population dans l'ignorance et/ou créer de fausses paniques. Reste maintenant à apprendre à se servir de son jugement critique... Et ça, tu en conviendras, ce ne sont pas que les jeunes qui en manque !

Éric Éric ·  21 juin 2010, 9:12:40 PM

Je désire préciser que les élites avaient la vérité, je crois seulement que le nombre d'individu qui avait le pouvoir était beaucoup plus petit et ainsi le contrôle était plus simple. Aujourd'hui, cacher de l'information est beaucoup plus compliqué.

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