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Le Web 2.0 et l'enseignement du français

Qu’on le veuille ou non, les technologies prennent de plus en plus de place dans nos vies. En tant qu’enseignants, notre mission est de préparer les jeunes au monde de demain. Plutôt que de lutter contre le changement, pourquoi ne travaillerions-nous pas à intégrer les technologies dans nos activités d’apprentissage? L’emploi des TIC est parfois mal perçu en raison de leur mauvaise utilisation. Montrons donc à nos élèves que Facebook, Twitter ainsi que les blogues peuvent être utilisés pour autre chose qu’afficher des photographies insignifiantes et des commentaires futiles. Qui de mieux placé qu’un enseignant pour prouver aux jeunes qu’il est possible de se servir intelligemment du Web! Par son accessibilité et sa facilité d’utilisation, le Web 2.0 permet plus que jamais d’intégrer les TIC à notre pratique enseignante.

Les lectures que j’ai effectuées au cours des dernières semaines m’ont permis de découvrir plusieurs outils, tous plus intéressants et stimulants les uns que les autres, permettant de rendre technologique l’enseignement du français. Que ce soit par le biais d’un blogue, par l’utilisation de la baladodiffusion ou encore de la visioconférence, il est désormais possible d’intégrer les TIC dans le domaine des langues.

La baladodiffusion a pris une grande place dans nos vies à la suite de l’apparition du fameux iPod d’Apple, comme nous le mentionne Martin Beaudin-Lecours dans son article portant sur le Web 2.0 en janvier 2008. On y apprend que cet appareil permet bien plus que la simple écoute de musique. En téléchargeant des balados (plus communément appelés « podcasts »), il est maintenant possible d’écouter des émissions de radio ou tout autre document sonore disponible en baladodiffusion. Cependant, comme nous l’indique M. Beaudin-Lecours, très peu de Québécois téléchargent du contenu baladodiffusé. Soyons donc avant-gardistes chez nous en prenant exemple sur Annie Girard, maîtresse et directrice de l’école rurale d’Orthevielle en France. Le 29 mars 2008, Madame Girard a reçu le grand prix du jury du 1er Forum des enseignants innovants à Rennes. Dans un article publié sur Infobourg le 2 juillet 2009, on apprend que depuis quelques années, les élèves de la classe d’Annie Girard effectuent leurs apprentissages à l’aide d’un tableau blanc interactif (TBI). En plus d’effectuer des visioconférences avec des classes de l’Inde et de la Grande-Bretagne, " le tableau interactif Promethean est simultanément utilisé pour diffuser des podcasts des leçons enregistrées par les élèves dans iTunes. Les podcasts sont consultables sur le site de l’école, téléchargeables sur un baladeur, ou encore peuvent être écoutés en classe sur le tableau interactif. Ce retour sur apprentissage permet aux enfants de revoir certains points du cours; les parents peuvent suivre les progrès de leurs enfants." L’utilisation de la baladodiffusion permet donc aux élèves en difficulté d’aller à leur rythme, de réécouter les séquences sonores le nombre de fois qu’ils veulent et ainsi de vivre des réussites. Madame Girard nous présente brièvement l’utilisation qu’elle fait de la baladodiffusion lors d'une courte entrevue présentée sur curiosphère.tv. Il est également possible de consulter les activités d’apprentissage de l’école d’Ortheville sur le site de l’école.

En septembre 2005, Madame Girard et ses élèves ont mis sur pied l’enregistrement hebdomadaire d’un journal télévisuel nommé les “BN du JT” (les Bonnes Nouvelles du Journal Télévisuel). La réalisation de ce journal télévisuel permet donc aux élèves de développer plusieurs compétences du français : ils doivent lire des textes sur un sujet donné (C1 : lire des textes variés) afin de rédiger le contenu de leur bulletin de nouvelles (C2 : écrire des textes variés) qui sera par la suite communiqué par l’enregistrement du journal télévisuel (C3 : communiquer oralement). De plus, les technologies utilisées pour l’enregistrement et la diffusion des “BN du JT” permettent de développer la sixième compétence transversale : exploiter les technologies de l’information et de la communication. La baladodiffusion est également utilisée par le biais de cette activité puisque les "BN du JT” sont disponibles sur iTunes. Parions que les élèves se sont sentis plus impliqués et ont eu plus de plaisir à réaliser ce journal télévisuel qu’à faire une production écrite...

Quelques activités d’apprentissage utilisant la baladodiffusion sont disponibles sur ce site.

L’utilisation d’un blogue peut également permettre l’intégration des technologies dans l’enseignement. Christelle Guillot est enseignante de français au Collège La Fontaine à Missillac en France et lauréate du forum des enseignants innovants. Elle a créé son propre blogue il y a quelques années afin de partager les travaux de ses élèves avec le reste du monde. Comme nous l’explique Madame Guillot dans une courte entrevue présentée sur curiosphere.tv, ce qui n’était au départ qu’une vitrine d’exposition des travaux des élèves dans le but de valoriser leur travail et récompenser leurs efforts est vite devenu un outil pédagogique plus qu’intéressant. Au fil du temps, Madame Guillot a laissé aux élèves le soin de prendre en charge la gestion du blogue. Ce blogue est donc devenu un projet collectif que les élèves ont à coeur. Les élèves sont également responsables de l’évaluation par le biais des commentaires. Ainsi, en plus de développer les compétences spécifiques du français, les élèves ont l’occasion de développer plusieurs compétences transversales : résoudre les éventuels problèmes liés au blogue (C2), exercer son jugement critique lors des commentaires (C3), se donner des méthodes de travail efficaces lors de la planification, la réalisation et la publication des travaux (C5), exploiter les TIC (C6), actualiser son potentiel (C7), coopérer (C8), etc. En fait, toutes les compétences transversales peuvent être mises à contribution dans une activité de ce genre. De plus, chaque élève doit faire preuve d’autonomie afin de mener à bien le projet. « Je ne suis plus devant l’élève, mais je suis à côté. Je suis vraiment une béquille. » Cette citation de Christelle Guillot démontre bien le changement qui s’est opéré au cours des dernières années en ce qui a trait au rôle de l’enseignant dans les classes d’aujourd’hui.

En outre, les blogues permettent aux élèves en difficulté ou aux élèves plus lents de revoir à la maison la matière enseignée : « Les blogues scolaires soutiennent admirablement le travail des élèves. L’enseignant facilitera la tâche des élèves en consignant l’information par écrit sur son blogue. Les élèves pourront y référer à leur guise pour décortiquer l’information à leur rythme, selon leur capacité de mémorisation. ». Je crois que cet outil technologique peut également amener les parents à s’impliquer davantage dans les apprentissages de leur enfant. En ayant facilement accès aux informations, ils peuvent se familiariser avec le contenu et ainsi venir en aide à leur enfant. Une section des blogues pourrait même être consacrée aux questions et commentaires des parents... Pourquoi pas?

L’utilisation des blogues dans les classes peut se manifester de différentes façons, comme nous le mentionne Brigitte Vandal dans un article intitulé Blogues et éducation – Tour d’horizon, publié en avril 2006 sur le site du Bulletin collégial des technologies de l’information et des communications. Selon Madame Vandal, « le blogue classe est le résultat d’un travail collaboratif de la classe », que ce soit pour la réalisation d’un projet pédagogique, pour communiquer avec nos étudiants, pour que nos étudiants communiquent entre eux et même avec l’extérieur. Elle ajoute également qu’il peut être intéressant que chaque élève se crée un blogue personnel sur lequel il pourrait évaluer son travail ou faire ses devoirs. Je crois que cette option pourrait également permettre aux enseignants de démontrer à leurs élèves l’importance de se construire une identité numérique positive.

Toutefois, avant de débuter un projet impliquant de la publication sur internet de la part des élèves, ceux-ci doivent être informés des conséquences positives et négatives que peuvent entraîner ces publications. On doit rendre les élèves conscients que tout ce qu’ils affichent sur le net peut être vu et lu par le monde entier. Ce qui est rigolo et sans importance aujourd’hui pourrait avoir des conséquences désagréables demain. Kevin Colbin l’a d’ailleurs appris à ses dépens. Comme on peut le lire sur ce site, le jeune homme avait demandé une journée de congé à son patron pour régler des problèmes familiaux. Hors, il a affiché sur Facebook une photo le montrant déguisé lors d’une fête se déroulant cette même journée. Parions qu’il a été congédié. Cette petite histoire démontre bien à quel point ce qui est affiché sur internet peut rapidement se retourner contre nous. Il faut donc enseigner à nos élèves comment se forger une identité numérique intéressante et respectable. Comme nous l’explique Olivier Ertzscheid, maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication à l’Université de Nantes, “l’idéal pour maîtriser son image numérique consiste à en devenir l’acteur principal. Ainsi, si vous tenez un blog sous votre nom, si vous achetez « votre » nom de domaine pour votre site web, si vous y déposez votre CV, ce sont ces éléments d’information qui devraient apparaître en premier dans les moteurs de recherche. Mais on ne peut pas demander à des adolescents alimentant leur skyblog ou leur MySpace aujourd’hui de penser à l’image que cela renverra d’eux dans 10 ou 15 ans. Les règles du bon sens demandent donc de conserver les identifiants utilisés lors de la création d’un contenu ou d’un service, pour pouvoir, le moment venu, supprimer ce contenu ou ce service. Eviter également de déposer des messages ou des contenus qui pourraient s’avérer nuisibles à notre image quelque soit le service utilisé et son niveau de « confidentialité » affiché. Enfin, avoir présent à l’esprit cette idée qu’une réputation numérique se construit de la même manière qu’une réputation « non-numérique » - c’est à dire patiemment et sur la durée - est encore le meilleur moyen d’agir en conséquence.”. Ainsi, en donnant l’occasion aux élèves de publier des travaux sur un blogue ou un wiki, on leur permet tranquillement de se forger une identité numérique de qualité.

De surcroît, la publication de travaux sur un blogue nous amène à sensibiliser les élèves sur la nétiquette. Comme dans toutes les situations de la vie courante, des règles de respect existent sur le Web. Cependant, puisque les interactions ne se font pas d’humain à humain, il peut être tentant de contourner ses règles. Par la lecture de document comme le code d’éthique suivant, on peut conscientiser les élèves à la nétiquette. Par contre, comme le disait Sylvain Bérubé, un des enseignants ayant participé à la vidéo-conférence (tiens, un autre outil technologique intéressant du Web 2.0 applicable à l’enseignement!) lors du cours d’initiation aux technologies éducatives le 6 juin dernier, les élèves se rendent compte eux-mêmes de l’importance de ce code d’éthique lors de travaux réalisés avec des outils tels que EtherPad (tiens, un autre...). Ils n’aiment pas qu’on supprime leurs contributions et font donc attention de ne pas supprimer celles des autres. Qui sait, le respect reviendra peut-être à la mode grâce au Web 2.0!

En somme, le Web 2.0 regorge d’outils technologiques adaptés ou facilement adaptables à l’enseignement. Évidemment, le but de l’intégration des TIC dans nos classes n’est pas de les rendre entièrement technologiques. Je crois qu’il s’agit plutôt de diversifier les méthodes d’enseignement afin de stimuler les élèves, les amener à développer leur créativité, à s’engager dans leurs apprentissages et à augmenter leur intérêt pour ce qui se passe en classe. De plus, la publication de leurs travaux sur internet les amènera assurément à se dépasser et à vouloir présenter des travaux de meilleure qualité, le tout menant directement à un sentiment de valorisation accru. Également, l’intégration des TIC dans l’enseignement amènera certainement l’école à se connecter davantage à ce qui se passe dans le monde réel. Finalement, je crois sincèrement que chaque enseignant devrait faire l’effort d’intégrer au moins une activité d’apprentissage réalisée avec les TIC au cours de chaque année scolaire, tout en respectant ses forces et ses limites.

Qui sait, la classe de demain ressemblera peut-être à celle-ci...

etu36

Auteur: etu36

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Commentaires (2)

Marie-Claire Gagnon Marie-Claire Gagnon ·  14 juin 2010, 11:36:05 AM

Je suis d'accord avec toi quand tu dis que nous devrions intégrer les TIC dans les écoles le plus possible. Les jeunes pourraient en effet se servir de leurs gadgets de la meilleure façon possible et pas seulement pour des fins de distraction. C'est vrai que les podcasts ne sont pas beaucoup utilisés, je dirais même rarement utilisés. Avant de commencer ce cours, j'avoue que je ne savais pas ce que c'était. Les jeunes devraient donc en savoir le plus possible, car cela pourra leur servir plus tard. Cependant, il faut faire attention pour ne pas que l'internet et les technologies deviennent leurs seuls moyens de communication. Où est passé le temps où l'on jouait dehors avec nos amis à des jeux qu'on inventait? Je ne vois que rarement des jeunes courir dehors et beaucoup trop de jeunes devant leur ordinateur ou leur console de jeux!

Jessica Goulet-Potvin Jessica Goulet-Potvin ·  21 juin 2010, 9:04:32 AM

Je trouve que ton billet nous présente plusieurs idées d'exploitation très intéressantes. Nous partageons le même point de vue par rapport à la nécessité d'intégrer les technologies du Web 2.0 dans nos cours. Tu suggères des modèles concrets d'application qui, bien qu'ils proviennent surtout de l'autre côté de l'océan, sont facilement adaptables à la réalité québécoise. Tu soulèves également certains points, comme la nétiquette et l'identité numérique, qui sont forcément interpelés par l'utilisation du Web et auxquels il faut obligatoirement s'attarder avant de se lancer dans l'aventure 2.0.

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