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Les très jeunes et les écrans

On parle périodiquement du temps d'écran chez les très jeunes, disons les 0-5 ans. C'est un sujet qui revient de temps à autre dans les médias, parfois en lien avec l'obésité ou le manque d'activité physique chez certains jeunes. J'en ai déjà parlé ici.

Récemment, une recherche semble avoir intéressé plusieurs journalistes et lecteurs puisque le Journal de Québec en a parlé dans son édition du 14 janvier et au moins deux journalistes de la région m'ont contacté pour en discuter dans les heures qui ont suivi.

Selon l'article,

la majorité des parents utilisaient les écrans pour contrôler le comportement de leurs enfants, surtout les week-ends.

Les résultats ont montré que, lorsque les parents utilisaient les écrans comme récompense ou qu’ils les interdisaient pour punir leurs enfants, ceux-ci passaient, en fait, plus de temps devant la télévision ou sur les téléphones intelligents, les tablettes et les ordinateurs que les enfants qui n’adoptaient pas ces habitudes. Les weekends, ils passaient environ 20 minutes de plus par jour que les enfants plus libres de leur accès aux écrans.

Le Journal de Québec ne cite pas sa source (c'est vraiment une mauvaise habitue, il pourrait au moins ajouter un lien dans la version en ligne!), mais précise que l'étude a été conduite au Canada, par des chercheurs de l'Université de Guelph. On donne aussi le nom d'un des chercheurs avec le nom du journal. À la limite je devrais réussir à remettre la main dessus en cas de besoin. C'est super intéressant que l'étude soit canadienne, c'est certainement plus proche de notre réalité qu'une étude menée, par exemple, en Asie. Cependant, il faut garder en tête qu'en matière d'usage des technologies, il y a souvent de petites différences entre le Canada anglais et les Québécois. Nous avons tendance à être moins conservateurs au Québec. Il est donc possible que si on menait la même étude au Saguenay, par exemple, les résultats seraient un peu différents parce que les parents sont un peu plus permissifs en lien avec l'usage des technos. Peut-être qu'ils les utilisent conséquemment moins comme récompense.

On apprend aussi dans l'article ensuite que l'étude a été menée auprès de 62 enfants et de leurs parents. Ça aussi c'est intéressant. C'est une relativement petite étude. Il faut donc faire attention aux généralisations. Je ne diminue pas le travail des chercheurs, loin de là parce que c'est déjà très compliqué de recruter autant de participants, d'obtenir la certification éthique, etc. Je souligne cependant qu'il y aura probablement d'autres chercheurs qui vont reprendre cette étude dans d'autres contextes justement pour vérifier si les conclusions varient d'une région à l'autre, en fonction de l'âge des parents, etc. Nous aurons une meilleure idée de ce phénomène au fur et à mesure qu'il sera exploré par les chercheurs.

Dans le billet publié sur mon blogue que j'ai cité plus haut, je rapportais que le rôle des parents est très important. Déjà en 2016, la recherche indiquait

qu'on ne devrait pas utiliser les gadgets électroniques comme moyen pour calmer un jeune enfant en crise ou qui n'écoute pas. Cette stratégie nuirait au développement des stratégies de régulation des émotions par l'enfant.

La conclusion de la recherche citée dans le Journal de Québec ne me surprend donc pas.

Je parlerai aux journalistes à la radio la semaine prochaine. J'imagine qu'ils voudront savoir ce que je conseille.

  • Pas d'écran avant 2 ans. Les poupons ont surtout besoin d'interactions réelles avec le monde physique (des jouets, des objets, des animaux, etc.) et avec des personnes.
  • On devrait limiter le temps d'écran à 30 minutes par jour pour les 2-3 ans et à une heure par jour pour les 4-5 ans.
  • Pas d'écran dans l'heure précédant le dodo ou la sieste. Cela nuit au repos et à la qualité du sommeil.
  • Pas d'écran dans la chambre, surtout la nuit. C'est trop facile de prendre des mauvaises habitudes et trop difficile pour les parents de contrôler.
  • Pas d'utilisation des écrans dans le noir. Cela semble avoir des impacts négatifs sur les yeux.
  • Toutes les applications, les jeux et les émissions de télé ne sont ensuite pas équivalents. Il faut privilégier ceux et celles à haut potentiel pédagogique, ceux et celles qui sollicitent la curiosité et qui amènent l'enfant à développer de nouvelles connaissances (et en grande quantité! Pas juste une fois de temps en temps!).
  • Le temps d'écrans devrait ensuite toujours être accompagné par un adulte. Ça ne veut pas dire d'être dans la même pièce. Ça ne suffit pas, il faut accompagner le jeune, jouer avec lui, écouter l'émission avec lui et interagir avec lui, pister ses réflexions, le questionner, répondre à ses questions. Le rôle des parents est très important comme je le disais dans mon billet de 2016 (en m'appuyant sur les recommandations de l'APA). D'ailleurs, je crois que les auteurs de l'article cité par le Journal de Québec reprennent ce discours et concluent que toute intervention visant à diminuer ou contrôler le temps d'écran des plus jeunes doit commencer par une intervention sur le temps d'écran des parents (l'exemple qu'ils donnent!)(source).

Ajout du 2019-01-18: J'ai croisé ce texte ce matin sur le même sujet: Forget Screen Time Rules — Lean In To Parenting Your Wired Child, Author Says

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Auteur: pgiroux

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