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__Enseignant version 2.0__

Depuis une dizaine d’années, le Web 2.0 connait un essor fulgurant. Cet essor a un impact considérable sur plusieurs sphères de notre société. Le « World Wide Web » met à la disposition de tout un chacun une panoplie d’outils et de ressources. Le Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport a bien saisi l’importance de cette nouvelle réalité en la valorisant par l’intégration des technologies d’information et de la communication (TIC) dans son programme de formation. Évidemment, l’enseignement n’échappe pas à cet avènement que représente le Web 2.0. Il serait donc pertinent de se questionner sur la relation amour/haine qui existe entre les enseignants et la nouvelle réalité numérique.

Les enseignants sont-ils prêts et formés à faire face aux nouvelles exigences du Web 2.0? Dans le texte qui suit, je pousserai donc ma réflexion en traitant deux faits importants. Tout d’abord, je parlerai de la nouvelle position des enseignants vis-à-vis l’univers du « Web ». Par la suite, j'élaborerai sur mes interrogations par rapport à la formation des futurs enseignants de l’Université du Québec à Chicoutimi.

Mario Asselin fait une comparaison très intéressante entre l’avènement d’Internet et ses répercussions, et l’invention de l’imprimerie par Gutenberg. En effet, selon lui, jamais, depuis l’invention de l’imprimerie, un outil de cette ampleur permettant le transfert des savoirs n’avait émergé. Où se situent les enseignants devant la réalité de ce super outil, de cette extraordinaire plate-forme universelle? Le Web 2.0 a changé le visage de l’éducation. Les enseignants ne sont plus rois et maîtres dans le partage des apprentissages et des connaissances. Ils se dressent désormais plutôt comme des guides, des accompagnateurs dans l’acquisition de savoirs. Des guides qui doivent, à travers une mer quasi infinie d’informations, mener leurs étudiants à travers leur scolarité.

Toujours selon monsieur Asselin, le rapport des enseignants avec le savoir a considérablement évolué. Les élèves, bien qu’ils aient toujours confiance en leurs enseignants, savent qu’ils seront en mesure de trouver une tonne de connaissances et d’outils sur le web. Cet avènement du WWW fait en sorte que les étudiants sont plus aptes à remettre en question ce qu’on leur enseigne. Les enseignants doivent prendre conscience de ce nouveau rapport au savoir qu’ils ont avec leurs élèves. En réponse à cette réalité, enseignants et futurs enseignants doivent indubitablement adopter une pratique imprégnée par les TIC, et ce, de manière efficace et actuelle. L’enseignement se doit d’intégrer le Web 2.0, car ce dernier offre des outils facilitants et extraordinaires permettant de rejoindre cette fameuse génération c; les élèves, nos élèves. Enseigner dans leur réalité en mettant de côté les inquiétudes et aller au-delà de la norme, voilà comment se montrer créatif et innovateur dans la façon d’enseigner. Le 2.0 nous offre la possibilité et les outils pour révolutionner le partage du savoir. Donc, les enseignants se dressent comme des guides, comme des catalyseurs des savoirs et comme leviers au laborieux développement des connaissances.

Cependant, comme le souligne Françoise Poyet : « … il y a des croyants et des athées, il y a des partisans des TICE et des adversaires des TICE » et cette réalité est selon moi dérangeante. Je crois que minimiser l’impact numérique ou encore refuser cette nouvelle réalité, c’est faire preuve d’une insouciance dangereuse. C’est porter un regard moralisateur sur les futures générations. Et finalement, c’est laisser la peur de l’inconnu et les fausses idées reçues prendre le dessus sur soi.

Comme je l’ai mentionné précédemment, il est primordial d’intégrer le Web 2.0 à l’éducation. Cependant, cette optique numérique se voit selon moi castrée pas des lacunes évidentes, mais réversibles. La lacune qui m’interpelle le plus est celle de la place et de la condition des technologies de l’information et de la communication dans les différents baccalauréats en enseignement de l’Université du Québec à Chicoutimi. En près de 3 ans de formation, c’est la première fois que j’entends parler du Web 2.0, de blogues ou encore d’identité numérique et pourtant, le programme de formation du MELS accorde une importance aux TIC et à leur insertion à l’enseignement. En effet, autant au primaire qu’au secondaire, l’exploitation des TIC représente une des neuf compétences transversales à développer.

Dans cette optique, comment ce fait-il que la réalité soit toute autre pour les futurs enseignants au cours de leur formation? À l’université du Québec à Chicoutimi on retrouve différentes réalités:

Le Web 2.0, la grand absent
On remarque dans une proportion considérable, un discours angoissé quant à l’utilisation de ce monstre qu’est Wikipédia. Il y a également, un nombre significatif de professeurs universitaires en difficulté quasi majeure devant un canon ou encore devant un ordinateur qui n’est pas le leur. Pire encore, il y a les professeurs vivant un handicap quotidien face à leur messagerie électronique.

Ne pas savoir de quoi on parle
On constate également cette minorité enseignante, remplie de bonne volonté, qui nous demande l’intégration des TICS dans l'élaboration de nos diverses situations d’apprentissage. Il y a un hic et il est gros. Nos professeurs ne savent pas ce que sont les TIC ou encore ils sont excessivement limités dans leurs connaissances face à leur intégration (on a vite faire le tour avec Power Point).

45 heures
Finalement il y ce cours « enfant unique » mais malheureusement pas roi, qui passe en coup de vent et qui nous fait prendre conscience des TIC dans toute leur splendeur. Une mini averse dans notre cursus scolaire qui nous laisse plus angoissé que jamais!

N’y a-t-il pas là un message contradictoire face aux exigences su MELS? Alors comment peut-on réclamer aux enseignants de se montrer ouverts et intégrateurs des TIC. Comment peut-on leur demander autant, quand on leur offre si peu? Maintenant, il reste à établir un plan d’actions conséquentes face aux discours afin de rendre séduisante l’intégration des TIC. Comme le mentionne, Françoise Proyet les décisions des enseignants face aux TIC, sont « guidées par des considérations pratiques fondées sur des valeurs et des croyances ». La formation universitaire des futurs enseignants ne représente t-elle pas la plate-forme idéale pour l’instauration d’un climat de confiance face aux TIC. Pour y arriver, deux pistes pourraient être envisagées :

1) L’élaboration une formation cohérente aux objectifs du MELS face aux TIC?

2) Encourager une approche favorable aux TIC du corps professoral de l’UQAC.

Dans un même ordre d’idées, selon un rapport réalisé pour le MELS, l’approche rigide des enseignants face à la technologie numérique ralentirait l’essor d’une nouvelle pratique plus actuelle et à l’image de la clientèle étudiante. Une enquête suisse, portant sur l’intégration des TIC par les enseignants, souligne quant à elle, la présence de signes anxieux chez les enseignants devant l’utilisation des TIC. Elle met également en relief l’importance du sentiment, pour les enseignants, de posséder les compétences nécessaires à l’utilisation et la mise en place des technologies de l’information et de la communication. À partir des constatations faites par ces deux rapports, on peut aisément imaginer que la sensibilisation et la conceptualisation tôt dans la formation aux TIC des enseignants, favoriserait une approche beaucoup plus positive de ces derniers.

Donc :

. Un seul cours portant sur les TIC

. 4 ans de formation

. Une compétence transversale

. Un discours et des gestes contradictoires.

. Un tas d’interrogations et d’incompréhensions.

Dans mon cas, je sais les TIC feront parties de mon enseignement. Je les vois comme un super outil et une plus-value dans ma future profession. Cependant au moment où j’écris ces lignes, l’intégration des TIC par tous les enseignants (tous niveaux et matières confondus) me paraît être une sacrée belle utopie. Mais bon, j’y adhère moi à cette utopie et un jour je serrai peut-être agréablement surprise!

Par Mejda Meddeb

etu27

Auteur: etu27

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Commentaires (4)

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  15 juin 2010, 1:23:56 PM

Ce serait bien d'ajouter un "court extrait" (résumé, "teaser") et de placer le reste de ton texte dans la zone réservée aux contenus.

Actuellement, ton billet occupe une grosse proportion de la page d'accueil.

Justine B Justine B ·  16 juin 2010, 9:58:54 AM

Tout à fait d'accord. J'imagine que cela sera corrigé un jour. En plus du cours initiation aux technologies éducatives, chaque spécialisation du baccalauréat en enseignement devrait avoir son cours sur l'utilisation des TIC dans son domaine spécifique. Un pour les arts, un pour les math, un pour le français, etc. Car les utilisations diffères trop selon moi. Vu l'importance du phénomène, les universités devraient miser là dessus. À mon avis, au Québec, on a tendance à commencer nos changements au mauvais endroit. On veut plus de TIC au primaire et au secondaire, mais on n'en demande pas aux élèves dans les cours universitaires (à part le foutu power-point)... Pour enseigner comment utiliser quelque chose, il faut commencer par l'utiliser soi-même... Mais bon, au moins on commence...

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  16 juin 2010, 11:43:09 AM

C'est tellement vrai! D'ailleurs, une des raisons pour lesquelles les jeunes enseignants utilisent peu les TIC lors de leurs premières années est le manque d'exemple qu'ils ont vu.

De mon point de vue, j'offre des petites formations à mes collègues, nous avons maintenant un serveur et quelques profs ont un site web... Bref, j'essaie d'agir auprès de mes collègues.

Et les étudiants? Que pouvez faire? JE crois que vous pourriez déjà exprimer le besoin d'ajouter des TIC dans les différents cours lors de la lecture des plans de cours. Ce serait déjà un bon point.

Avez-vous d'autres idées?

Maude Bouchard Maude Bouchard ·  17 juin 2010, 7:30:54 PM

Je suis tout à fait d'accord, on à qu'un seul cours dans tout notre cheminement qui nous parle des TIC. Ce que je trouve encore plus dommage c'est que même si nous voudrions leur demander de les ajoutes à leur cours, la plupart en seront incapable. C'est triste à dire, mais beaucoup des professeurs que j'ai eu avait de la difficulté à simplement ouvrir l'ordinateur ou faire marcher le projecteur.

Bref, je crois que pour ce qui est des TIC, c'est à nous de faire notre petit bout de chemin. Heureusement, le cours que nous avons présentement nous donne une bonne vue d'ensemble sur la matière.

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